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Je claque la porte de ma chambre furieusement, provoquant un bruit sec qui résonne lourdement dans l'appart. 

Putain, ces mecs me tapent sur le système des fois ! 

Je prends un ballon de basket qui traîne au sol et le balance furieusement sur un mur. Il rebondit et vient s'abattre sur ma table de nuit, faisant tomber ma lampe de chevet et un cadre représentant le lendemain de la fête d'anniversaire de mes dix-neuf ans. Il y avait Elsa dans mes bras, et autour de moi, certains de mes plus proches amis qui avaient passé la nuit chez moi : Zach et Jonah qui rigolaient d'un rire franc, Henry et Kyung qui se fixaient d'un magnifique regard amoureux et Gaël, qui lui par contre avait une sale gueule de bois et mal à la tête.

J'entends la poignée de ma chambre grincer sans jamais ouvrir la porte.

–    Valentin ouvre !

–    Non Enzo ! J'ai besoin d'être seul !

–    Mais tu n'iras pas mieux en t'enfermant comme ça ! continuer de crier mon ami.

–    Je n'irais pas mieux non plus en parlant à l'autre connard qui se mêle de mes affaires !

J'entends le jeune homme soupirer d'exaspération. Un peu dans le même style que le psychologue que l'on venait d'aller voir, à la base pour lui. Je n'aurais pas dû accepter de l'accompagner, parce que je déteste ces personnes. 

Et quant à la fin de la séance, le spécialiste a quand même relâché Enzo, sans que je ne sache ce qui s'est dit pendant l'heure où je suis resté dans la salle d'attente à feuilleter d'étranges magazines datant de 1992, l'homme s'est retourné vers moi et m'a fixé de longues secondes. De très longues secondes même. 

Avant qu'il me sorte LA phrase, et que je me sois contenu de tout mon être de ne faire la peau à ce docteur : « Jeune homme, vous aussi vous êtes innocent. Si jamais vous voulez parler, on pourra prendre rendez-vous. Vivre avec de telles angoisses n'est pas bon quand on est seul ».

Mon regard a d'abord fusillé Enzo, puis je me suis dit que ce n'était pas sa faute si nos destins avaient été liés par le passé. Et qu'indéniablement, s'il voulait allait mieux, il avait dû expliquer à ce psychologue le cadre dans lequel il évoluait, donc ma place là-dedans en tant que gars complètement détesté par la vie. 

Je suis parti d'un coup, mon ami à mes talons, sous les cris consternés de la secrétaire parce que l'on avait oublié de payer. Merci, mais mettre 60 euros pour avoir une leçon de morale inutile sur ma vie, je m'en passerais royalement.


Enzo a arrêté de frapper sur ma porte et a rejoint le salon dès que les autres gars sont arrivés. Je devine qu'il leur a parlé de la situation, mais aucun n'est venu me déranger. Même pour dîner, ils ont compris que je n'avais pas forcément faim. 

Je suis resté emmitouflé dans mes couvertures, rageant contre le monde alentours et une cigarette aux lèvres. Pourtant, il faudrait une dose monstre de nicotine pour enfin me calmer. Je n'ai jamais eu les nerfs autant à vifs. Même le cachet d'ecstasy d'Enzo ne semble rien me faire.

Mon réveil fait défiler le temps, et bientôt il est plus de onze heures. Le silence plane dans l'appartement. Je tousse une fois de plus en écrasant un mégot dans mon cendrier.


La fumée reste dans ma chambre, obstruant par endroits ma vision. Et la première pensée qui me vient, c'est qu'il me faudrait Jonah, maintenant. Pour me tendre la main, cacher mes vieilles cicatrices ou m'embrasser, peu importe. Il me faudrait juste lui. 

La théorie des montagnes russes - Tome 2.Where stories live. Discover now