Chapitre 4: Un regard un seul...

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La porte claqua dans mon dos, le chien s'ébroua en arrosant son maitre avant d'aller d'un pas nonchalant et pataud dans une pièce voisine.

-T'attendais que le ciel te tombe sur la tête ou quoi ?! T'es trop zarb comme fille ! Tu me dis de me mettre à l'abri et toi tu reste sous la flotte exposée à la foudre !

Je lui avais dit de se mettre à l'abri ? Vraiment ?

-Pourquoi tu étais dehors alors ?

Je n'avais pas pût m'empêcher de poser la question. Détourner l'attention de mon cerveau sur autre chose, oublier ce cœur insolent qui refuse d'arrêter de hurler sa peine.

-Fallait que je sorte le chien... MAIS pourquoi je te réponds moi bordel !

Dehors, le vent soufflait avec une violence rare, les gouttes de pluies s'écrasaient sur les vitres en un bruit assourdissant, le tonnerre grondait et la foudre semblait tomber juste à côté. Le molosse se ramena en rampant, glissant entre les jambes de son maitre en tremblant d'effroi. Castiel s'agenouilla pour caresser la bête et le rassurer en me lançant un regard perplexe. Je ne devais plus ressembler à rien, trempée comme je l'étais.

Petit à petit, je me rendais compte que je tremblais aussi pathétiquement que le chien. Castiel se leva et me tourna le dos sans un mot, avançant dans le couloir un peu plus loin pour entrer dans ce que je suppose être une salle de bain puisqu'il en ressort avec des serviettes de toilette dans les bras. Il m'en jette une que j'attrape maladroitement, commence par sécher son chien en lui laissant la serviette au sol sur laquelle le veau se couche. Il en prend une propre qu'il avait jetée sur ses épaules pour sécher ses cheveux puis s'arrête d'un coup alors que la foudre s'abat tout proche, l'éclair nous aveuglant un instant, faisant danser des papillons lumineux devant nos yeux alors que le tonnerre s'abat dans nos oreilles avec une violence assourdissante.

Je reste debout, là dans l'entrée, ma serviette à la main, me contentant de le regarder faire. Je ne veux plus penser, je me contente de l'observer. Dehors, la pluie, le vent, la foudre m'appellent. La seule envie qui tiraille mon corps est celle de me précipiter sous les évènements déchainés, de faire corps avec cette nature furieuse si proche de ce que je peux ressentir à l'instant. Sans en avoir conscience, je dirige mes pas vers la sortie, ma main se pose sur la poignée. Une autre se pose sur la mienne.

-Tu es assez trempée comme ça je crois.

Castiel dans mon dos enlève délicatement ma main de la poignée de porte, me fait pivoter puis prends la serviette de toilette que je tenais toujours de l'autre main avant de me la mettre sur la tête, commençant à frotter celle-ci sans douceur pour sécher les boucles brunes. Comme il l'aurait fait pour son chien. Je reste inerte, la serviette glisse du haut de mon crane vers mon cou, attrape la masse capillaire humide pour en extraire l'eau. Je lève les yeux pour plonger mon regard dans celui de Castiel. Avec mes talons, je fais la même taille que lui, je ne peine donc pas à le fixer du regard.

Ses mains continuent de sécher mes cheveux, mes ses yeux ne quittent pas les miens. La serviette remonte, passe sur mon visage pour l'essuyer, s'attarde sur un œil, puis l'autre, que je ferme tour à tour en sentant la douceur du tissus éponge glisser sur ma peau. Je pousse un soupir.

-Pourquoi est-tu si attentionné pour moi ? On se connait à peine.

-Tu semblais en avoir besoin.

Juste pour ça ? Vraiment ? Pourtant, Nathaniel me l'avait décrit comme une personne immature et imbue de lui-même. Qui ne se souciait que de son image et de sa personne. Le Castiel que j'avais en face de moi ne correspondait pas à ce portrait. Nathaniel...

J'appuyais ma tête sur l'épaule de Castiel pour lui dissimuler mes larmes.

-Pleure si t'en a besoin, ça ne sert à rien de se retenir.

