Chapitre 11: ... sens en éveil.

59 5 0
                                    

Ma dernière conversation avec Lysandre me revenait sans cesse en tête. Le peu d'argent que j'avais mis de côté ne serait jamais suffisant pour que je puisse m'assumer financièrement même un mois ou deux. Vivre de sa musique n'est pas donné à tout le monde et ce n'était pas encore mon cas. J'avais beau retourner dans ma tête toutes les options qui s'offraient à moi, aucune ne me satisfaisait complètement. Je devrais soit sacrifier ma liberté, soit mon amour-propre.

C'est la liberté que je jetterais aux flammes puisque le destin s'oppose à moi. Je chercherais du travail des la fin de l'année. Avec seulement le bac en poche, je ne m'attends pas à grand-chose de bien glorieux, mais je ne serais pas obligé de vivre aux crochets d'un ami. Plutôt me jeter du haut d'un pont. Je serais un mouton au lieu d'un cafard. Réjouissante perspectives que la vie m'offre là.

J'avançais dans les couloirs de ce maudit lycée, comme tout un chacun, des éclats de voies attirèrent mon attention. Là-bas, au bout du couloir, Lynn venait de rembarrer le délégué mielleux avec son arrogance teintée de majesté qui la caractérisait. Je dirigeais mes pas vers elle en souriant pour moi. Cette fille était mon souffle de liberté à moi.

A peine s'était-elle débarrassée du casse-couille que sa sœur fit à son tour son apparition. J'accélérais le pas pour rejoindre Lynn. Ambre n'était pas connue pour son self-control et ses manières douces. Je m'interposais à temps, l'empêchant de lever la main sur la belle brune.

-Dégage de là Ambre.

Je repoussais barbie au loin tout en passant une main autour de la taille de l'objet de mes convoitises. Lynn repartit en avant alors que je l'accompagnais vers notre salle de classe. Le mouvement de nos pas conduisaient nos corps l'un contre l'autre. Ces effleurements inconscients étaient pour moi plus excitants que n'importe quelle caresse. J'échangeais quelques mots avec la belle puis n'y tenant plus, je glissais mon nez dans son cou pour embrasser la peau délicate, m'enivrer de ce parfum si particulier qui est le sien. Mélange d'orchidées et de fleur sauvages.

Si ce n'était ce petit jeu qu'on s'était mis à jouer tout les deux à se séduire, si ce n'était les conventions sociales qui nous enferment et nous brident, je l'aurais emmenée sur le champ chez moi pour la posséder toute entière jusqu'à ce que nos corps même s'oublient.

A la place, je m'écartais d'elle quand elle m'y incitait, docile malgré ce feu qui me dévorait, m'asseyant à ma place en glissant mes doigts dans ses cheveux comme j'avais pris l'habitude de le faire. Une routine devenue apaisante quel que soient mes états d'âmes ou mes humeurs. Plonger mes doigts dans ses cheveux, c'était laisser glisser mon âme dans une mer d'encre apaisante.

La plupart du temps, nous ne parlions que de futilités, de cours, de profs, d'élèves, de musique ou de plantes. Quand nous parlions tout les deux. On se contentait souvent de se trouver un endroit calme où rester l'un près de l'autre, nos mains jointes, nos lèvres parfois scellée, des étreintes douces et calmes comme une main glissant le long du dos ou posée sur une épaule pour se serrer l'un contre l'autre.

Comme si nos carapaces d'arrogance et de dédain se fondaient l'une dans l'autre pour en former une différente qui était plus efficace qu'aucune autre pour éloigner les importuns.

Le temps filait entre notre doigts, on en saisissait des bribes lorsqu'il se présentait à nous, mais il fuyait traitreusement à une vitesse folle dans ces moments d'intimité partagé, comme si nous n'en n'avions pas le droit.

Lorsque plus tard le professeur de basket nous laissa partir plus tôt, je décidais de la rejoindre à la serre où elle passait le temps. Le club de jardinage n'était pas très fréquenté, il n'y avait qu'elle pour être aussi attachée à des salades. Ce n'était pas plus mal puisqu'elle serait pour le coup probablement seule.

Je dirigeais donc mes pas jusqu'à la serre, cigarette au bec. Je laissais la nicotine faire son œuvre destructrice dans mon corps avec une acceptation délicieuse. Au travers des vitres crasseuses, je la voyais aller d'une étagère à une autre, caressant au passage des feuilles ou des fleurs comme s'il s'agissait d'animaux bienveillants et mignon. Elle grattait la terre, glissait ses doigts dedans avec sur le visage un air serein qu'elle n'arborait pas souvent. Un sourire s'étirait sur ses lèvres, elle semblait presque heureuse et une pointe de jalousie m'étreignit un instant. Je la rejetais aussi vite qu'elle était apparue, je devais ressembler à ça une guitare dans les mains.

Elle leva la tête, son regard croisa le mien et son sourire se fit plus chaleureux. Je lui faisais signe de me rejoindre, elle tapa dans les mains pour se débarrasser du trop plein de terre qui lui couvrait les doigts puis vint me rejoindre à l'entrée de la serre, m'invitant à entrer à l'intérieur.

-Ton club de basket est déjà terminé ?

Me demandait-elle avant de déposer un baiser furtif et doux comme une caresse sur mes lèvres.

-Oui, on a finit plus tôt. Alors c'est ça ton sanctuaire ?

Lui demandais-je en jetant un œil alentour pendant qu'elle se lavait les mains. J'en avais entendu parler mais je n'y avais jamais mis les pieds. Les plantes ne m'intéressaient pas plus que ça.

-Oui. Je te fais visiter ?

Je lui emboitais le pas tandis qu'elle se lançait dans un monologue digne d'un professeur de botanique, les yeux brillants de la passion qui semblait la consumer pour ce sujet. Je l'écoutais d'une oreille distraite, plus absorbé par le timbre profond de sa voie que par son contenu. Je finissais par atterrir devant un banc entouré de plantes où je prenais place.

Je m'attendais à ce qu'elle s'assoit à côté de moi mais elle s'installa sur mes genoux, passant ses bras autour de mon cou pour finalement poser ses mains sur ma nuque. La proximité de son corps et l'intensité de son regard me rendait fou. Je me demandais un instant si elle s'en rendait compte.

-Tu n'es pas souvent aussi entreprenante Lynn.

-C'est vrai, mais avec toi, tout est différent.

Je posais ma main sur sa cuisse, regrettant qu'elle ne porte pas une jupe sous laquelle j'aurais pût explorer la peau. Mon autre main remonta dans son dos avant de trouver prise sur le cou pour l'attirer vers moi dans un baiser. On se laissait porter un instant sur la vague du désir qui nous consumait. Je finissais par détacher mes lèvres des siennes, incertain d'arriver à me contrôler si je laisser les choses continuer dans ce sens. Je resserrais mon étreinte, la calant plus près de moi, nichant mon visage contre son corps pour me gaver de sensations confuses et délicieuses. Mon esprit vagabondait dans des contrées de luxures inexplorées terriblement tentantes.

Je forçais la musique à envahir mon esprit pour y prendre la place afin de calmer mes ardeurs. Lorsque la dernière sonnerie du soir retentit et qu'elle s'éloigna comme à regret de moi, je me demandais si ce n'était au final pas plus mal qu'une intervention extérieur nous éloigne l'un de l'autre. Je n'étais plus maitre de moi-même lorsqu'elle était dans les parages.

-Une fois le BAC passé, nous aurons plus de temps à nous.

Je fronçais les sourcils tandis qu'elle prononçait cette phrase. Le BAC, s'était la fin des études, c'était bientôt mon anniversaire et l'asservissement choisi. C'était le début de notre fin. Je ne savais pas ce qu'elle ferait, pas plus que ce que je ferais. Où serions-nous après ce diplôme ? Le BAC, s'était la porte ouverte sur l'inconnu et les doutes.

-Je n'en suis pas si sur.

Et en prononçant ses paroles, mon cœur se serra comme si j'avais scellé notre destiné par ces quelques mots.

The faeries tales.Where stories live. Discover now