Le renne et la princesse

2.2K 225 4
                                    

 Nuit du 7 au 8 Mars 2015. Leila.

Je rentre enfin chez moi. Il est trois heures du mat' et je suis épuisée, mais curieusement apaisée. Enfin. Je sais ce que je dois faire. Je l'ai toujours su en fait. Mais toute la question reste de savoir "comment" je vais le faire.

Ramper c'est une chose, mais le faire sans que ça ait l'air d'une humiliation humiliante s'en est une autre...

Adrien semble vouloir allumer le calumet de la paix. Ces derniers mots le prouvent. Toute la question reste donc de savoir, quand ce sera fait, si nous pourrons passer tous les deux au-delà de ce à quoi nous sommes habitués. Ni lui ni moi n'avons l'habitude du compromis, du lâcher-prise, du premier pas.

Je décide du premier pas. J'espère qu'il me suivra.

En rentrant chez moi, je retrouve un mot de Joe posé à côté de mes affaires :

"Tu me manques Lei. Appelle-moi dès que tu rentres. Je t'aime Joe"

Je souris. Ouais, toi aussi tu me manques ma Joe...

J'attrape mon Black Berry. J'ai un nombre incalculable de messages et de mails en attente. Mais un seul me fait monter le palpitant à 10 000 tours/minutes et il date d'il y a une heure à peine !

Un accès de colère me submerge aussi. Je me pince l'arête du nez et respire profondément. C'est un tel connard ! Comment a-t-il su et surtout quand, que je voulais faire le premier pas ! Merde ! Il m'a grillé la priorité et ça m'HO.RRI.Pi.LE. !!!!!

Raghhhhh !!!!!

[Il fait froid en Islande. Aurait bien besoin de quelqu'un pour me réchauffer...]

Je pouffe et secoue la tête.

[Je m'appelle Leila, pas Elsa. Ne suis pas fan de la Reine des Neiges... Essaie la fourrure de renne, il parait que ça tient chaud...]

Sa réponse ne se fait pas attendre.

[ Libéréééeee, Délivrééeeee !!!! Je décline pour le renne. Moi, ne suis pas fan de Rudolph au nez rouge. Je préfère encore finir congelé et tout raide...]

Je m'assoie sur mon fauteuil prise d'un fou rire incontrôlable. Je lui renvoie :

[J'aime quand tu es raide ;-) Ceci dit j'apprécierai de te monter sur bâtonnet ! Tu ferais le plus beau des esquimaux. Mieux que chez Miko !]

Je clique sur envoyer. Il met du temps à me répondre cette fois-ci et je surveille mon écran comme une pré-pubère au taux d'hormones plus élevé que celui d'une chatte en chaleur...

Comme aucun message ne vient, je commence à sentir mon moral tout beau tout neuf flancher. Je décide d'allumer ma Ipod et d'aller me doucher pour patienter. Faut dire que je dois sentir aussi fort que ce cher Rudolph...

Une bonne demi-heure plus tard, j'ai droit à un long message sonore cette fois-ci. Sa voix grave de stentor résonne dans mon oreille :

" Je suis quasiment certain que tu préférais me lécher moi plutôt que Miko... J'ai bien meilleur goût, mais ça je crois que tu le sais déjà. Sais-tu seulement ce que je te ferais si tu étais là ? Sais-tu seulement comment je te le ferais ? (...) "

Il se tait pendant un long moment. Je n'entends que sa respiration dans le combiné, lente, rauque et terriblement sexy. C'est comme si je pouvais sentir ses doigts sur moi. Je me sens me liquéfier. Alors que je suis nue enroulée dans une serviette, mon corps cherche sa caresse... Sa voix se fait de velours et reprend :

" J'ai une proposition à de faire P-DG Michel. Une proposition que tu n'es ni en droit de me refuser, ni en droit de négocier. Je te veux pour moi seul, docile et soumise en Islande. Je te veux à ma disposition permanente pour mon bon plaisir et mes désirs les plus inavouables... "

Re-silence et halètements virils qui me font quasiment décoller dans la stratosphère. Oh my God ! Est-ce qu'il s'imagine sérieusement que je vais me plier à ça ?!!!!

Le message reprend :

" Je veux que tu assouvisses tous mes caprices et toutes mes envies. Je veux t'apprendre à me faire confiance. T'y obliger même. Je veux te salir pour mieux te vénérer, t'avilir pour mieux te purifier, te soumettre pour mieux te posséder. Je veux que tu saches sans l'ombre d'un doute que tu m'appartiens depuis le tout début... Depuis ce jour où tu t'es livrée à moi dans mon bureau. Que dis-je SUR mon bureau... Je veux que toutes les parties de ton corps et de ton âme se souviennent qu'elles sont à moi et rien qu'à moi. Je veux qu'elles réagissent uniquement en ma présence et pour ma délectation personnelle et obscène. Oui obscène..."

Je suis sur le cul. Littéralement. J'ai du reposer mon fessier sur son fauteuil car mes jambes flageolaient tellement que j'ai bien cru que j'allais tomber. Je savais Adrien dominant au lit, mais là c'est bien plus que de la domination ce qu'il me demande... C'est... extrême pour moi. C'est comme si vous demandiez à quelqu'un qui a le vertige de faire du saut à l'élastique du haut du Golden Bridge !

Est-ce que j'en suis capable ?

Sa voix me fait sursauter quand il continue :

" Si tu signes cette proposition indécente, il n' y aura pas de retour arrière possible. Si tu me donnes ton accord alors tu t'engages à me laisser un contrôle absolu et pervers. Je t'emmènerai sur des chemins dont tu n'imagines même pas la nature charnelle et voluptueuse. Je serai insatiable, avide et vorace. Oui vorace. Je te dégusterai petit à petit Ton plaisir sera le mien, mes désirs les tiens. "

Le message vocal se termine et est suivi immédiatement d'un texto :

[Maintenant touche-toi. C'est un ordre.]

J'écarquille les yeux. Que... quoi ? Mes mains tremblent. Ma respiration s'accélère. Je ne sais pas quoi faire. Est-ce que j'ai envie de ça ? Est-ce que j'en suis rendue là... ? Accepter d'être sa chose, son objet ? Est-ce pour le récupérer je vais devoir en passer par là ? La fin justifie-t-elle les moyens ?

Je suis devant mon écran indécise et dans la confusion la plus totale. L'économiseur d'énergie s'enclenche assombrissant les mots. Mais mon Black Berry se rallume :

[Ne réfléchis pas trop. Ma patience a ses limites. Touches-toi. Imagine que tes doigts sont les miens...]

Mes yeux sont hypnotisés par ses mots. Ma main tremblante remonte doucement ma serviette sur ma cuisse, descend vers mon entrejambe en écarte les lèvres et cherche mon clitoris...

[Ça y'est ?]

J'ai du mal à lui répondre d'une main, mais je pianote :

[Oouii]

[C'est bien. Est-ce que tu me sens bien ?]

Mon Black Berry tremble entre mes doigts au même rythme que le plaisir qui monte au creux de mon ventre. Je ferme les yeux brièvement et les ré-ouvre pour écrire :

[ Ouuii ]

[ Est-ce que c'est bon ma belle ? ]

Seigneur ! Comment lui dire que l'explosion qui se prépare va ruiner le tissu du fauteuil à quinze milles sur lequel je suis assise ?

Ma main s'agite de plus en plus vite. De plus en plus fort. Je ferme définitivement les yeux et imagine Adrien sur moi, en moi. Son regard gris orage me tient en otage et je me rends compte soudain que je fantasme sur ça. Son contrôle de ma personne. J'en ai besoin même. Je lâche prise. Je jouis violemment en gémissant.

[ Est-ce que c'était un bel orgasme ? ]

[ Oh oui !]

[ Tu viens de signer.]

En fond sonore Portishead et Glory Box...

Prémonitoire ?  

Back Fire - Edité et en vente-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant