Chapitre 6: Seuls au monde...

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Je marchais dans l'herbe que je savais humide de rosée. Pourtant, je ne sentais pas cette humidité sur la peau nue de mes pieds. Ma nuisette volait autour de mon corps sans que je ne sente ni le vent, ni le tissus sur ma peau. Je levais les yeux dans la noirceur de la nuit, vers le ciel sans étoiles mais aux couleurs chamarrés et dansante comme une aurore boréale et je savais alors qu'il ne s'agissait que d'un rêve.

Je traversais la plaine afin de rejoindre la bordure de la forêt. Le silence bien que total n'était pas oppressant. Il se dégageait de ces lieux une sérénité telle que mon cœur blessé se trouvait régénéré. Les arbres hauts, droits et fournis, dissimulaient la voute céleste, mais j'y voyais pourtant suffisamment, comme si les troncs eux-mêmes produisaient une lueur douce. Je suivais un sentier et alors même que je me faisais la réflexion que celui-ci était marqué de traces animales, un cerf gigantesque à la ramure majestueuse et à la fourrure aussi blanche qu'un nuage d'été surgit devant moi, plongeant ses yeux rouges dans les miens avant de bondir de nouveaux à travers les arbres. Sous chacun de ses bonds gracieux s'épanouissaient les corolles vives de fleurs variées qui fanaient à peine écloses.

-Le Cycle immuable de la vie et de la mort...

Je tournais le visage pour voir qui avait parlé, devant moi se tenait une silhouette dissimulée d'ombres semblants vivantes. Le timbre de sa voie, doux, n'était d'aucun genre, ni féminin, ni masculin, mais un peu des deux.

-Il est triste qu'une telle beauté soit si éphémère.

-Si la beauté ne l'était pas, Serait-elle la beauté ?

J'emboitais le pas à la silhouette sombre pour me retrouver dans une clairière. Dans la trouée entre les arbres, une lune gigantesque dardait son œil blanc, reflétée au sein de la clairière dans un point d'eau qui glougloutait dans une cuvette de mousse verte.

Je m'asseyais près du point d'eau, observant les bulles qui remontaient à la surface avec la certitude absolue d'être déjà venue ici. D'avoir déjà fait un rêve similaire, mais je ne m'en rappelais plus. Une sorte de déjà vue aussi étrange que ce lieu féerique.

-Oui, il y avait longtemps qu'on ne s'était vu enfant de la lune et des étoiles, ombre de rêve, tu nous avais fermé ton cœur si fort...

Sa voie exprimait-elle un regret ? Une fierté ? Je n'arrivais pas à la décrypter.

-Serais-je bientôt de retour à la maison Mère et Père ?

-Bientôt.

Je frottais mes yeux encore emplis de sommeil puis étirais mes muscles pour les sortir de la torpeur de la nuit. Encore une fois, j'étais incapable de me souvenir de ce dont j'avais bien pu rêver. Je me levais, me douchais puis m'habillais avec la sensation que cette journée serait belle, je me sentais légère et apaisée. L'attitude de Castiel devait y être pour beaucoup. Il n'avait pas fait la moindre allusion à mon pétage de plomb d'il y a quelques jours, restant fidèle à ses habitudes, se contentant de discuter avec Lysandre ou de gribouiller des partitions sur son cahier tandis que les professeurs continuaient leur litanies soporifiques.

Je sentais son regard acier se poser de temps en temps sur moi, mais il n'était pas le seul à m'avoir jamais dévisagé ou reluqué de la sorte alors je n'y prêtais pas plus attention que ça.

J'ouvrais grand les volets pour constater qu'un soleil radieux d'automne inondait la cours en contrebas, donnant aux arbres rougissants l'allure de merveilles dignes des plus grands orfèvres. Je jetais ensuite un coup d'œil au miroir, satisfaite de l'image qu'il me renvoyait. La courte robe bleue nuit et les leggings noires contrastaient avec ma peau claire. Les talons de mes escarpins me donnaient des allures de mannequin. J'enfilais une veste bleu électrique et mettait un borsalino noir pour compléter ma tenue.

The faeries tales.Where stories live. Discover now