Allumez le feu...

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Leila. Même soir. Le Club.

Avez-vous déjà fait des rêves bizarres ? Des rêves où, quand vous vous réveillez, la première chose que vous pensez c'est : « Non mais ça ne va vraiment pas la tête ! Faut te faire soigner ! ».

Eh bien, là, en suivant Marjorie, c'est l'impression que j'aie. Le Club est immense et uniquement dédié au plaisir de la luxure... Après le garage du sous-sol, nous avons traversé une immense salle conçue un peu comme un amphithéâtre. Devant ma mine étonnée, Marjo a souri.

- Ne fais pas attention. Ici, c'est l'arène. Elle nous sert pour les démos.

- Heu... L'arène ? Démos ? Tu veux dire que...

- L'exhibitionnisme fait partie intégrante de notre style de vie, Leila.

Je rougis violemment en repensant à notre petite séance avec le viking Elvar, au Blue Lagoon...

Marjorie fronce les sourcils devant ma gêne évidente.

- Hmm... Toi, tu as fait joujou avec Adrien. Qu'est-ce qu'il a bien pu te faire pour que tu rougisses comme ça ? Petite séance de plein air ?

Je déglutis et essaie d'adopter mon visage des réunions du CAC40.

Peine perdue.

Elle éclate de rire tout en continuant de nous faire progresser dans la bâtisse.

- Il t'a emmené au Blue Lagoon, hein ?

Je stoppe net, les yeux écarquillés de terreur à l'idée qu'elle sache très exactement ce qui a pu se passer là-bas.

- Oh mon Dieu, si tu voyais ta tête, Leila !

- Marjorie, je gronde.

- Oui ?

- Tu tiens à ta vie ?

Elle pouffe, mais n'insiste pas plus.

Nous traversons ce qu'elle appelle leur salle de jeu. C'est bizarre cette sensation que j'aie que tout est caché en pleine lumière. Tout l'endroit respire la sensualité, la volupté et le sexe. Pourtant, c'est comme si ce n'était qu'un décor de film vide. Sans âme. Et je me dis que tout ça doit changer du tout au tout lorsque Marjorie, Adrien et Olivier (avec qui ils ont monté ce petit Club) investissent les lieux. Tout doit reverdir une atmosphère bien différente au milieu des gémissements, des râles de plaisir et des soupirs...

Je mentirais en disant que je ne me suis pas sentie émoustillée par cet aspect de boudoir chic, secret et cocooning... Je mentirais si je disais que je n'ai pas imaginé Adrien en pleine action. Avec moi bien sûr. Parce que le simple fait de savoir qu'il a fait ici des choses magiques, que lui seul sait faire, à d'autres que moi, et ma bulle de jalousie atteint la taille d'un dirigeable...

Nous montons toujours pour enfin arriver dans une chambre avec une vaste salle de bains.

- Prends ton temps, Leila. Je t'amène des habits de rechange. Tu trouveras des serviettes propres dans le placard. Après on jettera un œil à ton bras.

- Merci Marjo.

Elle me fait un clin d'œil et me laisse seule.

Je me débarrasse de ma robe, qui tient plus de la serpillière que du bout de chiffon qui m'a coûté la modique somme de cinq cents balles. J'ouvre le placard pour me sortir à l'avance une serviette et je découvre sur la première étagère, le coffre au trésor pour nuits très coquines... Préservatifs, lubrifiant, huile de massage, menottes...

Dieu du ciel !

J'avoue, je suis un peu secouée. J'attrape ma serviette et referme prestement le placard.

J'estime être d'une nature plutôt débridée et je n'ai pas vraiment de tabou ni de complexe à propos du sexe. Mais, ici dans cette maison, c'est comme s'il n'y avait pas de place pour autre chose. Comme si, on laissait à la porte tout ce qu'on est pour ne devenir qu'une boule de sensations physiques. Cet endroit me fait perdre mes moyens. Un peu comme Adrien... Alors que je m'apprête à entrer sous la douche, j'entends quelqu'un qui tousse derrière moi. Je me retourne en me protégeant avec ce que j'ai sous la main, parce que je suis nue.

Adrien est là, hiératique, bras croisées, l'épaule nonchalamment appuyée sur l'étagère, un petit sourire ironique sur les lèvres.

- Tu es dingue ! J'ai failli faire une crise cardiaque !

- Michel, le jour où quelque chose ou quelqu'un vous fera faire une crise cardiaque, ce sera le jour où on classera les Rolling Stones dans la case musique classique...

Je hausse un sourcil. Ses yeux caressent mon corps.

Michel, c'est le moment de te blinder.

- Qu'est-ce que vous faites ici Erria ? Je croyais que je devais attendre pour avoir des réponses.

- Je m'acquitte de mes tâches aux heures que je choisis.

- Ah et donc vous vous l'autorisez quand je suis nue, véritablement en colère et blessée ?

Adrien sourit de plus belle. Il se redresse et commence à défaire sa cravate.

Je passe ma langue sur mes lèvres. Il croit vraiment qu'il peut tenter cette carte-là ?

Il s'avance d'un pas et fait tomber sa veste de costume.

- J'ai toujours été convaincu que pour mener une bonne négociation, il fallait avoir soit trois coups d'avance sur son adversaire, soit être sur un pied d'égalité.

Je ne bouge pas d'un iota. Hors de question que je recule. De toute façon, si je bouge, je risque d'oublier derrière moi mon costume de garce... Et là, il ne faut pas. Pas quand Adrien, « Dominator » Erria est de sortie et cherche à m'embrouiller l'esprit en manipulant mon corps...

Il continue à s'effeuiller dans une lenteur exaspérante. J'entends chaque bouton de sa chemise qui saute.

- Ce sera donc l'égalité ? je demande quand la chemise tombe, me laissant voir son torse sculptural et monumental.

- Oh, Michel, même si je le voulais, j'aurais toujours trois coups d'avance sur vous, me dit-il en faisant encore un pas vers moi et en faisant glisser sa ceinture passant par passant.

- Toujours aussi macho et arrogant Erria.

- Toujours aussi tendue et en colère Michel.

Cette fois, c'est moi qui m'avance au moment où il pose la main sur sa braguette. Je laisse tomber ma serviette et glisse un doigt entre la bordure de son pantalon et son ventre. Je le tire jusqu'à moi. Il sourit et penche la tête vers moi.

- Besoin de se détendre ? me demande-t-il.

- Besoin de se faire pardonner ? je réplique.

Il se penche encore un peu plus et effleure mes lèvres. Ses grandes mains passent dans mon dos et se posent sur mes reins.

- Plutôt mourir que de me rendre, dit-il en m'embrassant enfin.

Je le laisse envahir ma bouche. Il a le goût d'un vieux whisky de luxe, à la fois doux et puissant. Ma main crochète naturellement sa nuque.

- Au moins on est d'accord sur quelque chose je murmure dans un souffle.

Il sourit et me soulève. J'enroule mes jambes autour de sa taille.

Rappelez-moi, je n'avais pas dit que j'étais en colère moi ?

Je stoppe notre baiser pour essayer de reprendre la main, mais lorsque je l'entends grogner, lorsque son érection frotte contre mes chairs moites et humides, je n'ai pas d'autre choix que de capituler...

Enfin, disons, que je hisse le drapeau blanc, le temps d'un "cessez- le- feu"...

Heu... Tout bien réfléchi, disons plutôt le temps d'un "allumez-le feu"...


Back Fire - Edité et en vente-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant