- P... Pourquoi ?

- Écoute, tu ne peux pas me dire que tu n'aimes pas vivre dans un des plus beaux appartements de la ville, que tu n'aimes pas pouvoir te payer toutes ces voitures, et puis que tu n'aimes pas ne pas avoir de te soucier si demain tu arriveras à payer les factures, si demain tu arriveras à manger, ce n'est-ce qu'un bout de pain, si demain tu arriveras à survivre...

Je le voyais surpris. J'en avais trop dis, j'en étais venue à comparer la vie de merde, à sa putain de vie de riche. J'ai merdé, je ne veux pas qu'il se doute de quelque chose, où même pire qu'il ne pose des questions.

- Écoute oublies ces dernières paroles, je veux dire tu ne peux pas ne pas pouvoir aimer une vie si tranquille que tu as. Demain tu es sûr d'aller à l'université, de réussir tes études, ta carrière, de vivre dans la plus belle aisance qu'il soit.

- Et pourtant c'est vrai, je n'aime pas ce chemin si bien tracé que j'ai. Je veux autre chose, quelque chose de nouveau. Plus de ce beau monde dans lequel je vis.

- Dis plus jamais ça, il y en a qui rêverait d'être à ta place, alors profite, je te jure profite. Un jour tu verras, ce qu'est de se retrouver d'aisé à pauvre, et crois moi tu n'es pas prêt.

          Il se crispa, comme si il venait de comprendre, que tout ce qu'il m'avait dit était une connerie.

- Oui, je comprends. C'était débile de ma part, oublies. Excuse moi.

- Oui, je pense que c'est mieux.

          Je me détachas de lui, sa question m'avais chamboulée, je ne pouvais comprendre qu'il n'aime pas sa vie, faites de luxe, d'or, et je ne sais quoi d'autres encore... Le reste du trajet, se fit en silence, il y avait juste le bruit de nos pas et respirations, ainsi que le bruit lointain des voitures qui se faisait entendre. Nous étions désormais face à ma maison, et la réalité me revint de plein fouet. J'en avais oublié mon père, mon frère, mes problèmes, ma mère ... Ce moment avec Aïden, m'avait complètement déconectée du monde réel, c'était bien là, la seule chose que je ne voulait qui se produise. Dans le quartier il n'y avait personne, pas un bruit, aucun sons, presque aucun signe de vie, les quelques trotinettes encore sorties trainaient dans les jardins, les skates éparpillés partout, toutes les piscines étaient soient dégouflés ou fermées, la nôtre était encore ouverte, même si l'eau y était devenue verte et que les feuilles y étaient tombés, je ne voulais pas la fermer, il n'y avait dans ce quartier plus aucun semblant d'un furtif été. Aïden, lui regardait les étoiles, les yeux perdus, il était le genre de mec aux cernes marquées, à la machoire finement dessiné, au regard sombre, le genre de mec qui fait craquer toutes les filles, le genre de mec que je ne supportais pas.

Les clés dans la serrure, j'ouvris la porte de cette triste maison. La lumière tamisée du petit poste de télévision donnait à cette pièce un goût amer, tant de souvenirs joyeux quelqu'ils soient était remplacés par leurs nouveaux décédants eux beaucoup moins agréables. Mais j'étais la seule à pouvoir capter ces ondes de détresse et tristesse, comme la seule à capter une chaîne radio abandonnée. Voilà ce qui me tue jour après jour, tous ces souvenirs, ces sourires joyeux, ces rires enfantins qui désormais sont devenus de néfastes ondes aux allures dévastatrices. Ces derniers mois m'ont appris que j'étais prisonnière, que ma mère n'était pas la seule morte, mais que moi aussi j'avais péris avec elle, comme seule naufragée sur une île déserte, abandonnée, envahie par des démons, la naufragée qui ne demande que de l'aide. Mais pour l'instant tout ce que je voyais était un gars, un gars dont j'ignorais tout mais dont je savais qu'il était trop différent de moi, on avait rien en commun, et ce n'était pas la personne à qui me confier. D'ailleurs, qui peut me dire comment se relever d'un deuil ? Qui peut me dire qu'un jour je vivrais sans séquelles ? Qui peut me dire qu'un jour j'arriverais à vivre sans la sombre image que j'ai de ma mère qui meurs, sous mes yeux, en donnant son dernier souffle ? Qui peut me dire qu'un jour mon âme pourra se réparer ? Personne. Et jamais personne n'y arriveras.

That's why I love you, again.Where stories live. Discover now