Les Diamants de Sang

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Leila.

HEIN ???!!!

J'hallucine ou Adrien "Allumeur " Erria vient de me chauffer à blanc pour mieux me laisser sur le grill ?

Je respire difficilement tellement je me sens spoliée. Je me retourne sur le lit et hurle toute ma frustration dans l'oreiller tout en tapant rageusement des poings sur le matelas.

Au feu les pompiers, y'a ma culotte qui brûle !!!!!!

Cinq mots me viennent à l'esprit. Il. Va. Me. Le. Payer. Putain ! Je le jure sur tout ce que j'ai de plus cher au monde je vais le faire souffrir comme jamais, juste pour avoir osé me faire ça. À moi. Moi : Leila Michel, son associée, son ex et surtout sa Boss.

The Big Chief: c'est moi bordel. Et il a juste un peu oublié. C'est l'heure de remettre les pendules à l'heure, les points sur les "i" à coup de masses et les barres sur les "t" à coup de bélier... Je me propulse du lit, toujours en soutien-gorge et galope à travers le jet en espérant le trouver en train de se taper la tête contre les murs, tellement, il est lui aussi au bord de l'apoplexie génitale. J'imagine même vaguement qu'il va revenir sur ces pas et se jeter à mes pieds pour m'implorer avant effectivement de m'envoyer dans les étoiles...

À part ça, je ne ressens rien pour lui. Non, non, non...

Taux de crédibilité : 0%. Taux de dignité : 0% également.

Je le trouve dans le salon-bureau (et pas à genoux), le combiné de téléphone vissé à son oreille (et non une rose rouge entre les dents). Il se tourne en entendant mon pas. Je m'arrête net à son expression grave et inquiète. Il fixe ses yeux gris, qui ont viré couleur tempête tropicale, dans les miens. Je comprends vite à qui il s'adresse :

- Oui, Joe. Je comprends. Je vais m'en occuper.

-...

- Et bien sûr, personne n'a cru bon de m'en informer ! tonne-t-il de sa belle voix de stentor. Merde ! Je fais partie de cette équipe oui ou non ?!

-...

- Tes excuses, c'est du bidon, Joe. J'ai les nerfs, là immédiatement. Rappelles-moi de dire à mon frère de te mettre une bonne fessée...

-...

- Oui. Parfaitement, tu m'as bien entendue. Toi comme Leila, vous mériteriez une bonne dérouillée arrière, à ne plus pouvoir vous asseoir pendant quinze jours. C'est bien beau d'être loyale l'une envers l'autre, mais nous sommes là nous aussi, et Hervé, Vincent et tous les salariés de S.C ! Sans compter la Fondation ! C'est trop grave cette fois-ci ! Tu te rends compte ? Les flics, merde ! Et Interpol !

Je me tends à mon tour et je fronce les sourcils. Je m'approche d'Adrien, mais celui-ci lève sa paume vers moi dans un geste universel pour m'intimer de ne pas aller plus loin. Cette fois, il est réellement en colère contre moi. Je le sais. Je le sens. Mais qu'est-ce que j'ai bien pu faire pour le mettre dans cet état subitement ? Et qu'est-ce que Joe est en train de lui raconter à l'autre bout du fil ?

- Vous êtes en sécurité au moins toi et Richard ? demande-t-il. Et à S.C ?

-...

- Ouais, c'est trop facile ça Joe ! On en discutera à notre retour.

J'entends Savage qui lui demande encore quelque chose. Adrien se déride un peu, me regarde de haut en bas d'un air canaille et lâche :

- Oh, je vais m'assurer qu'elle obéisse pour une fois... Crois-moi, je ne lui laisserai pas vraiment le choix !

Je croise les bras pour me protéger et serre les dents. C'est de moi qu'on parle là ? Non parce que je suis là !!! Coucou !!!

- Soyez prudents tous. Donnez-nous des nouvelles régulièrement. Bye.

