A tort ou à raison

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Leila.

Yann me dévisage comme si j'avais perdu la tête. Adrien serre les poings de frustration.

Quoi ??? j'ai envie de leur crier. Ce n'est pourtant pas compliqué. J'ai besoin d'air. J'étouffe ici.

- Vous plaisantez j'espère ? me demande Yann.

- J'en ai l'air ? je lui demande.

- Non, vous en avez la chanson, riposte-t-il. Hors de question que je vous emmène où que ce soit.

Je m'avance vers lui déterminée et plus froide qu'une congère. Il croit quoi exactement le flicaillou ? Qu'il va me dicter ma conduite ? Qu'il va s'opposer à moi ? Qu'il va me mettre une laisse lui aussi ? Non et puis quoi encore ? J'vais me charger de lui expliquer exactement à qui il a affaire...

- Je vais être claire avec vous commandant Mayorca. C'est : soit je sors avec vous, soit sans. Mais dans un cas comme dans l'autre, je sortirai, que vous soyez d'accord ou non.

- Putain, mais vous êtes pas croyable ! Dans la douche là-haut, ça ne vous a pas suffi ? Vous voulez vraiment leur laisser la possibilité de vous atteindre plus facilement ? Autant de suite vous tirer une balle ! Ça ira plus vite !

Je hausse un sourcil et croise les bras. Adrien se crispe. Yann me regarde déstabilisé. S'il pensait me faire peur avec sa grosse voix et ses gros yeux, il peut aller se rhabiller...

- Et à quoi vous me servez alors ?

- Hein ?!!!

- Oui, expliquez-moi donc à quoi vous me servez si je ne peux pas sortir... Il me semblait avoir compris que vous étiez là pour me protéger, pour faire votre boulot de flic ; pas pour être un putain de garde chiourme !

Yann est complètement décontenancé. Il ouvre tellement grand ses yeux que j'en ai peur qu'ils tombent en roulant au sol...

Quelqu'un peut-il appeler un ophtalmo ? En fait, carrément tout un hôpital plutôt, parce qu'entre les mains dans la salle de bain, les yeux de Yann et Adrien qui ne va pas tarder à perdre la tête, j'ai besoin de tout un service sanitaire moi...

- Alors ? je reprends brutalement. Vous vous décidez oui ou non ?

Le commandant Mayorca explose de rire soudain. Un rire tonitruant et totalement en décalage avec la situation.

- Mon Dieu, Adrien, je vous plains. Sincèrement. J'avoue, jamais on ne me l'avais faite celle-là ! Garde-chiourme, hein ? me dit-il en me regardant le dépasser pour sortir.

Adrien esquisse un vague sourire. Je sens leurs regards dans mon dos.

- Et encore... Là elle est juste en seconde, lui répond-t-il.

- Bordel ! Qu'est-ce que ça doit être en cinquième alors ?!!

- Vous n'avez pas idée... soupire Adrien.

Je ne les écoute plus. J'ai décidé de sortir et donc je sortirai. Point barre.

Des pas.

- Est-ce qu'on vous a déjà dit que vous étiez une emmerdeuse finie ?!

Je me retourne vers Yann.

- Il n'y a pas eu un jour de ma vie où quelqu'un ne l'a pas au moins pensé ! Mais vous savez quoi ? Je m'en fous. Un ami m'a dit une fois : " Si tu n'es pas capable de te passer de l'avis des autres, c'est que tu n'as pas de vie..." Il avait raison. On peut bien m'aimer, me détester ou me mépriser, l'important c'est ce que je vois dans le miroir le matin en me levant.

Back Fire - Edité et en vente-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant