Chapitre 3: ... sans pitié aucune.

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J'avalais mon repas en speed, le self n'était pas le summum de la gastronomie, mais il avait le mérite de me remplir l'estomac sans efforts de ma part. Je n'avais pas le temps de savourer de toute façon, je devais rentrer en speed pour sortir Demon si je ne voulais pas retrouver une vengeance mesquine et canine dans la maison à mon retour ce soir. Je posais vite fait mon plateau sur la pile, saluant de la main Lysandre qui parlait avec un parfait inconnu. J'accélérais le pas dans le couloir puis ralentit en reconnaissant les boucles brunes cascadant dans le dos de la jeune fille qui se tenait dans l'encadrement de la porte. J'attendais patiemment deux minutes, qu'elle s'avance enfin, mais constatant son immobilité, je décidais de prendre les choses en main.

-Tu vas rester là longtemps ? Tu gène le passage je te signale.

Elle leva vers moi un regard étrangement vide, hagard, avant de s'écarter de mon chemin un peu trop docilement.

Je remontais les pans de ma veste, enfonçait les mains dans les poches de mon jean puis m'élançait dans le vent de plus en plus fort en direction de la maison. Je marchais vite, et ce n'était pas trop loin. Un claquement agaçant et régulier finit par avoir le dessus sur le bruit de mes écouteurs. Je m'arrêtais d'un coup en avisant un mouvement dans mon dos. Le choc d'un corps contre le mien me fit me retourner sur la défensive. La brune m'avait suivie et venait de me percuter.

Je me demandais ce qu'elle faisait là et surtout pourquoi elle m'avait emboité le pas, je ne lui avais rien demandé.

-Je peux savoir pourquoi tu me suis ?

Son regard absent semble chercher des réponses qui se font attendre, elle regarde autour d'elle l'air perdu. Perdu également son self-control de tout à l'heure et son air royalement condescendant, laissant la place à une jeune fille complètement paumée. Je ne sais pas trop comment réagir face à ce regard si hanté. Est-ce que j'en suis responsable ? Est-ce que j'ai été trop loin ?

-Je ne te suivrais plus. Met toi à l'abri, il va pleuvoir et pas qu'un peu.

Je la vois qui me tourne le dos pour partir vers le parc. Je m'interroge sur cette phrase un peu énigmatique et sur cette fille qui ne l'est pas moins avant de hausser finalement les épaules pour me consacrer à la tache qui m'avait fait quitter le lysée pour venir ici. J'avançais vers la maison, sortait les clés dont le bruit attira Démon qui aboya d'impatience derrière la porte. J'attrapais la laisse pendu à l'entrée puis essayait de calmer l'animal avant de l'entrainer derrière moi vers le parc pour sa ballade habituelle. Le temps tournait plutôt mal, je dirigeais mes pas vers le lac en laissant Démon gambader comme il le souhaitait. J'espérais juste qu'il ferait ses besoins rapidement pour pouvoir rentrer me mettre au chaud dès que possible.

La première goutte de pluie tomba sur le sommet de mon crane, glissant ensuite pour tomber sur ma nuque, provoquant un frisson glacé. J'avais une mauvaise impression, une vraiment très mauvaise impression. La chair de poule parcourait mes bras alors que l'orage éclatait au dessus de ma tête, j'allais rebrousser chemin quand une silhouette au bord du lac attira mon regard. Décidément, je croise cette nana partout ! Le vent fait tourbillonner ses cheveux qui sont maintenant détachés, lui donnant l'aspect, debout près de ce lac, d'une sorte de déesse vengeresse. La dame du Lac des légendes à tout à lui envier. Elle écarte les bras et semble accueillir cette pluie torrentielle qui s'abat, Demon se glisse entre mes jambes en couinant, accentuant la sensation de mal être qui m'avait envahie, mon chien n'est pas peureux d'ordinaire.

L'odeur saline et les poils qui se dressent sur mes bras m'avertissent du danger, elle, elle reste là debout sous les éléments déchainés, indifférente alors que la foudre menace. Incapable de comprendre comment ni pourquoi, je m'élance dans sa direction, mon instinct prenant le pas sur ma raison. Je m'élance vers elle et la plaque au sol. Un bruit déchire mes tympans, juste à côté de nous, un arbre a pris feu sous le choc de la foudre qui lui est tombé dessus.

La fille tourne vers moi son regard absent, hagard de tout à l'heure. Perdue dans tout les sens du terme. Je hurle, à moitié rendu sourd par le tonnerre qui gronde encore autour de nous.

-Mais t'es complément malade !

Demon se redresse à mon signal, j'aide la fille à se mettre sur ses pieds, l'entrainant à ma suite puisqu'elle semble incapable de réfléchir ou d'agir par elle-même. Je cours vers la maison, ouvre la porte, laissant le chien entrer avant de refermer celle-ci derrière nous, laissant l'orage dehors où les éléments déchainés semblent frustrés qu'on se soit soustrait à leurs furies destructrices. Les vitres tremblent autant que la fille en face de moi.

The faeries tales.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant