Contrôle

2.2K 211 7
                                    


Leila. Même jour. Islande.

Je finis de me rhabiller et je sors du Blue Lagoon. Elvar me tient la porte. Je rougis quand il me fait un clin d'œil en même temps qu'un baisemain. Je lui souris bravement en me demandant combien de femmes il a vaguement massé et déshabillé pour mon P-DG préféré. Une pointe de jalousie me pique le cœur. Adrien nous regarde et se tend imperceptiblement. Ses yeux ont viré à l'orage. Je monte dans la voiture. Je n'ai pas fini de claquer la porte qu'il a posé sa main sur ma cuisse et la serre. Puis il enclenche la première et nous ramène. Il ne décoche pas un mot de tout le trajet. Sa belle mâchoire carrée est toute crispée... Je cherche à comprendre pourquoi je semble l'objet de sa colère d'un seul coup.

Nous arrivons au chalet. Il entre directement le 4x4 au garage en sous-sol et la porte électrique se referme derrière nous. La lumière s'allume automatiquement. Il se retourne vers moi brusquement ;

- Elvar a beau être un ami de longue date, je ne veux pas que tu joues avec lui.

Sa voix est froide et coupante.

- Pardon ?

Je me recule contre la porte et le dévisage. Il me fait quoi là tout à coup ?

- C'est une plaisanterie Erria, j'espère ?

- Non. J'ai le contrôle. Et toi tu es à moi. C'est notre accord. Ne l'oublie pas. C'est tout.

La colère me submerge par vague. Mais quel enfoiré ce mec ! Je rêve ou bien il me fait une crise de jalousie ?

- Laisse-moi résumer. Tu es en train de me faire une crise de jalousie alors que c'est toi qui m'as forcée à m'allonger sur cette putain de table, que c'est toi qui a initié ce petit jeu avec Dragnar le Viking et que c'est toi enfin qui l'a laissée me foutre à poil !

Ma voix se fait de plus en dure à chaque nouveau mot que je martèle comme le forgeron sa lame d'acier sur l'enclume.

Adrien arrête de respirer et crispe ses mains sur le volant. Je poursuis impitoyable :

- Et maintenant tu m'emmerdes parce que je lui aie sourit quand il me tenait la porte ? Tu fais vraiment un sale hypocrite tu sais ?!

- Attention, Michel, ne me poussez pas à bout... me prévient-il ses yeux lançant des éclairs.

Je donne un grand coup de poing sur le tableau de bord.

- Putain et c'est toi qui me parles de confiance ?

Je deviens hystérique. Je suis venue ici pour être, certes sa chose, mais certainement pas son paillasson. Je descends du 4x4 en hurlant :

- Va te faire foutre, connard !

Je tourne les talons et monte les escaliers qui mènent au salon en courant.

Je l'entends qui me poursuit en soufflant comme un bœuf. Il me rattrape et me plaque contre le mur :

- Vous passez en premier Michel.

Il m'embrasse violemment, avec fureur même. Je gémis quand je voudrais continuer à lui hurler dessus. Je me frotte à son érection quand je voudrais l'exploser par un coup de rotule bien placé... Je me laisse faire quand je voudrais qu'il me lèche les pieds...

- Je veux que tu m'attendes à genou sur le lit et nue. Je te laisse deux minutes. La chambre est en haut à gauche.

Il se recule et sort dans le froid. Je me laisse glisser contre le mur jusqu'à toucher le sol en expirant longuement. Je me rends compte avec horreur qu'au-delà de la colère et de la rage, je suis excitée comme jamais je ne l'ai été.

Oh Mon Dieu ! C'est pas possible ! Je suis en train de devenir quelqu'un d'autre ! Une femme lubrique, perverse et obscène et qui en plus aime ça ! Non parce que j'envisage plus que sérieusement de faire ce qu'il vient de me demander. Je l'envisage tellement bien que je me relève tant bien que mal sur mes jambes tout en me déshabillant pour aller rejoindre le lieu de ma punition.

Mes mains tremblent quand je détache mon soutien-gorge sur le pas de la porte. J'entre dans une pièce au décor tout ce qu'il y a de plus nordique. Tout y est dans différents tons de blanc, crème et taupe. Sauf le lit, King-size naturellement, comme son ego, qui est habillé de draps et d'une couverture épaisse couleur de l'ébène tranchant radicalement avec le reste de la pièce. Des spots, encastrés dans le plafond, diffusent une lumière douce et tamisée. Deux barres d'acier brillantes sont fixées à la tête de lit.

Je déglutis. J'ai un mauvais pressentiment soudain. Me reviens en mémoire une histoire de menottes...

Je monte pourtant courageusement sur le matelas. Ma peau claire contraste franchement sur cette couverture.

Je sursaute quand j'entends la porte d'entrée claquer et ses pas dans l'escalier. L'attente est juste insoutenable. Ma respiration s'est accélérée avec une telle vitesse que j'ai l'impression d'avoir couru un marathon.

Adrien entre et referme la porte derrière lui. Il se retourne vers moi une lueur de profond désir au fond des prunelles. Oui de désir pur et véritable. Jamais je n'avais pris réellement conscience de ce que mot impliquait avant aujourd'hui.

Petit parenthèse étymologique.

Ce mot qui pour la plupart évoque l'envie sexuelle, à une origine bien plus étonnante voire même carrément sidérante... "Désir" est un mot d'origine latine qui vient initialement du verbe "desiderare", qui lui-même s'est formé à partir de la négation du terme "sidus- sideris", qui désigne l'astre, l'étoile ou la planète mais aussi le regret. Au sens littéral, "de-siderare" signifie "cesser de contempler" pour donc mieux consommer... L'idée primaire des latins est donc négative : celui qui désire est en quelque sorte en manque !

Et je vous confirme qu'à ce moment précis et alors qu'Adrien est debout devant moi, toujours complètement habillé, me regardant de toute sa hauteur, je suis en manque. En manque de son corps sur le mien, en manque de sa possession, en manque de sa domination.

Il ne bouge toujours pas un cil, me détaillant comme un loup détaille son gibier... Il penche légèrement la tête sur le côté et je visualise presque les réflexions qui assaillent son esprit. Il ne m'a jamais paru aussi puissamment et dangereusement sexy.

Soudain, il se débraguette et fait surgir son impressionnante érection. Je suis sûre que mes pupilles se dilatent de plaisir et d'envie. Adrien arbore un sourire en coin. Il attrape sa virilité d'une main, pose l'autre derrière ma nuque et s'avance entre mes lèvres.

- Vous avez la langue trop bien pendue P-DG Michel, il est grand temps de l'occuper à autre chose...

Je me passe la langue sur les lèvres dans un geste provocateur. Puis sans prévenir il s'enfonce dans ma bouche. Je tiens bon et entame une douce torture. Quoi qu'il en dise et malgré ma position, c'est moi qui aie le contrôle de la situation à cet instant... Et j'adore ça ! Sa peau est douce, lisse et délicieusement salé après notre bain au Blue Lagoon... Je déglutis plusieurs fois autour de lui, joue avec son gland, le mordille même légèrement jusqu'à ce qu'il explose en jets puissants dans ma bouche secoué par des spasmes impressionnants.

Il ouvre les yeux et me pousse du plat de la main.

Je tombe sur le dos. Il monte sur moi et remonte mes bras. J'attrape machinalement une barre quand...

Clic-clac.

Quoi ???

Il me fait un clin d'œil et me laisse nue et menottée.

- Sois sage.


Back Fire - Edité et en vente-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant