Dix-huit heures...

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Adrien.

Leila a claqué la porte du compartiment au fond de l'avion et y est restée enfermée depuis une heure. Encore une fois, j'ai envie de tout péter. Au moment où elle semble enfin se livrer un peu et même avouer qu'elle ressent un semblant de quelque chose, il faut qu'elle se ferme comme une huître l'instant d'après...

Ça me fait le même effet que quand j'étais môme, dans les manèges de fêtes foraines où on m'agitait sous le nez la queue de Mickey... Déjà à l'époque, quand je n'arrivais pas à l'attraper, c'était la crise assurée. Eh bien Leila a ce putain d'effet sur moi. Tout n'est que frustration et désir. Privation et envie. Manque et convoitise.

Jamais aucune autre ne m'a fait ça et c'est le bordel le plus complet. Je ne sais pas dans quel sens la prendre... Enfin, si. Oui mais non... Bref, vous avez saisi l'idée générale. Je parle au sens psychique bien sûr.

Bon, il faut que je reprenne le dessus. Méthode douce : 0 résultat. Si je tentais, la force ?

Je traverse le jet et vais tambouriner à la porte comme un dératé.

- Michel ! je hurle. Sortez de là !

Elle se décide à ouvrir la porte. Mon poing reste en l'air alors que mon cerveau se fait la malle quelque part très loin dans le cosmos. Elle est pieds nus, en soutien-gorge blanc virginal. Elle a gardé son pantalon de cuir, mais ses cheveux sont mouillés et des gouttes glissent sur sa peau entre ses seins... Elle a tout de la femme mi- Ange, mi- Démon auréolée de sa chevelure flamboyante. Ses iris me transpercent avec colère, tels deux rayons lasers.

Quelqu'un peut-il me rappeler comment je m'appelle ?

En cet instant précis, je ne suis plus qu'un pantin animé par un pur désir animal. Je n'ai plus ni nom, ni prénom. Je n'ai plus, ni famille, ni histoire. Plus de passé, ni de futur. Le mâle en moi prend en main les manettes de mon contrôle moteur. Je plisse des yeux et ne me lasse pas d'admirer sa peau claire. Mon poing redescend le long de mon corps et je me sens durcir instantanément dans mon pantalon. J'avance d'un pas. Elle recule. J'entends une musique hypnotisante dans la cabine : Dégénération de Mylène Farmer.

Mon sourire s'étire. Ironie du sort, Mylène chante " Sexy Coma, Sexy Trauma." sur un fond techno tout à fait approprié.

- Sortez d'ici Erria, me demande Leila tout en reculant encore jusqu'à buter contre le lit.

Je ferme la porte derrière moi et pousse le verrou. Puis, je me retourne et avance encore en enlevant mon sweat d'un geste souple.

- Pas question, Michel. J'y suis, j'y reste.

- Je ne crois pas vous avoir invité.

J'enlève mon polo et mes chaussures et nous nous retrouvons à égalité. Ses yeux brillent d'une lueur fiévreuse.

- Ce n'est pas vous qui m'avez dit un jour, que " La femme pardonnera parfois à celui qui brusque l'occasion mais jamais à celui qui la manque... " ? je lui demande.

- Parce que vous voyez une occasion vous ? me rétorque-t-elle.

J'avance encore et Leila se retrouve assise. Ses genoux heurtent mes jambes. Ma main part à la conquête de son corps. Je trace avec mes doigts un sillon de feu sur sa peau velouté, de sa tempe en passant par sa joue. Je descends le long de l'arête de son menton, avant de bifurquer dans son cou jusqu'à la naissance de sa poitrine. Je me penche sur elle et hume son odeur exacerbée par l'humidité de sa douche récente. Elle inspire doucement et se laisse tomber à plat dos sur le matelas. Ma main reprend son chemin. Je dérive le long de son épaule jusqu'à faire glisser la bretelle de son soutien-gorge.

- Vous êtes bien silencieuse Michel... je murmure en déposant un premier baiser sur le haut de son épaule.

- Vous avez dix-huit heures pour me faire oublier que vous êtes un parfait connard...

Je glousse.

- C'est largement plus qu'il ne m'en faut pour vous faire grimper au septième ciel.

Un sourire se dessine lentement sur son visage jusque-là de marbre. Elle se lèche les lèvres dans un geste volontairement indécent.

- Vu du gouffre duquel vous partez, je crois au contraire qu'il vous faudra au moins ça !

- C'est un défi, Michel ? je lui murmure.

Elle ne me répond pas et commence à me caresser les flancs. La sensation de ses doigts sur mon corps est indescriptible. Elle passe ses mains dans mon dos, avant de revenir devant en me griffant tout du long. Sa façon à elle de me punir. Puis, elle remonte de mes abdominaux, dont elle caresse chaque tablette, jusqu'à mes pectoraux avant de perdre ses doigts dans mes cheveux qu'elle tire avec violence. Mon bas-ventre frotte contre son nombril. Je la laisse jouer avec ce qu'elle croit contrôler de moi. Jusque-là je ne l'ai pas encore embrassée. Mais quand je vais le faire, je jure que sa petite culotte s'enflammera. Ni plus, ni moins.

Je décide d'attiser son désir, comme je le ferais avec de la braise dans une cheminée. Leila a besoin que je la pousse un peu. Que je la fasse aller dans des zones qu'elle n'a jusque-là même pas osé imaginer. Et puis, je connais quand même certaine chose d'elle. Leila est comme moi. C'est un fait qui me frappe désormais. Elle aime les défis : ceux qu'elle doit relever, comme ceux qu'elle lance. C'est une joueuse. Une terrible joueuse même. Je visualise dans ses jolis yeux qu'elle me chauffe pour mieux me punir, pour mieux me châtier...

Mais ce qu'elle ne sait pas c'est que c'est un jeu auquel on peut jouer à deux. Un jeu dont je suis passé maître. Et j'ai dix-huit heures pour ça. Certes, il faudra certainement que j'aille me soulager à un moment, mais c'est un bien moindre mal comparé à ce que j'espère tout à la fin de ma victoire.

Je passe lentement ma langue sur le haut de sa poitrine, puis je souffle sur le chemin humide que je viens de tracer. Sa peau réagit immédiatement Je l'entends qui halète doucement. Je baisse la demie coque de tissu qui recouvre son sein et entreprends la même torture sur son téton ainsi libéré: humidité, chaleur, souffle et fraîcheur. Leila se cambre sous moi. Je glisse ma main dans son dos et mordille son cou avant de faire subir le même sort à son autre sein. Elle geint et cherche mes lèvres que je lui refuse obstinément. Je me frotte de façon très calculé sur son entrejambe que je sens au bord de l'embrasement. Moi-même, j'ai de plus en plus de mal à la torturer, à nous torturer ainsi. Mais elle a besoin d'apprendre qui est le maître de son désir... De son plaisir. Leila aura tout de moi quand j'aurai obtenu tout d'elle.

Ce n'est plus simplement un désir charnel et sexuel. C'est aussi le désir de voir l'autre vous confier son cœur, son âme son esprit. Je veux sa reddition complète et totale. Je veux qu'elle me fasse assez confiance pour me pardonner, pour se laisser aller et pas seulement parce qu'elle a besoin d'un nouveau jouet.

- Adrien... S'il te plaît...

C'est le moment. Je l'embrasse profondément, sensuellement faisant faire à nos langues ce que je refuse à nos corps. Puis, je me redresse, me rhabille et la laisse plantée là sans un regard en arrière.

Le chrono de 18 heures est lancé et je ne céderai pas le premier.



Back Fire - Edité et en vente-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant