- Vous permettez ?

- Mais je vous en prie.

Je décachette le pli épais et fais glisser entre mes doigts les éléments qu'il contient.

J'ai dans les mains plusieurs balles de revolver.

Je me fige pétrifiée. Adrien se lève et lâche une bordée de jurons. Il ramasse l'enveloppe que j'ai lâchée et en retire une photo de moi, probablement prise à mon insu et au téléobjectif. On me voit chez moi, à travers la fenêtre de mon manoir et je suis à moitié nue puisqu'en train de m'habiller...

Un mot l'accompagne :

" Nous n'en avons pas fini..."

Je m'écroule pour de bon sur ma chaise au moment où un claquement sec retentit et où la vitre de ma fenêtre se brise.

Je n'ai même pas le temps de crier qu'Adrien se jette sur moi.

- Merde...

- Où est Mayorca ?

- Je...

- Leila, où est le commandant ? Il faut qu'on te sorte d'ici.

Je me reprends sous son ton impérieux.

- Il devait aller au 36 quai des orfèvres. Il devait y retrouver un agent de la CPI. Il doit revenir...

- Appelle-le tout de suite. Je t'emmène.

Il se place entre moi et la fenêtre, et me protège de son corps.

- Adrien, attends... On peut peut-être attendre qu'il...

- Hors de question ! On bouge tout de suite. Tu es suivie Lei, et visiblement, si tu ne te retires pas d'Afrique, ils vont t'éliminer ni plus ni moins. Ils sont passés à la vitesse supérieure. Je ne le permettrais pas. Bordel, ils t'ont photographiée chez toi et ils viennent de te tirer dessus !

- Mais où veux-tu que j'aille ? L'audience pour le procès est dans moins de quatre jours maintenant ! Je ne peux pas quitter Paris.

Je commence à un peu paniquer, je le reconnais. On vient de me tirer dessus en plein milieu de Paris...

Je me mords les lèvres violemment et frissonne d'effroi. Adrien m'entoure de son grand corps. Ses yeux expriment une fureur sans nom.

- Viens, on sort maintenant.

Il m'entraîne et je n'ai pas d'autre choix que de lui obéir. Il ouvre la porte d'un coup et me pousse à l'extérieur du bureau. Il attrape son Black Berry et compose un numéro.

- La voiture, en bas immédiatement, commande-t-il à son chauffeur.

Il raccroche. Nous passons devant Vincent qui se lève à notre approche.

- Il faut qu'on file d'ici Vincent. Rapidement.

- Qu'est-ce que... ?

Adrien jette sur son bureau l'enveloppe et les balles.

- Tu donneras ça à Mayorca, quand il reviendra.

- Putain ! C'est ce que je pense ?

- Oui, j'emmène Leila. Préviens mon frère et tout le monde. Nous ne reviendrons pas avant le procès.

- Mais vous allez où ? nous crie-t-il alors même que nous passons la porte qui nous emmène aux escaliers de secours.

- Moins tu en sais, mieux ça vaudra ! lui lance-t-il.

La porte se referme et Adrien me tire par la main avec une force peu commune.

- Adrien ! Arrête ! Tu me fais mal... Il faut qu'on réfléchisse avant de faire n'importe quoi !

Nous venons de dévaler trois étages, quand j'arrive enfin à me dégager de son emprise. Je stoppe net et reprend mon souffle. Il remonte vers moi, furax.

- Qu'est-ce que tu fous Leila ? On n'a pas le temps de jouer .

- Je ne peux pas partir et tout abandonner. C'est comme si je les laissais gagner !

Il me scrute avec une telle insistance que j'ai peur qu'il ne me fasse un AVC soudain. Je pose ma main tremblante sur sa joue.

- Adrien ?

Il me pousse contre le mur et m'embrasse férocement. Son baiser est urgent, dévastateur et teinté de sa peur pour moi. Je plaque mon corps contre le sien et répond à ses lèvres qui me dévorent. Puis, il s'arrête et pose son front contre le mien et tiens mon visage en coupe dans ses grandes mains.

- Je refuse qu'il t'arrive quelque chose. On reviendra le jour du procès, je te le jure. Mais pour le moment, on s'en va. OK ? Je dois te mettre à l'abri.

Je déglutis.

- D'accord, je capitule. Dis-moi juste où on va alors...

Il hésite.

- Tu verras bien.

Puis il m'entraîne à nouveau sans un mot.

Back Fire - Edité et en vente-Where stories live. Discover now