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Je tousse bruyamment. Je dois être en train d'incendier mes bronches, et elles me le font sentir. Cela ne m'étonnerait même pas si je développais un quelconque cancer suite à ma consommation excessive de cigarettes. Au moins, je bois moins.

Je jette la cigarette par terre, même si je ne l'ai pas terminée. C'est ma troisième en quelques minutes, et jamais le tabac ne m'a autant oppressé les poumons.

Je me félicite sarcastiquement de foutre ainsi ma vie en l'air, parce que justement, ceux qui m'étaient les plus chers sont hauts dans les airs.


Wei, le frère de May de deux ans son aîné sort enfin du gymnase, en rigolant avec l'entraîneur de l'équipe de basket. Ce pauvre fou ( qui a dû être poussé par un de mes colocs c'est sûr ) a réussi à me convaincre de reprendre ce sport.

Wei est sympa, malgré son prénom un peu bizarre. Au moins, il est rapide à dire, et à mémoriser. Sinon, je ne le connaissais pas mais on a vite sympathisé vu qu'on avait en passion commune le basket. Mais j'ai l'impression que l'avoir écouté pour intégrer une équipe n'était vraiment pas une bonne idée. J'ai vite tendance à utiliser le sport comme moyen pour me détruire personnellement, et je n'ai pas trop envie de me briser encore plus.

L'entraîneur me fixe durement, et je devine qu'il sent l'odeur du tabac. Ce mec déteste ça, il prône sans arrêt un mode de vie sain pour un corps sain, et bla-bla-bla.

Essaye de voir toutes les personnes auxquelles tu tiens partir, tu verras si tu ne préfères pas t'intoxiquer les bronches plutôt que bouffer une aubergine, qui n'aidera sans doute pas à aller mieux.

–    Tu te niques la santé, mon gars, commence le coach. C'est dommage, t'imagines crever à cause de cette merde ? Je suis sûr qu'en plus tu pourrais aller loin, t'as le basket dans le sang !

–    J'ai raté les qualifications des futurs talents à dix ans et j'ai couché un temps avec la fille de mon ancien coach pour avoir au moins une place en équipe régionale, je ne pense pas être un modèle, ni même avoir le basket dans le sang, vociféré-je en décidant de clore la discussion.

Non pas que je déteste le coach, mais je ne supporte pas ses leçons de morales sur la vie. Il aime nous sortir une petite citation par ci par là, et commenter nos moindres dérapages, sauf que je sais pertinemment que je ne suis pas parfait. Que je lutte difficilement chaque jour pour ne pas devenir de pire en pire.

–    Une chance que je n'ai qu'un fils alors, rajoute en ricanant le coach.

Je lève les sourcils au ciel. Vraiment pas le moment de faire de l'humour. Je fais un rapide signe de tête à Wei, j'ai envie de partir là. Et cet idiot semble ne pas le remarquer.

–    En tout cas, si tu avais raté les qualifications, c'est déjà que tu avais été repéré. Tu as du potentiel, continue le coach. J'ai quelques contacts, je peux...

–    J'ai pas envie de faire du sport de haut niveau, comme vous le dites je me nique assez la santé comme ça. Et le sport aurait tendance à aggraver mon cas. De toute façon, je me concentre sur mes études, et il n'y a rien à ajouter. Je me casse.

Je l'aime bien ce coach quand même, mais disons que depuis les trois semaines que j'ai commencé le basket, il surveille chacun de mes pas, chacune de mes passes ou paniers en plein match, parce qu'il s'est mis dans la tête que j'avais le potentiel pour intégrer une grande équipe, et faire je-ne-sais quelle compétition. En bref, il veut faire de moi un sportif de haut niveau. Alors que je sais pertinemment que je n'en ai pas les capacités, ajouté au fait que je suis en train de me bousiller la santé, et qu'il faudrait déjà que je tente de trouver un équilibre dans ma vie.

La théorie des montagnes russes - Tome 2.Where stories live. Discover now