Chapitre 20

4.4K 239 302
                                    

  Kowzolsky se tenait fièrement devant moi, les bras croisés sur son ventre gras. Il s'habillait toujours de son costume de soirée qui le moulait un peu trop à mon goût. Cela rendrait terriblement sexy sur Harry mais sur lui, on obtenait l'effet contraire. Mince pourquoi ne voulait-il juste pas sortir de mon esprit ? Ils étaient tous les deux des ordures à égal, enfin de ce que je connaissais de l'homme au nom polonais, il ne devait pas traîner dans des affaires très nettes lui aussi.

-Bienvenue skarbie* ! (*à prononcer avec un roulement de r : skarbiè)

Je fronçai les sourcils au mot étrange qu'il venait de prononcer.

-Ça veut dire « trésor » en polonais, m'éclaira Harvey en remarquant mon incompréhension.

Je grimaçai à la simple idée qu'il ne me donnât un surnom, même un que je ne comprenais pas. Il me répugnait tellement avec l'huile grasse sur ses cheveux qu'il ne cessait de retoucher. Malheureusement, il s'approcha de moi et alors que je tentai de reculer, Harvey me tint le bras pour me garder immobile. Mon esprit l'assassinait au moins une bonne dizaine de fois. Kowzolsky rit de ma peur et prit ma main afin d'y déposer un ignoble baiser sur le dessus. Mon dégoût se voyait à des kilomètres avec la mine que j'adoptais mais personne n'en fit attention.

-Je m'appelle Eryk Kowzolsky et toi skarbie, tu m'appartiens désormais.

Je serrai les dents dans la colère, quel était leur problème à tous me considérer comme un pauvre objet ? Ce monde ne respectait pas les femmes, il les traitait avec une condescendance que je ne supportais pas. De plus, entendre ces mots sortir de la bouche d'un homme si dégoûtant ne renforçait que ma haine, je ne réagissais pas comme ça lorsque Harry me le disait. Peut-être puisqu'une partie de moi aimait l'idée ? Non, personne ne me possédait à part moi seule.

-Comptes-tu un jour desceller ces jolies lèvres ?

Je ne répondis rien et gardai mes iris bloquées sur mes chaussures. Le regarder me donnait de nouvelles nausées, le chloroforme n'en était pas la cause cette fois.

-Enlève-moi sa veste, je veux la voir moins couverte, il ordonna à Harvey qui s'empressa d'obéir.

La chaleur de mon blouson disparut et je me sentis étrangement nue sans. Ses yeux m'étudièrent longuement, mes bandages ainsi que le H sur ma clavicule étaient désormais visibles. Il s'attarda sur ce dernier et grogna :

-Hum, Styles l'a déjà bien marquée.

Son index frôla ma blessure et je me crispai afin de ravaler ma plainte.

-Qu'as-tu sur les bras skarbie ? continua-t-il en les prenant dans ses mains rugueuses et sales.

Encore une fois, je restai interdite. L'ignorance était bien pire qu'une insulte lancée, disait-on.

Mes membres tremblaient, j'étais effrayée et je sentais aussi que parler montrerait davantage ma vulnérabilité. Je fus soulagée lorsque Harvey répondit à ma place :

-J'ai entendu dire qu'elle avait essayé de se suicider.

Les rumeurs allaient donc vite dans le gang. Eryk s'esclaffa et s'éloigna vers l'un des canapés.

-Si fragile, murmura-t-il, ramène-la à sa chambre, je la veux en forme pour demain.

Harvey hocha la tête et m'agrippa par l'épaule afin de me diriger vers la pièce où je m'étais réveillée. Des larmes menaçaient de cheminer le long de mes joues et trop exténuée je les laissai filer. J'en avais clairement assez de toutes ces histoires de gang, de propriété, de violence. La mort aurait été une solution.

Novocaine H.SOù les histoires vivent. Découvrez maintenant