Chapitre 5: Pas d'adversité entre nous...

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Assis dans un fauteuil confortable, une guitare sèche à la main, il arrachait à l'instrument des notes plaintives. Tout en tournant ici et la des petites molettes situées en haut du manche. Je supposais qu'il accordait la bête pour pouvoir en jouer. Silencieuse comme une ombre, je profitais qu'il ne m'ai pas remarqué pour m'installer confortablement dans un fauteuil situé un peu à l'écart, croisant les jambes, je m'enrobe de conventionnel, retrouvant peu à peu mes manières, les portant sur moi comme autant de couches protectrices contre le monde extérieur. Il ne s'est rien passé. Je ne suis pas là après avoir craqué. Reprends-toi Lynn. Ta dignité, c'est tout ce que tu as jamais eu.

Je me redressais, le dos bien droit, les mains posées sur les accoudoirs. Là, mon esprit redevenait serein. Je n'évoquerais pas ce qu'il s'est passé, je tairais comme toujours la souffrance, même si ce lâché prise imprévu m'a soulagé de bien des maux. L'eau glacée passée sur mon visage a effacé quasiment toute trace des larmes de tout à l'heure. Ma dignité est mon armure, même si je peux sembler ridicule dans ces vêtements trop grands. Il me suffit de les ignorer, de me revêtir d'orgueil et ils ne seront rien pour lui non plus.

Je relève la tête, pose les yeux sur Castiel, toujours plongé dans ses réglages jusqu'à ce que son chien vienne se coucher à ses pieds. Il lui flatte la tête en souriant, comme si cet animal représentait à ses yeux plus qu'une simple bête. J'irais même jusqu'à dire qui l'aime, ça se voit dans son regard. Puis ses yeux se lèvent vers moi et il semble surpris de me trouver là. Il me dévisage de haut en bas, un sourire finit par étirer ses lèvres fines.

-Je ne connais même pas ton nom.

S'il avait fait un peu plus attention au monde qui l'entourait ce matin, il l'aurait connu.

-Lynnlana, mais tu peux m'appeler Lynn, comme tout le monde.

-Lynn.

On dirait qu'il savoure mon nom, le laissant glisser sur sa langue puis entre ses lèvres comme une sucrerie, une gourmandise. Je frissonne involontairement au son de sa voie grave. Il retourne à sa guitare, son sourire n'a pas quitté ses lèvres. Bientôt, des notes s'élèvent dans la pièce, pendant que je regarde autour la décoration, les photos sur les meubles de bois sombre, l'horloge où je constate que les cours de début d'aprèm ont commencés depuis dix minutes à peine. J'avais pourtant l'impression que l'éternité s'était écoulé depuis que j'avais quitté le self. Je poussais un soupir, je n'aime pas sécher les cours, ça ne m'apporte que des ennuis. L'orphelinat sera prévenu et je risque des sanctions autant de leur côté que de celui du lycée. Les cours, je m'en moque un peu, je n'arrive pas à y trouver d'intérêt, et puis de toute façon, à la fin de l'année, lorsque les vacances d'été finiront et que j'aurais dix-huit ans, je devrais me trouver un travail ou je serais à la rue. Le système ne me permettra pas de rester à l'orphelinat le temps de trouver un toit, à moi de m'organiser en conséquence.....

Je tourne de nouveau le visage vers Castiel, perdue dans mes pensées, sa musique semble aussi mélancolique que mon état d'esprit.

-Tu pourrais jouer quelque chose de plus joyeux ?

Il tourne le visage vers moi, semblant surpris, comme s'il avait oublié ma présence, puis de nouveau une mélodie s'élève, surgissant de ses doigts glissants sur les cordes tendus, plus vive, plus alerte que la précédente. Et étrangement, mon cœur s'envole avec elle, me fait me sentir mieux. La musique, je l'avais toujours trouvée un peu fade, sans saveur, ce que Castiel arrivait à sortir de son instrument était trop proche du ressenti, trop irréel, elle avait une âme en quelque sorte.

-Comment tu fais ça ?

J'étais fascinée pour la première fois par quelques notes jouée sur une guitare.

The faeries tales.Where stories live. Discover now