Il raccroche et me fait complètement face. Adrien le joueur a disparu. J'enfile ma combinaison mentale de dictateur, chef suprême et commandant des armées. Appelez-moi Napoléon, Attila le Barbare, et Vlad l'Empaleur.

Oui, oui tout ça. Il va me falloir au moins tout ça au vu du coup de tabac, qui je sens va s'abattre sur moi.

- Tu comptais m'en parler quand exactement ? me demande-t-il d'une voix froide et dure.

Je hausse un sourcil. Prudence étant mère de sûreté...

- Te parler de quoi ?

- Les menaces de mort, la tentative d'enlèvement et les courriers d'intimidation... égraine-t-il sur ses doigts.

Je pince les lèvres. Adrien me fait peur soudain tant son calme semble maîtrisé et contenu... Je lis dans ses yeux la fureur qu'il retient difficilement.

- Alors quand ? hurle-t-il soudain.

Je me tasse un peu sur moi-même je dois le reconnaître. Adrien a l'air plus grand subitement, plus anguleux, plus froid, plus guerrier presque...

- Tu n'es pas concerné par ça Adrien, je tente. Ça ne me fait pas peur. Et puis ça date d'avant ton arrivée à S.C. Ne te mêle pas de ça.

- Ne te mêle pas de ça ? C'est tout ce que tu trouves à me dire ? Joe vient de m'appeler pour me dire que les flics sont dans nos locaux à cause d'une information qu'Interpol vient de leur communiquer... Une information selon laquelle un contrat serait sur ta tête... Tu sais encore ce qu'est un contrat Leila ? Ou bien faut-il que je te fasse un dessin ?

Je soupire et m'assois sur le fauteuil. Je frissonne soudain. Adrien est tendu comme un arc. Il ôte son pull, me le tend et s'accroupit en se plaçant entre mes jambes. Même comme ça il me dépasse de vingt bons centimètres. Je l'enfile en respirant son odeur musquée et légèrement boisée. Puis, je m'explique :

- Je tente d'implanter la fondation dans trois zones à risque d'Afrique : dans le triangle du trafic des Diamants de Sang. Je l'ai fait pour une raison principale : aider les populations sur place à pouvoir vivre dans la paix et surtout du fruit de leur travail. Mais la vérité, c'est que j'ai reçu une demande officieuse de l'ONU et de la CPI.

- La Cour Pénale Internationale ?

- Oui, ils voulaient se servir de ma fondation pour recueillir des informations. Pour arrêter le massacre. Je ne pouvais pas dire non.

- Alors tu t'es mise en danger volontairement ? Tu as accepté à les aider à traquer des trafiquants d'armes, de drogue, de diamants ? Des tueurs ? Merde Leila mais à quoi tu pensais exactement ?

Adrien se lève et fait les cents pas en secouant la tête.

- Arrête de me faire la morale Adrien, lui dis-je.

Son ton de chevalier protecteur outré commence à faire monter ma pression artérielle.

- J'ai fait ce qu'il me semblait juste de faire. C'est tout. Des menaces de mort ? La belle affaire ! Je sais me défendre. Je n'ai besoin de personne pour ça.

Adrien se retourne et explose :

- Putain, mais t'es conne ou tu le fais exprès ? Ce n'est plus seulement après toi qu'ils en ont maintenant ! Si les flics sont venus, c'est parce qu'ils ont trouvé des dossiers sur tous ceux qui te sont proches : Joe, Richard, Hervé, Vincent, Moi... Tout le monde. Ils ont même découvert un dossier avec notre heure de départ aux Seychelles ! Tu saisis mieux le problème là ?!

Je sens mon visage se vider de son sang. J'ai peur soudain, c'est vrai. Une peur viscérale et animale. Mais pas pour moi. Pour ceux de mon clan. De ma meute. Parce que c'était mon rôle de les protéger de ça et qu'ils ont maintenant en danger à cause de moi... Adrien comprend ma détresse. Il me serre dans ses bras.

- Je ne laisserai rien t'arriver. Jamais.


Back Fire - Edité et en vente-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant