18.

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Deux jours plus tard, je décidais d'aller voir Jonah. J'avais passé la veille avec mes parents, ils avaient voulu qu'on aille à un marché de Noël et on avait tous dîné au restaurant, pour nos retrouvailles. J'aime cette attention qui m'arrive enfin, à dix-neuf ans. Le matin, mon père va même courir avec moi, et au moins, il me permet de me surpasser. Je suis pas militaire moi.

Quand j'arrive à la maison à l'arrière du grand garage en parpaings du père de Jonah, la porte s'ouvre instantanément, et Sandra éclate de rire, me laissant apercevoir toutes ses dents. Elle a vraiment les mêmes traits que son frère. Je la soulève et lui colle un bisou sur sa petite joue.

–    Jonah m'avait dit que tu viendrais ! Dis, tu veux que je te dise ce que j'ai demandé pour Noël ?

Je hoche la tête et l'enfant approche ses lèvres de mon oreille, pour me murmurer son secret.

–    L'hôpital des playmobils, de la peinture, une jupe rouge et un jeu pour faire ses propres cupcakes !

–    Wouah, ça a l'air super, je m'exclame d'une voix enthousiaste.

Je pose l'enfant par terre. La maison semble déserte, Mme. De Neiva doit travailler, et j'ai aperçu le père de Sandra au garage en train de discuter avec un client. La petite fille court contre la table et continue son dessin, qui représente un arbre de Noël avec des animaux autour.


Je retrouve Jonah dans sa chambre, en train de relire ses cours à l'ordi. Habillé d'un de ses multiples jeans déchirés et d'un simple t-shirt, ainsi que ses mustangs il ressemble à tout sauf peut-être un étudiant de médecine qui bosse. Je ferme l'écran de l'ordi et m'assois à côté de lui sur son lit.

–    Si je suis venu, c'est pas pour que tu bosses.

–    Excuse-moi Val.

Il me sourit. Le truc avec les sourires de Jonah, c'est qu'ils sont rares. Ce qui est rare est cher. C'est cher à mes yeux. Quand il sourit, c'est toujours sincère.

–    T'as fait que bosser la semaine dernière, on te voyait à peine, lui reproché-je.

Il souffle et passe sa main dans ses cheveux.

–    Je suis désolé Val, je te l'ai dit. Les études c'est important.

–    Tu mens. Tu étais comme ça dès le lendemain de la fête de Gaël.

–    Je bossais, mes partiels arrivaient, répond-il d'un ton sec.

Je l'ai énervé. Mon visage s'est fermé de nouveau, et il serre les dents. Cela ne m'étonne pas, impulsif comme il est. Mais il y a une explication que je désire plus que tout.

–    Peut-être, mais c'est surtout depuis que je t'ai embrassé, avoué-je.

–    C'est faux ! réplique directement Jonah. Ce n'était rien du tout ça. J'ai embrassé plein de filles sans rien ressentir, alors je m'en fous !

–    Non tu t'en fous pas ! Sinon tu serais venu me voir la semaine, aurais au moins mangé quelques repas avec nous et aurais répondu dès que je tentais de te parler !

Peut-être que je gâche mes vacances à venir m'engueuler avec mon meilleur ami. Mais il y a des choses que l'on doit tirer au clair. Car sans notre amitié quotidienne, chaque jour semble plus long à supporter. Et Jonah est le pilier qui arrive le plus à maintenir à la surface de la vie pour ne pas sombrer.

Il se lève d'un coup, avant de se rassoir sur sa chaise de bureau, ses yeux me défient.

–    Dis-moi, Jonah ! Tu sais tout de moi, tu sais à quel point je suis bas ! C'est une chose. Je sais que je te pourris la vie parce que tu dois supporter mes sautes d'humeur, me ramener au lit quand je suis bourré, nettoyer mon vomis sur tes baskets et trouver des solutions à ma violence impulsive. Et toi dans tout ça ? Je te connais, ça fait une semaine que tu es pas bien. Dis-moi, je t'aiderai.

La théorie des montagnes russes - Tome 2.Hikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin