Chapitre 10: Nous sommes seuls au monde...

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Je contemplais la lettre que j'avais reçue la veille. On me proposait une formation qualifiante en alternance dans une pépinière. Le patron acceptait de me prendre à l'essaie pour les prochaines vacances, ce serait la période des plantations, des premières pousses, un moment parfait. Les choses semblaient se clarifier un peu. Ce type de travail me permettrait de me trouver une chambre de bonne ou quelque chose de similaire. Je poussais un soupir de soulagement tout en remettant le courrier dans l'enveloppe. Ces vacances de noël s'étaient décidément révélées pleines de surprises.

Je repensais au repas de noël chez Leight et Lysandre. La dinde farcie préparée avec Rosalya avait été savoureuse, les blagues échangées dans la bonne humeur, les cadeaux semble-t-il à la hauteur de chacun, même si Castiel avait semblé perplexe face au nouveau collier pour son chien que je lui avais offert. Mon seul regret avait été de devoir les quitter si tôt. Je jetais un œil au dessin de fée que Violette m'avait offert dans un cadre et qui ornait désormais le mur de ma chambre. Plonger mon regard dans ses yeux sombres me faisait parfois rêver à des choses impossibles, des univers féeriques, des êtres insensés, des dons inexistants. Il me rendait mélancolique tout en attisant chez moi une sensation de déjà vu. Peu d'artistes seraient capables de vous faire ressentir tant de choses sous leurs pinceaux.

Je jetais un œil à ma montre, encore une fois, je m'étais levée beaucoup trop tôt. Je poussais un soupir puis finalement décidais de descendre à la serre dont Jade m'avait donné un double des clés. Il savait que jamais je ne ferais quoique ce soit d'idiot dans ce refuge. Sa confiance me touchait beaucoup. Je jetais un dernier regard à ma fée avant de fermer ma porte à clé puis descendait les marches silencieusement. Mon sac ballotait sur mon épaule, je le remontais avant que la lanière ne dérape puis ouvrait la porte de la serre que je franchissais avant de la refermer derrière moi pour que le froid ne rentre pas trop. Il faisait toujours ici une température douce, une humidité latente qui exaltait les parfums des fleurs épanouies. Je m'assurais qu'il n'y ai pas un manque d'eau, laissait mes doigts caresser les coroles et la douceur velouté des feuilles de sauge officinale.

Ici, je me sentais bien, dans les parfums entêtants et les murmures des plantes. Je me ressourçais là jusqu'à ce qu'enfin le self soit ouvert. Je m'y rendais, prenais mon petit déjeuner puis rejoignait ma salle de classe, un peu anxieuse à l'idée de revoir Castiel. Nous n'avions pas eu l'occasion de nous revoir après noël, de parler de ce qui s'était passé entre nous. De mettre des mots, si c'était possible, sur une telle relation. Le souvenir de ses lèvres sur les miennes me laissait encore pantelante.

Première arrivée, je voyais les autres élèves s'installer les uns après les autres dans la bonne humeur. Tout le monde se racontait ses vacances, je répondais au bonjour de la plupart, passant néanmoins plus de temps à regarder dehors pour voir si j'arrivais à distinguer dans la foule une tignasse rouge.

Je m'étais triturée la tête pendant des heures pour savoir comment réagir avec lui lorsque je le reverrais, tout ça pour finalement aboutir au fait que je ferais comme d'habitude, je me laisserais emporter par les évènements. Inutile de se faire des scénarios dans sa tête, ça ne se passe jamais comme on pourrait l'imaginer.

Violette s'installa à côté de moi, puis Lysandre posa ses affaires à son tour. Fidèle à ses habitudes, Castiel arriva avec un peu de retard, s'excusant à peine et s'installant à sa place derrière moi. Nous n'avions échangé qu'un regard, mais sa mine sombre avait suffit à me faire penser que quelque chose n'allait pas.

Peu de temps après qu'il se soit installé, je le sentais jouer avec mes cheveux comme il le faisait parfois, ses doigts glissant dedans provoquaient des petits picotements dans mon cuir chevelu qui se propageaient volontiers sur ma nuque pour finir en frissons le long de ma colonne vertébrale. Je tachais de rester aussi concentrée que possible sur le cours. Mais les minutes semblaient s'égrener de plus en plus lentement tandis que je n'attendais que la fin du cours.

The faeries tales.Where stories live. Discover now