Back Fire - Edité et en vente-

Echange

Adrien Même Jour.

Leila plante son regard vert émeraude dans le mien. Elle est déstabilisée par ma nouvelle approche, je le vois. Mais en même temps, son corps frémit d'impatience et d'anticipation.

Je sais lire les signes indiscutables de son désir. Elle caresse machinalement son agrafeuse du bout des doigts. Mes yeux suivent la trajectoire de son index sur l'inox glacé de l'objet puis se reporte sur elle et dévale les courbes de son corps. Je ne dis rien et laisse un silence suffocant s'installer.

Elle déglutit à plusieurs reprises cherchant manifestement par quel bout prendre cette conversation qui s'annonce. Je fixe à nouveau mes pupilles dans les siennes et lui affiche mon air arrogant mâtiné d'une bonne dose de sex-appeal. Je soulève un coin de ma bouche en un sourire coquin et polisson, qui je le sais, va immanquablement faire surgir dans son esprit tout un tas d'images interdites au moins de 18 ans...

Leila rompt le contact visuel, croise et décroise les jambes dans l'autre sens en lissant sa robe sur ses cuisses, pour masquer la tension qui doit se propager au creux de son ventre jusqu'entre ses jambes. Elle cherche, je suis sûr, dans son cerveau un sujet de conversation neutre qui ne l'amène pas sur un terrain... glissant...

Je décide d'abréger ses souffrances. Enfin, façon de parler. Je rapproche mon fauteuil de sa table de travail, pose un coude sur le plateau en verre, et la regarde par en dessous de façon parfaitement impitoyable. Elle inspire doucement à la recherche de son air.

- Si nous commencions par le commencement, je lui dis de ma voix la plus grave et la plus basse. Si vous me disiez ce que vous attendez de notre... partenariat.

Leila se mord la lèvre brièvement, s'avance à son tour en s'accoudant, et penche légèrement la tête sur le côté. La pointe de son escarpin frôle la jambe de mon pantalon. C'est léger et fugace, mais c'est bien réel et j'en suis ravi.

- Eh bien, je dirais que j'attends un échange...

- Voyez-vous ça ? Un échange ? Précisez.

J'ordonne imperceptiblement, mais j'ordonne quand même.

- J'attends que vous nous apportiez vos compétences en matière de développement de gros marchés. En matière d'investissement également et de marketing. J'apprécierai aussi que...

Elle hésite.

- Que ?

Nouvelle question sèche et implacable.

- Que je puisse me reposer sur vous quand je m'occupe de la fondation. Que vous me remplaciez, en fait.

- C'est tout ?

Elle esquisse un vrai sourire cette fois et lève un sourcil amusée.

- Prouvez-moi déjà que vous pouvez remplir ces missions et nous verrons pour le reste, me rétorque-t-elle en essayant de reprendre le dessus.

Je ne suis cependant absolument pas décidé à la laisser mener la barque. Dans les affaires, comme dans la séduction, j'ai toujours commandé et assujetti mes concurrents ou mes cibles... Leila ne fera pas exception à la règle. Puisqu'elle veut savoir qui je suis, je vais tout lui montrer. Tout lui donner.

Je fronce les sourcils d'un air profondément mécontent. Je me recule pour m'adosser sur mon fauteuil, rompt le contact physique de nos jambes et lui lance sévère et autoritaire :

- J'ai quelques attentes moi aussi et il est absolument hors de question de passer outre.

Leila pince les lèvres. Je vois la chair de poule parcourir la peau délicate de son avant-bras.

- Lesquelles ? me demande-t-elle d'une voix qu'elle tente d'affirmer.

Je préfère ne pas répondre immédiatement et la dévisage longuement pour faire monter la pression. Leila a du cran cependant. Pas une seule fois son regard ne dévie du mien. Mais son corps, lui, est dans l'affolement le plus total... Je sens l'odeur du désir sur elle. De son désir qui afflue à la surface de son sexe... Elle a beau serrer les cuisses et contracter l'intégralité de ses muscles, elle ne peut pas me cacher ça. Ses seins sont gorgés de l'attente que je les touche et ses tétons se dressent pour me souhaiter la bienvenue... Je connais son corps. Mieux qu'elle même d'ailleurs. Et là, sa petite culotte doit se consumer tout doucement...

- J'attends de vous que vous me laissiez une liberté totale de mouvement. Vous devez apprendre à me faire confiance et ne pas remettre en question mes choix. Et si je dois vous remplacer, vous devrez vous en remettre à moi, corps et âme, si je puis dire...

J'ai choisi très soigneusement mes mots. Et il n'y a rien d'innocent dans ce que je viens de lui dire. J'annonce clairement la couleur. Aussi bien sur le plan professionnel, qu'émotionnel. Aussi bien sur le plan physique, que psychique. Je joue sur le double sens et j'espère bien que Leila me suivra là aussi.

Et il faut qu'elle me suive. Il le faut. Jamais je n'ai autant désiré qu'une femme fasse partie de ma vie comme ça. Moi je serai prêt à remettre mon entreprise et ma vie aussi entre ses mains. Parce que je sais qu'elle a les capacités d'assumer ça. Parce que je la connais. Parce que j'ai eu le temps de l'observer dans son habitat naturel si je puis dire... Mais la réciproque pour elle n'y est pas. Et c'est là où effectivement, ça ne pouvait pas marcher. Nous nous sommes systématiquement combattus, mais jamais elle ne m'a vu à Erria Industries, dans mon rôle de P-DG. J'ai engagé un privé et je sais tout de sa vie, mais jamais elle n'a eu accès au début du commencement d'un bout d'histoire à mon sujet. Hormis peut-être les quelques rumeurs sur ma tendance à aimer les blondes soumises...

Son point de vue a été biaisé depuis le départ, et je lui dois de rétablir la vérité.

La vérité c'est que je suis inflexible, autoritaire et parfois même immoral. Je suis souvent sur la ligne jaune et j'adore jouer avec les femmes à toutes sortes de jeu plus ou moins intenses...

Oui j'ai mis le doigt sur le mot. Dans le petit monde des dominants de la capital, nous avons tous une spécificité. Une distinction. Marjorie, c'est son incroyable contrôle. Moi, c'est mon intensité. Et je crois que Leila a été attiré par ça au départ : l'intensité.

C'était une évidence entre nous. Pourtant, nous n'arrivions pas à la contrôler. Ni elle, ni moi. Moi parce qu'elle me résistait encore et toujours ; et, elle parce qu'elle recherchait sans vraiment l'exprimer le lâcher-prise et la soumission...

Nous nous sommes télescopés tout en se ratant... Formidable, non ?

Il est grand temps que nous nous télescopions pour de bon. Et de préférence aussi bien à la verticale qu'à l'horizontale.

Je me lève et contourne son bureau. Elle se lève à son tour. Je la surplombe de toute ma carrure. Mes habits noirs doivent me donner l'allure d'un prédateur...

- Comprenez-vous ce que cela implique Mlle Michel ? Comprenez-vous que si vous vous en remettez à moi, je me donnerai à fond. En échange, je vous demanderai de me laisser... pénétrer votre monde de pierres précieuses. Je veux tout connaître des techniques d'extraction et des diamantaires. Je veux... tout de vous.

Elle avale sa salive.

- Oui.

- Oui quoi ? j'ordonne encore une fois.

- Donnez-moi tout... et je vous donnerai... tout.