Les larmes se transformaient en torrents, le souffle saccadé en sanglots, une plainte s'arracha de ma gorge et j'attrapais le devant de la veste de Castiel avant de sombrer dans mon désespoir. Je pleurais sur ce premier amour perdu, sur la vie qui m'avait privée de famille, sur l'absence d'amour dans mon univers malgré mon besoin ardent.

Dehors, la tempête qui faisait rage se calmait en même temps que mes sanglots, je ne m'étais pas rendue compte que nous avions tout les deux glissés au sol, emportés par la profondeur de ma peine. Lorsqu'enfin j'émergeais du néant de mon être, j'avais la tête appuyée sur le torse de Castiel, les jambes repliées entre les siennes alors que le gros chien noir et feu posait sa tête aux yeux noirs profond sur mes genoux. Même lui semblait vouloir me réconforter. Je tendais la main pour lui tapoter la tête, il répondit à mes caresses par un balancement de la queue qui tapa sur le sol avec un bruit sourd.

-ça va mieux ?

Je me tournais vers le maitre puis me détachais de ses bras tout en hochant la tête affirmativement. Je me relevais en essayant de mettre de l'ordre dans mes vêtements encore imbibés. Castiel se releva à mes côtés, me dépassa puis me dit tout en avançant.

-Je vais me changer, y'a d'autres serviettes dans la salle de bain.

Je le suivais du regard alors qu'il montait les escaliers, un peu gênée néanmoins de m'être laissée aller ainsi avec lui alors que je ne le connaissais ni d'Eve, ni d'Adam ou presque. Je jetais un coup d'œil au chien qui me dévisageait, l'arrière train secoué au rythme des balancements de sa queue. Je le gratouillais derrière les oreilles alors qu'il me suivait jusqu'à ce que j'avais bien supposé être la salle de bain.

Devant le miroir, je retirais ma veste que j'accrochais au pommeau de douche pour qu'elle sèche, bientôt suivie par mon T-shirt aussi trempé qu'il était possible de l'être. De l'eau tombait goutte à goutte dans le bac de douche. Le reste de mes affaires ne tardaient pas à suivre, j'essorais la jupe plissée avant qu'elle ne rejoigne le reste des affaires à sécher. Je restais donc en sous vêtements, trouvant finalement un séchoir derrière la porte que j'installais avec mes vêtements dessus dans la vaste baignoire. Mes chaussures sous l'évier, il ne me restait plus sur le corps que mon slip et mon soutien gorge. Je trouvais une serviette sèche que j'utilisais pour finir de me sécher, puis j'attrapais une brosse à cheveux pour démêler ma crinière après avoir ôter les dernières traces de maquillage de mon visage.

Assise sur le bord de la baignoire, je caressais d'un pied le chien qui m'offrait son ventre couché sur le côté tandis que mes mains passaient et repassaient dans mes longs cheveux la brosse pour en enlever les dernières traces d'humidité et les quelques nœuds.

-Je t'ai trouvé des fringues si tu v... veux...

Castiel venait d'ouvrir la porte, des vêtements dans l'une de ses mains. Son visage tournait au cramoisie, semblant chercher à faire concurrence à la couleur de ses cheveux.

-Merci. Tu veux bien les poser sur l'évier s'il te plait ?

Je n'étais pas pudique, ne l'avais jamais été. J'avais un corps fait pour être admirer, et de toute façon, je n'étais pas moins habillée que sur une plage. Castiel déposa son fardeau sur l'évier et referma la porte sans demander son reste. Je prenais le temps de finir de démêler mes cheveux qui me retombaient jusqu'en bas du dos puis enfilais le t-shirt trop grand et le short dont je serais autant que possible le galon en y faisant un nœud pour qu'il tienne en place.

J'ouvrais ensuite la porte de la salle de bain, jetais un œil au chien qui s'était relevé.

- Mène-moi à ton maitre.

L'animal pencha la tête de côté, semblant réfléchir un instant, puis franchis le seuil de la salle de bain. Je lui emboitais alors le pas jusqu'au salon où Castiel, une guitare à la main, jouait quelques notes.

The faeries tales.Opowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz