Chapitre 9: Pas d'oubli possible...

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-Qu'avez-vous fait ma sœur ? Voyez dans quel état est la pauvre enfant !

Le chat à neufs queues gisait sur le sol, la mère supérieur m'avait autorisée à quitter ma place. Assise sur le sol, je massais mes genoux endolorie de ces heures de prières. Le bâton sur lequel je devais m'appuyer avait laissé deux auréoles écarlates sous mes genoux, j'aurais probablement des bleus. La douleur, omniprésente, s'était atténuée à cet endroit, la circulation dans les jambes me faisant défaut.

Elle ne rappelait que plus vivement celle du dos, où l'objet maudit que je contemplais avec une fascination morbide, avait laissé ses marques sanguinolentes.

-Vous ne comprenez pas Mère Supérieur ! Cette enfant est habitée par le malin ! Je l'ai vue dessiner des cristaux de glace sur les vitraux ! Lorsqu'elle pique une colère, le ciel lui répond en devenant aussi noir que le souffle de Satan ! Les fleurs se tournent sur son passage, la contemplant comme un soleil ! Elle n'est pas humaine ! C'est une sorcière !

Je ne me rappelais rien de tel. J'avais tout fait pour lui être agréable, je ne voulais qu'une chose, que cessent ces punitions dont je ne comprenais pas la raison. Je suivais les cours et le catéchisme avec acharnement pour ne pas lui donner de raison de me battre. Peine perdue, la folie avait gagnée le cœur de la pauvre Sœur. Je levais les yeux pour contempler Jésus cloué sur sa croix.

-Dieu, aidez-là, Aidez-nous toutes les deux à sortir de cet enfer !

Murmurais-je pour moi-même alors que la Mère supérieur posait les yeux sur moi.

-Je suis navrée Lynn, pour ton salut comme pour le notre, tu vas devoir quitter notre établissement. Tu rejoindras bientôt une école publique.

Je baissais la tête, les larmes que je retenais alors jusque là glissèrent sur mes joues, traçant des sillons brulants.

-Merci.

Oui, Dieu, merci d'avoir exaucé mes prières...

J'ouvrais les yeux dans le noir teinté de clarté, jamais encore l'un de mes rêves ne s'était imposé avec tant de force. Je m'en rappelais rarement mais celui-ci restait gravé dans ma mémoire. Je saisissais la chaine autour de mon cou, me demandant quand j'avais priée pour la dernière fois. Je n'avais jamais crue à toutes les histoires qu'on nous racontait au catéchisme, ni à toutes les cérémonies sensée louer notre croyance. Je voulais croire en quelque chose de plus grand, en une entité supérieure mais de là à lui donner un nom, voir 3, je trouvais ça ridicule. Peut-on enfermer le ciel dans une bouteille ?

Je me rappelais pourquoi j'avais enfermé la croix d'argent dans le tiroir de ma table de chevet. Elle n'était qu'un symbole inutile d'une religion parmi tant d'autre. Il ou Elle n'a pas besoin de ça pour savoir qu'on croit, qu'on a la foi. Je pensais que le fait que je ne la porte plus était peut-être la cause de la recrudescence des cauchemars. Comment avais-je pût oublier qu'elle en était l'une des principales responsables ?

Je détachais la chaine, contemplant un instant le bijou sans fioritures. Je le serrais un instant dans ma main puis le glissais dans l'une des poches de mon sac à dos. Je me levais ensuite, passant dans la salle de bain toute proche pour passer un peu d'eau sur mon visage fatigué. Il n'était que sept heure du matin.

Je retournais dans ma chambre et me préparais en silence, je n'aurais pas été capable de me rendormir sereinement après ce cauchemar de toute façon. Je descendais donc silencieusement les marches, retrouvais sans trop de problème la cuisine et lançais une pleine cafetière persuadée que je ne serais pas la seule à en consommer ce matin. D'autant plus que celle-ci avait une carafe thermos bien pratique qui conserverais la chaleur.

The faeries tales.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant