Le début du reste de ma vie...

2.8K 265 3
                                    

Leila.

Je grimpe les escaliers qui mènent à la chambre quatre à quatre et claque la porte comme une folle furieuse.

Un flic. Bordel ! C'est un flic !

Niveau de paranoïa : 100%.

J'ai encore envie de crier. Et si je m'écoutais, à la fin du séjour, je finirais, sans cordes vocales.

Pourquoi, mais pourquoi faut-il toujours que les mecs qui me plaisent soient des menteurs pathologiques, doublés d'une arrogance frôlant l'indécence ?

Le problème vient forcément de moi. C'est obligé. Je les attire.

Je me jette sur le lit à plat dos et laisse mes yeux voguer dans le blanc du plafond. Il faut que je parle à quelqu'un où je vais vraiment disjoncter.

Je tente à nouveau ma chance avec Joe et allume mon ordinateur.

Je ferme les paupières de soulagement quelques minutes plus tard, quand elle décroche sur Skype, un sourire immense vissé sur son visage. Elle me manque.

- Alors, vous êtes toujours en vie ? rigole-t-elle.

- Je te jure, Joe, dès que tu as accouché, je te fais vivre un enfer...

- J'adore toute la reconnaissance que tu mets dans ses paroles, ma Lei...

Je soupire.

- Ça va vous sur Paris ? je demande inquiète.

Savage redevient sérieuse. Elle secoue ses boucles brunes et avance un doigt colérique vers l'écran.

- Je t'interdis de te préoccuper de nous. Nous sommes bien protégés. Et en plus de la police, Richard a engagé des gardes du corps. Je te jure, nous sommes cernés.

Je me pince les lèvres guère convaincue.

- Vincent et Hervé ? S.C ?

- Adrien a fait ce qu'il fallait Leila rassure-toi.

- Adrien ?

Savage pouffe.

- Ouais... Pendant que tu te perds on ne sait-où, il fait ce qu'il y a à faire lui au moins...

J'entends comme un léger reproche dans sa voix. Je me tends. Elle a raison, je ne suis plus moi-même en ce moment.

- Joe, je...

- Lei... Je ne reproche rien tu sais ?! me dit-elle d'une voix apaisante. Si je t'ai piégée avec lui, c'est pour que vous fassiez le point. Tu en as besoin et Adrien aussi. Vous vous tournez autour, comme deux lions dans une même cage. Il faut que ça s'arrête. Il faut que vous appreniez à vous faire confiance. Il faut que vous vous apprivoisiez... C'est nécessaire. Pour vous. Pour l'entreprise. Mais aussi, pour notre famille.

- Je sais, tu as raison. Mais...

- Mais quoi ?

- Je n'arrive pas à oublier ses mensonges... Sa trahison...

Savage se tait un instant. Elle plisse des yeux. Je sais qu'elle est en train de choisir ses mots. Son métier d'écrivain fait d'elle quelqu'un de redoutable sur ce point. Parce que je sais à cet instant précis que chaque phrase qui va sortir de sa bouche, va me toucher, me percuter...

- Adrien n'est pas César. Tu en as conscience ? Et il n'est pas ton grand-père non plus. C'est vrai, il a totalement merdé. Et crois-moi, tous les jours où tu étais en Colombie, je le lui ai rappelé. Mais c'est aussi quelqu'un de bien. Je l'ai vu. Quand tu étais là-bas, il s'est démené pour obtenir tout ce que tu voulais. Il n'y connaissait rien et pourtant, il a géré. Il a plus que géré même. Tu projettes tes angoisses et ton passé avec César et ton grand-père sur lui et votre relation. Ce n'est pas bon. Et tu as parfaitement conscience quelque part... Sinon, pourquoi tu douterais autant ? Ce n'est pas de lui que tu as peur. En fait, c'est toi qui ne te fais pas confiance.

Back Fire - Edité et en vente-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant