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Les yeux de Gaël s'illuminent soudainement quand il voit que Paris, notre destination finale, se trouve à moins de vingt kilomètres.

Peut-être que les miens font pareil. Puis je secoue la tête face à cette absurdité. C'est impossible, mes pupilles ont perdu leur éclat depuis de longs mois.

Je souris en admirant l'innocence qui submerge mon ami, sans doute accompagnée de l'excitation de n'être plus très loin de notre but.


Face à la route longue et monotone, j'étouffe un bâillement. Cela fait des heures que je conduis, et je commence à regretter le fait de n'avoir pris aucune pause. J'aurais bien bu un café quand même. Peut-être même plusieurs. Je suis à la limite de l'épuisement. De toute façon, c'est comme ça depuis des mois, je frôle dangereusement mes propres limites...

Et puis ce n'est pas Gaël qui pourrait prendre la relève, n'ayant même pas son code en poche. Je réalise qu'il me fait grandement confiance, peut-être trop. Mais c'est sans doute ce qui lie un ami. Je me redresse sur mon siège, grimaçant de mon mal de dos, et continue à rouler parmi la circulation dense de l'agglomération parisienne, sans avoir de réel choix de toute façon.

Je me demande encore pourquoi je suis là, à plusieurs centaines de kilomètres de chez moi. J'aurais pu trouver une fac de sciences plus proche de la maison, plutôt que partir directement dans la capitale.

Je me pose trop de questions. Cela n'a jamais été dans mes habitudes. Tout a changé quand mon monde a volé en éclats. Maintenant, je crois que j'avais besoin de partir. Non pas pour oublier, mais pour m'éloigner de la souffrance.


Ma petite voiture grise remplie à bloc, sans un seul espace inutilisé, n'a jamais autant roulé. Je pensais qu'elle n'aurait même pas tenu jusqu'ici, et qu'à mi-chemin, j'aurais été obligé de faire du stop avec Gaël. Imaginez deux jeunes, un de dix-neuf et l'autre pas même majeur, faire du stop au bord de l'autoroute, accompagnés de plusieurs valises, un micro-ondes, une console de jeu, un meuble télé pas encore monté et une grosse plante verte, vous demander de squatter votre véhicule. Personne ne s'arrêterait.

Heureusement, la voiture a décidé de tenir le coup. Même la climatisation a pu fonctionner correctement, le tout en écoutant la radio. Si ce n'est pas beau.

Je pensais aussi que le pire serait les heures d'autoroute interminables dans un trafic assez important, malgré que je sois parti un plein jour de semaine pour éviter les bouchons. Mais c'était avant de pénétrer dans la ville lumière, à la recherche de notre appartement.

Oui, notre appartement. À Gaël et moi, mais aussi avec Zach, Jonah et Griezmann. Enfin, pas le joueur de football, non c'est juste un chat qu'on a pris avec nous. C'est encore une grande histoire ça. Ma vie, ce sont des grandes histoires qui s'enchainent. Et j'allais en commencer une autre avec mes amis les plus proches.

Ces gars, ce sont eux qui ont fait ma présence ici.


Ma mamie m'avait toujours dit que c'était quand on avait toutes les raisons de baisser les bras que les vrais amis étaient là, nous tendant quand même la main. Elle m'avait confié cela quand j'avais à peine onze ans. Je ne me rappelle plus exactement pourquoi elle m'avait soutenu ça, ni en quelles circonstances. À l'époque, je n'y avais pas prêté attention.

Et je ne pense pas qu'elle aurait souhaité que ce dicton me serve un jour. Elle avait toujours voulu le meilleur pour moi. Elle avait dans ses yeux l'amour que toute une femme pouvait éprouver pour quelqu'un, et j'étais ce garçon pour qui son cœur préparait toutes les bonnes attentions du monde. C'est dur de se dire que tout cela, c'est du passé.

La théorie des montagnes russes - Tome 2.Where stories live. Discover now