Chapitre 10

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  Après au moins une heure à tourner en rond dans la chambre, je finis par me décider à rejoindre le rez-de-chaussée. Comme je le craignais, Harvey était toujours là, assis sur le canapé à déguster une barre chocolatée. Cela réveilla vite mon ventre qui se mit à gronder pour obtenir de la nourriture. Le garçon dût l'entendre puisqu'il commença à rire. Je roulai des yeux gênée tandis qu'il se leva et marcha en ma direction. Par instinct je reculai mais sa main me bloqua bien vite en m'attrapant par la taille. Cette position augmenta mon malaise, je ne le regardais plus en face. Il se pencha afin d'atteindre mon oreille où il y murmura d'un ton presque sensuel, ma gêne continua de s'accroître :

-Il y a un reste de pâtes dans la cuisine ma belle, ses lèvres frôlèrent mon lobe, sers-toi.

Puis à mon grand soulagement, il s'éloigna et regagna sa place initiale. Ne pouvait-il pas m'informer de cela à une distance plus raisonnable ?

Je ne me questionnai pas plus puisque mon estomac grogna une nouvelle fois. Je partis donc dans la cuisine et découvris avec bonheur un grand bol de carbonara qui n'attendait plus que d'être mangé. Et je ne me privai pas. Je dévorai pratiquement tout le plat en une dizaine de minutes et une fois terminé je le plaçai dans le lave-vaisselle. Pour une bande d'hommes machos, ils tenaient plutôt bien leur maison, ou alors ils engageaient une femme de ménage.

Après avoir vérifié que Harvey était toujours occupé avec la télévision, je me précipitai vers la baie vitrée et tentai de l'ouvrir. Mais elle était fermée. J'essayai avec toutes les issues qui se présentaient à moi mais aucune d'elles ne me laissa passer. Je devais m'échapper ou je risquais de devenir folle dans cet endroit malsain. Je ne détenais pas de plan précis puisque la première occasion qui s'offrirait je la prendrais sans hésitation.

Puis ce fut comme une illumination : au fond du garde-manger se trouvait une fenêtre légèrement entrouverte qui permettait à l'air frais de s'inviter dans la pièce dans un léger tourbillon. Le seul problème était qu'elle se situait en hauteur et du haut de mes pauvres 1m57 je ne l'atteignais pas. Je m'emparai donc d'une chaise, grimaçant lorsque celle-ci grinça et attira l'attention de Harvey :

-Tout va bien ?

-O-Oui oui, je me suis j-juste cognée à une chaise, expliquai-je le plus innocemment possible.

-Fais attention.

J'hochai la tête, même si d'ici il ne pouvait me voir, et déposai l'objet devant mon seul espoir pour m'échapper. Je grimpai dessus et d'une souplesse que je ne me connaissais pas parvins à passer mes jambes une par une à l'extérieur. L'adrénaline causait sans aucun doute ce courage soudain qui me permit de sauter le mètre qui me séparait du sol. J'atterris sans trop de difficulté et zieutai les alentours. Un immense jardin s'étendait à perte de vue. Le gazon était tondu, les arbres taillés et je distinguais même une fontaine au centre qui malheureusement ne fonctionnait plus. Désormais j'étais sûre que des personnes autre que le gang s'occupaient de cet endroit.

Ce fut donc sans réfléchir que je débutai ma course à une vitesse si impressionnante que je m'étonnai moi-même. Je ne m'arrêtai à aucun moment, ne jetai aucun coup d'œil derrière puisque mon regard restait figé sur la possible sortie qui se trouvait au fond. Mes jambes souffraient, ma hanche me tirait, mon souffle se perdait, mais je voulais trop m'évader d'ici pour me reposer ne serait-ce qu'une seule minute.

Soudain, des coups de feu retentirent dans le ciel et je pris cela comme signal pour forcer sur mes capacités et aller encore plus vite.

-Reviens ici tout de suite ! la voix de Harvey hurlait alors qu'il me poursuivit, gagnant du terrain grâce à ses longues jambes.

Novocaine H.SOù les histoires vivent. Découvrez maintenant