Quand le ciel s'écrase sur ma tête...

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J'essaie encore d'associer les mots que vient de prononcer ma meilleure amie en une phrase cohérente qui ne sonne pas comme mon arrêt de mort...

- Tu vois ? Qu'est-ce que je t'avais dit Hervé ? plaisanta Vincent, mon assistant. Une minute de plus, et on les retrouvait à se battre comme des gladiateurs dans un cirque romain...

Hervé s'avança et me fit la bise avant de serrer la main d'Adrien.

- Je mise toujours sur Leila. Je la vois très bien en rétiaire, dit-il.

- Filet et trident, hein ? sourit Adrien, sarcastique. Oui j'avoue que l'idée est intéressante...

Envie de meurtre.

- Lei ! S'il te plaît ?! m'arrêta Savage.

Sauvé par le gong. Je grinçais des dents et le pulvérisais du regard. Comme de bien entendu, il se passa la pulpe du pouce sur les lèvres dans un geste obscène et provocateur. Salaud de misogyne sournois.

- Joe, dis-je en embrassant ma meilleure amie. Comment vas-tu ?

J'essayais de donner le change. Vous savez ce que dit la pub ? "C'est plus pas facile, que c'est compliqué ?" Ben c'est précisément ce que je ressentais.

Savage, que tout le monde appelait affectueusement Joe, était magnifique. La grossesse lui allait bien ainsi que l'amour. Richard aussi était plus apaisé, plus posé... Il formait un couple désormais solide et je devais avouer que je les enviais un peu...

- Je ne me suis jamais sentie aussi bien.

- S'il te plaît, Lei, dis-lui de lever le pied. Toi elle t'écoutera peut-être ! grogna Richard exaspéré.

- Et depuis quand Joe écoute-t-elle quelqu'un ? je demandais en souriant.

Savage éclata de son rire de cristal et s'assit sur la chaise que Richard lui avait avancée. Une fois tout le monde installé -Adrien à un bout de table et moi à l'autre en face de lui- et la commande passée, Richard se racla la gorge pour attirer notre attention.

- Bon, alors si on vous a réuni ce soir, c'est pour parler de l'organisation du mariage, mais surtout de la soirée de nos vies d'enterrement de garçon et de jeune fille.

Je levais les yeux au ciel. Adrien but une gorgée de Saint Émillion pour se donner contenance en attendant la suite. Hervé et Vincent, quant à eux, ne se tinrent plus.

- Richard, je veux être avec vous pour le choix du costume.

- Hé ! se rebella Vincent. Je t'interdis de mater le cul du futur marié dans une cabine d'essayage sans moi...

Joe pouffa.

- Personne ne matera quoi que ce soit. Enfin, hormis peut-être Lei et Ad...

Je soupirais ulcérée.

- Si tu allais droit au but Joe, et que tu nous expliquais ce que tu attends de nous ?

Elle se versa un grand verre d'eau et échangea un regard complice avec son futur mari.

- Richard et moi aimerions une soirée commune pour fêter la fin de notre célibat. Et comme la tradition veut que ce soit aux témoins d'organiser ça...

Je me crispais un peu plus si c'était possible.

- Savage Joséphine Demercey, es-tu en train sérieusement de suggérer qu'Adrien et moi nous organisions cette soirée ? Genre tous les deux ? Ensemble ?

- Je crois bien que c'est là la définition même de ce mot Michel... laissa tomber Adrien moqueur.

- Quand je vous sonnerez les cloches Erria, je vous préviendrez. Merci.

- Je vous remercie Michel, mais quand j'aurais besoin qu'on me "les" sonne, mes cloches, je sais à qui je m'adresserai... C'est à dire certainement pas vous !

Tu parles ! Connard de menteur en plus !

Joe leva les yeux au ciel agacé. Richard se pinça l'arête du nez. Hervé et Vincent se mordirent les lèvres en tentant de ne pas exploser de rire. Super ! Vraiment génial !

L'Univers est contre moi. C'est définitif.

Je reprenais histoire de bien comprendre dans quoi j'allais m'embarquer :

- Quand tu parles d'une soirée commune, tu penses à quoi ? Resto, boîte de nuit et au dodo ? Ou bien...

Savage me sortit son "Bitch Sourire". Celui qui, je le savais, allait faire de ma vie un enfer pour les six prochains mois à venir....

- Non, non, non. Trop simple pour tous les deux, répondit Richard. Après tout, vous êtes deux des P-DG les plus réputés de France et d'Europe. Rien ne vous résiste, ni personne. A part peut-être vous-même... Donc, Joe et moi avons décidé de vous lancer un défi.

Pourquoi je le sentais vraiment pas soudain ? Je connaissais ma meilleure amie, quand elle avait décidé quelque chose, rien ne l'arrêtait. Et là, ça sentait la poudre à plein nez.

- De quel genre le défi ? demanda posément Adrien.

Le serveur arriva et déposa nos assiettes devant nous. La faim qui me tenaillait le ventre venait de se faire la malle en même temps que le peu de self-control qui me restait. Il était temps de hâter la chose.

Mourir d'accord. Souffrir d'abord ? Sans façon. Je suis plus sado que maso de toute façon. Les coups, j'aime pas les prendre, juste les rendre...

- Allez, abrégez le supplice et crachez le morceau, dis-je en tapant du poing sur la table.

Un verre se renversa. Hervé se posa la main sur le cœur dans un geste d'actrice dramatique qui, en temps normal, m'aurait fait rire. Tout le monde sursauta sauf Adrien. Lui, le jour où quelque chose pourra le surprendre, E.T aura débarqué sur Terre et on aura prouvé l'existence de Dieu...

- Nous avons réservé l'île de la Frégate aux Seychelles pour une semaine, du lundi au dimanche, commence Savage. La soirée aura lieu le vendredi. Nous limitons la liste des invités à quarante personnes au maximum. Pour le reste vous avez carte blanche. La seule consigne est de nous surprendre et bien sûr de ne pas vous entre-tuer.

- Vous partez dans... (Richard regarde sa montre) ...quarante-huit heures.

La tension venait encore de monter d'un cran. Cette fois, je dégoupillais complètement. Comme une grenade en temps de guerre.

- C'est une plaisanterie, j'espère ? Je n'ai pas le temps pour jouer à ça Joe. La signature du contrat avec Poliakoff...

- Je vais gérer, me coupa-t-elle en me lançant un regard assassin. Après tout, je suis ton mandataire, non ?

Hors de question que je me laisse faire.

- Joe, tu es enceinte. Le docteur a expressément recommandé que tu te reposes. Tu te souviens ? Richard, dis quelque chose enfin ?!

- Désolé Lei. Sur ce coup-là, je suis avec elle, me répondit-il en me faisant un clin d'œil.

Je me retournais dépitée, vers Vincent.

- Vincent, tu es mon assistant, sors moi de là. Mon emploi du temps me...

- Je l'ai déjà réorganisé. Et puis tu avais des congés à solder.

Je manquais de m'étouffer. Je me levais brutalement. Adrien m'observa et détailla ma tenue. Pour l'occasion, j'avais sorti ma petite robe rouge cerise qui dévoilait plus de mes courbes qu'elle n'en cachait réellement. Ses yeux virèrent au noir ardent, me liquéfiant sur place.

- Erria ! Vous allez laisser faire ça ?!

- Je n'ai pas plus le choix que vous, je vous signale.

Hypocrite en plus !

- Depuis quand vous vous aplatissez comme une crêpe ?

- Depuis que vous montez en chantilly, mieux que des blancs en neige... A nous deux, on devrait faire un bon dessert...

Je coupais court et quittait le restaurant, outrée.

Et voilà comment je suis rendue dans mon bureau à deux heures du matin.



Back Fire - Edité et en vente-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant