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J'ai peur de sortir de chez moi, c'est idiot. Pourtant, il faut que j'aille au Passe-Temps.

Même si plus d'une semaine a passé, je ne parviens pas à passer au-dessus de toute cette histoire. La colère ne faiblit pas.

Je lâche un soupir fébrile puis pousse la porte de mon immeuble. Malheureusement, je n'ai pas fermé l'œil de la nuit. Je n'ai plus envie de fournir le moindre effort pour les autres, c'est terminé. J'ai l'impression de redevenir la fille que j'étais avant Jacques et Ayden. Je me trouve tellement ridicule...

J'atteins le bistrot sans encombre et lorsque j'y rentre, je lâche un long soupir de soulagement. Par précaution, je verrouille derrière moi et m'affaire à la vaisselle du repas de la discorde qui patientait depuis le temps.

De l'eau éclabousse mes chaussures. Malencontreusement, je glisse légèrement et une assiette tombe par terre, se brisant. Tout va de travers en ce moment, je n'en peux plus. Pendant que je nettoie les dégâts, un bout de porcelaine me taille la main.

— Bon sang, râlé-je.

Pansant ma plaie, j'observe la salle. Les cloisons ont été peintes dans une couleur plus claire. Un mur en pierre apparente a été laissé tel quel. Le mobilier a été changé, lui aussi. Tout cela, je l'ai réalisé avec Ayden. Tout revient toujours à lui.

Je ne comprends pas. Il a été présent pour moi pendant toutes ces semaines, même avant. Alors, pourquoi agir ainsi dans mon dos ? S'il me l'avait dit dès le premier jour, les choses auraient été entièrement différentes. Je lui aurai probablement donné une chance. C'est trop tard maintenant.

Dire qu'il y a peu, tout allait pour le mieux. Certes, Ayden se disputait avec ses parents. Toutefois, j'aurais été l'épaule qu'il m'a toujours offerte. Puis Henry a parlé alors qu'il n'aurait pas dû et tout a changé, radicalement.

J'entends quelqu'un toquer sauf que je ne vais pas ouvrir.

— J'ai le mot de passe si tu veux ! s'exclame une voix féminine. Ayden est un abruti. J'ai bon ?

Derrière la porte, je découvre Ambre avec surprise.

— Je te préviens, c'est toi l'abrutie, pas Ayden.

— Que fais-tu là ? bredouillé-je.

Je m'efface pour la laisser entrer, ne comprenant pas la raison de sa présence ici.

— Je t'ai appelée et tu ne répondais pas alors, j'ai joint Ayden. Complètement paniqué, il m'a tout expliqué. Lorsque je l'ai appris, je suis venue ici. Tu vas bien ? raconte-t-elle, anxieuse.

En guise de réponse, je hausse les épaules. Elle secoue la tête, une expression désapprobatrice sur le visage. À cet instant, je découvre mon téléphone sur le comptoir. Il a encore le double des clefs pour les travaux, il a dû le déposer ici... Quant à mon amie, je n'ai pas voulu la déranger. Elle est en pleine période d'examens à l'université. Du coup, je lui en ai vaguement réellement parlé via les réseaux sociaux. Ne souhaitant pas l'alarmer, j'ai préféré tenter de gérer cela seule.

— Qu'y a-t-il ? m'enquiers-je, verrouillant le bistrot derrière elle.

— Tu n'aurais pas dû fuir, me reproche-t-elle

— Je veux qu'il s'en aille, marmonné-je, retournant derrière mon bar.

— Au risque de te décevoir, son bateau est toujours sur le port.

— Super...

— Tu pourrais au moins accepter de parler avec lui, suggère-t-elle, s'adoucissant.

Avec ou sans sucre ?Όπου ζουν οι ιστορίες. Ανακάλυψε τώρα