Chapitre 16

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  Le sang coulait le long de mes bras et atterrissait en de reposants clapotis sur le carrelage de la salle de bain. Je ne m'étais pas ratée, les entailles longeaient mon bras dans son sens afin réellement succomber à ma blessure. Le rasoir emprunté à un des garçons se situait juste à mes côtés, on distinguait les petits lambeaux de ma peau à travers les lames. Mon dos, lui, reposait sur la baignoire et j'espérais secrètement que personne ne viendrait me voir avant que je ne quittasse ce monde définitivement. Je connaissais ma faiblesse mais jamais je n'aurais cru en arriver là. Cela prouvait que je l'étais déjà physiquement mais aussi mentalement.

Je ne faisais pas cela en raison d'Eleanor mais à cause de toute cette accumulation d'évènements que je ne parvenais plus à supporter. Je ne souhaitais pas rester prisonnière de ce gang, et surtout de lui, pour encore longtemps. Alors le seul moyen de m'échapper, comme une sorte de tragédie théâtrale, s'avouait être la mort.

Mes paupières commencèrent à peser, j'eus une dernière pensée pour ma famille, pour ma mère, mon père inconnu, ma meilleure amie, ma vie d'avant. Je souris à la simple idée d'enfin partir d'ici quand soudain la porte que je pensais fermée à clef s'ouvrit dans un bruit sourd. J'entendis quelqu'un jurer et une main tâter mon cou afin d'y vérifier mon pouls. Je voyais flou de par mes larmes mais aussi par mon âme qui quittait petit à petit mon enveloppe. La personne se releva après avoir enroulé mes poignets dans des serviettes et je pouffai dans l'idiotie du moment, tu ne me sauveras pas. Ma tête bascula en arrière, tout comme mes globes oculaires qui semblaient se recroqueviller à l'intérieur de mon crâne. Cette sensation d'apaisement, de liberté, je la ressentais enfin après des semaines d'emprisonnement. Des perles roulèrent sur mes joues et je ne savais s'il s'agissait de la joie ou de la tristesse de dire adieu à ce monde.

De nouveaux bruits de pas vinrent m'interrompre dans mon suicide, ils semblaient plusieurs et lorsque je reconnus sa voix, tout mon être vibra :

-Bordel de merde, Liam qu'est-ce-qui s'est passé ?

Il accourut jusqu'à moi et tenta de me réveiller par de petits coups machinaux sur ma mâchoire. Le métal de ses bagues me donna la chair de poule, ou peut-être était-ce juste le contact de ses doigts sur ma peau ?

-Elle est montée très vite, je pensais qu'elle était fâchée alors je l'ai laissée puis je me suis décidé à aller vérifier et, il prit une pause, et voilà.

Seul mon ouïe fonctionnait encore assez bien mais mon don de parole et de vision se rétractaient à mon moindre essai.

-Au pire on la laisse crever ça changera quoi ?

-Zayn ferme ta putain de gueule ! Harry hurla et un petit gémissement s'échappa d'entre mes lèvres, il criait trop fort...

Je crus comprendre que ce son ne lui échappa pas puisque ses mains caressèrent de nouveau mon visage et même si je ne voulais pas me concentrer sur cette sensation afin de me laisser mourir en paix, je ne pus m'en empêcher. C'était bien trop exquis, divinement exquis. Comment arrivait-il à me rendre si avide de son toucher ?

-Amenez-moi des compresses et bougez-vous ! ordonna mon bouclé qui semblait étrangement inquiet.

Avais-je réellement pensé « mon bouclé » ?

Harry embrassa mon front tendrement et un court instant je souhaitai que ses lèvres se mêlassent aux miennes. Je disais n'importe quoi et le manque d'irrigation de mon cerveau devait être en cause. Pourtant lorsque je le sentis cesser ses tendresses, je geignis une nouvelle fois. Il le remarqua puisqu'un léger rire l'échappa et je trouvai ce son purement magnifique.

-Tu es si gourmande mon amour, ricana-t-il doucement avant de me porter dans un geste lent pour me déposer sur ses jambes.

Mon visage trouva refuge contre sa poitrine qui montait et descendait au rythme de sa respiration. Son parfum titilla mes narines et je frémis sans le vouloir. Des picotements attaquaient l'épiderme qu'il frôlait tandis qu'une sensation de sécurité m'envahit lorsque ses bras forts vinrent m'enlacer pour me tenir contre son torse ferme. Oui, je me sentais bien avec l'homme le plus meurtrier et dangereux qu'il pusse exister. Pourtant j'adorais cette idée et je ne comprenais pas ce qu'il me prenait d'un coup à louer mon tyran. Encore une fois, je mettais ça sur le dos de la semi-inconscience.

Quelques minutes plus tard, les garçons revinrent et Harry s'empressa d'enrouler les compresses autour de mes poignets sanglants. Je pris soudain conscience et remuai avec le peu de force qu'il me restait, je ne voulais pas être sauvée.

-Non ! grinçai-je pour me défendre mais je faiblis vite et me laissai retomber sur l'épaule du diable.

Celui-ci me berçait tout en achevant son travail, les bandages me serrait un peu afin de stopper la petite hémorragie que j'avais provoquée.

Mes muscles m'abandonnaient et l'impression que mon corps pesait des tonnes me possédait, surtout quand mon bel ennemi me souleva dans le but de me faire sortir de cette pièce devenue trop étroite à mon goût, surtout avec toute cette attention braquée sur moi. Il se dirigea d'un pas vif vers sa chambre-je n'arrivais toujours pas à la considérer comme « notre » chambre-, ses doigts ne quittaient plus mon crâne où ils poursuivaient leur agréable massage.

Il me déposa donc sur le lit, mes membres tremblaient et les poils de ma nuque s'hérissèrent, j'avais très froid. À ma grande surprise il l'annota et me couvrit de la couverture. Je soupirai de soulagement lorsque la chaleur émergea le long de mes flancs avant de ne tomber dans les bras de Morphée.

°°°

Un jeune homme buvait dans un bars peu fréquenté et assez ancien, dont le propriétaire détenait au moins le triple de son âge. Il se délectait d'alcools en tout genre, ils devenaient peu à peu une nécessité.

Bien trop épris par l'influence de la boisson, il ne remarqua pas de suite le grand basané qui s'installa à ses côtés. Il le dévisagea une seconde et fronça les sourcils confus. Il ne savait s'il hallucinait ou s'il se situait bien assis sur le tabouret près de lui. Ce dernier sourit d'un air malicieux alors qu'il s'empara du verre du brun afin de le finir d'une traitre. Il le laissa agir, trop curieux d'apprendre la raison de sa présence dans ce taudis.

-Je sais pourquoi tu es si en colère, débuta l'arrivant ce qui l'intrigua davantage.

-Et donc ?

Il se replaça sur sa chaise, ses jambes pivotèrent en sa direction afin qu'il y eût moins de distance entre les deux.

-Je te propose donc un marché.

Le garçon quelque peu ivre explosa de rire devant son sérieux, jamais il ne passerait un marché avec cette ordure, bien que lui aussi en était une. Cependant, il lui laissa une chance de s'expliquer :

-Essaye toujours.

-J'ai eu beaucoup de retours de Marco, le boss du Triangle-

-Je vois qui c'est, abrège, il le coupa lassé de le voir tourner autour du pot.

L'homme haussa un sourcil devant sa précipitation et poursuivit :

-La petite protégée de Styles rapporterait le pactole apparemment.

Une nouvelle fois, le brun se moqua et croisa ses bras sur sa poitrine, il n'en croyait pas un mot.

-Elle ne peut pas plus rapporter qu'une lesbienne, cette fille est putain de coincée.

-Détrompe-toi, le fait qu'elle appartienne à Harry Styles excite beaucoup d'hommes. C'est une sorte de manière de se sentir aussi puissant que lui ; ils seraient même fiers de la posséder à leur tour.

-Ce sont des genres de fanatiques ?

Il haussa les épaules et se releva afin de lui tendre la main :

-Tu sais ce que j'attends de toi, alors marché conclu ?

Les esprits du jeune homme s'embrumèrent de mille et une questions. Il ne devrait pas faire affaire avec lui, ils ne s'aimaient évidemment pas et n'avaient aucune confiance l'un envers l'autre.

-Non, je refuse, finit-il par dire avant de quitter précipitamment les lieux.

Cette réponse restait cependant incertaine.


#Je vous ai promis le chapitre 16 ce soir alors le voici ! Désolée de le poster aussi tard mais entre le boulot et la saleté de migraine que j'ai ce soir je n'arrivais à rien... Mais j'ai fait un effort pour vous poster la suite et j'espère qu'elle vous plaît ! Alors que pensez-vous de la réaction de Harry ? Est-il vraiment inquiet ? Et surtout, qui sont les deux hommes à la fin ? Allez faites-moi part de vos idées en commentaires et votez ! xxx

Novocaine H.SOù les histoires vivent. Découvrez maintenant