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— Ayden, tu restes avec moi. Je n'ai pas envie de me faire embobiner...

— Ne t'inquiète pas.

Nous attendons notre tour chez le notaire. Après ces quelques jours à Perpignan, j'ai les idées claires et je sais ce que je veux faire de ce café : le rénover et le garder. Il s'agit du dernier cadeau de mon père, je l'aurais regretté si j'avais refusé. Cet endroit est ma seconde maison. J'y ai passé tellement de temps que je le connais par cœur, jusqu'à la moindre fissure.

La porte s'ouvre et le notaire en sort, accompagné d'un client. Ils se saluent puis il s'avance vers nous.

— Bonjour Mademoiselle Moreau. Monsieur ?

— Monsieur Meyer, répond sa voix grave.

Ils se serrent la main puis nous suivons Monsieur Boyer dans son bureau. Nous nous asseyons en face de lui. Son diplôme est affiché, encadré. Le moment me paraît solennel.

— Bien, avez-vous pris une décision ? s'enquiert-il, remontant ses lunettes sur son nez.

— En effet.

Cette dernière semaine, j'ai relu maintes et maintes fois la lettre de Jacques puis tout m'a semblé clair. Je devais garder le Passe-Temps, c'est ma destinée.

Je prends la main d'Ayden, cherchant un soutien qu'il sait m'apporter sans faille.

— J'ai décidé d'accepter, annoncé-je, presque émue.

— En êtes-vous sûre ?

— Oui.

Ma voix se fait hésitante face à cet homme imposant. Ses yeux me transpercent et il me semble beaucoup moins sympathique que la première fois.

— D'habitude, les héritages sont compliqués et ceux qui les reçoivent doivent payer beaucoup d'argent. Seulement, il avait manifestement tout prévu depuis longtemps. Il a fait en sorte que tout soit simple, que vous n'ayez aucun centime à débourser.

Je vois qu'Ayden l'écoute attentivement, comme s'il cherchait un mensonge. Il prend la parole pendant tout le reste de l'entretien. J'entends tout, mais je n'y connais rien donc je préfère me taire, anxieuse.

Au bout d'un long moment, le notaire nous tend un paquet de feuilles agrafées. Apparemment, il faut que je les signe. D'une main fébrile, je les attrape et les feuillette rapidement, perdue.

— Il faudrait que je récupère ce dossier signé dans un délai maximum d'une semaine.

— Et, quand pourrai-je me savoir propriétaire ? je questionne, nerveuse.

— Vous avez déjà les clefs.

— Ce n'est pas la question qu'elle vous a posée, intervient Ayden.

— D'après son testament, il aurait aimé que ce soit le plus rapidement possible. Vous pourrez rouvrir le café en votre nom d'ici deux mois, minimum.

— Pas avant ? m'inquiété-je.

— Non, vous n'en avez pas le droit.

Si le Passe-Temps reste fermé si longtemps, comment vais-je occuper mes journées ? Surtout, de quelle façon vais-je pouvoir vivre ? Et avec quel argent ?

— Puis-je commencer les travaux envisageables pendant ce laps de temps ?

Il hésite quelques instants, mais si je veux pouvoir effectuer ces changements, il s'agit de la seule solution. Déjà qu'en tout, je vais devoir fermer pendant quasiment trois mois, si en plus je dois allonger cette période de fermeture, je ne m'en sortirai jamais...

Avec ou sans sucre ?Where stories live. Discover now