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— Rosie, tes affaires sont prêtes ? s'informe Ambre.

Ce soir, nous partons pour Perpignan, elle n'a de cesse de me le répéter, visiblement enthousiaste. Actuellement au Passe-Temps, elle me donne un coup de main jusqu'à la fin de mon service.

— Oui, soufflé-je.

— J'ai tellement hâte ! s'exclame-t-elle en sautillant sur place.

Malgré moi, je souris devant l'impatience de mon amie. Cette peur de quitter mon cocon rassurant reste tapie dans l'ombre. Toutefois, je la tais, ne souhaitant pas entacher sa bonne humeur.

— Rosalie, pourrais-je te parler ?

Ces mots proviennent d'Armand. Il apparaît face à nous. Un air inquiet prend place sur son visage. Un froncement de sourcil accompagne mon avancée vers lui. J'échange un coup d'œil avec mon amie, anxieuse. Elle hausse les épaules, aussi désorientée que moi. Par conséquent, je le talonne jusque dans la cuisine où nous nous retrouvons seuls. Il soupire longuement et passe sa main dans ses cheveux avant d'annoncer :

— Je n'aime pas trop l'idée que tu partes, marmonne-t-il.

— Pour quelle raison ?

— Et s'il t'arrivait quelque chose ? Déjà lorsque tu sors seule la nuit, j'angoisse.

— Ambre sera avec moi, rétorqué-je, agacée qu'il me materne autant.

Mutique, il me fixe, enfonçant ses poings dans ses poches. L'énervement commence à prendre place dans mes veines. Me pense-t-il si fragile ? Ce revirement de situation me perturbe. Pire que tout, son silence me met hors de moi.

— Si tu n'étais pas d'accord, pourquoi ne pas me l'avoir dit lorsque je te l'ai demandé ?

— Je n'en sais rien ! s'exclame-t-il. Je ne veux pas que tu t'y rendes.

— Excuse-moi ? Je mène encore ma vie comme je l'entends et je n'ai d'ordre à recevoir de personne. Et certainement pas de toi, affirmé-je, hors de moi.

— Je fais partie de ta vie et si je te le demande, tu n'y vas pas, réplique-t-il, la mâchoire serrée.

— Peux-tu répéter ce que tu viens de dire ? J'ai peur de ne pas avoir bien entendu, rétorqué-je, les bras croisés sur ma poitrine.

Pour qui se prend-il exactement ? Pense-t-il sérieusement que je vais l'écouter ? Je déteste que l'on prenne des décisions à ma place, surtout quand je ne commets rien de grave. Si je me remémore ma période sombre, je peux assurer que passer deux jours avec une amie n'a rien de nocif. Au contraire. J'ai besoin d'être indépendante et de n'être tributaire de personne.

— Je te demande de rester, ce n'est pourtant pas compliqué ! s'énerve-t-il.

Furibonde, je tente de conserver mon sang-froid face à cet homme qui cherche à me contrôler. Brusquement, la porte s'ouvre en grand, nous permettant d'entrevoir Ambre. Pusillanime, Armand sursaute, pris sur le fait.

— Toute la salle vous entend alors, allez dehors si vous souhaitez continuer cette discussion, déclare-t-elle, mal à l'aise.

— Non, ça ira. Le sujet est clos. Réfléchis à ta réaction, nous en reparlerons quand je rentrerai, assuré-je à mon petit ami, le fixant droit dans les yeux.

Scandalisé, il peine à soutenir mon regard. Mais je ne lui laisse pas le temps de répondre et sors de la cuisine, bouillonnante de rage. Ambre me rejoint peu de temps après.

— Tout va bien ? s'inquiète-t-elle.

— Je t'expliquerai. Peux-tu t'occuper de la salle le temps que je prenne l'air ?

Avec ou sans sucre ?Where stories live. Discover now