Avec ou sans sucre ?

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Comme tous les jours depuis qu'Ayden est parti, je me vêtis de son sweat-shirt. Emmitouflée dedans, j'aide Ambre à terminer les préparatifs de la fête de Jacques. J'ai installé la décoration que j'ai moi-même confectionnée : de nombreux cadres photo. Je sais à quel point il est attaché à sa famille alors, avec la complicité de sa petite-fille, j'ai récupéré des photographies. Dont certaines de lui petit, ce qui m'a beaucoup amusée. Des ballons colorés ornent le plafond.

Ambre est au courant pour Ayden et moi, seulement, elle a bien vu que je ne voulais pas spécialement m'épancher sur le sujet.

Je ne l'ai pas appelé une seule fois, j'attendais qu'il le fasse. C'est complètement stupide, j'en conviens. Néanmoins, j'avais peur de le déranger, de me montrer trop intrusive. Dès que nous étions au téléphone, il me racontait sa journée et moi la mienne. Et ce, durant plus d'une heure.

Certains jours s'avéraient longs : le client qui rythmait mon quotidien n'était pas là. Il me manque. Cependant, il revient aujourd'hui normalement. Je ne sais pas à quelle heure. Hier, il m'a avoué avoir un léger souci sur le chantier. Il peut rapidement le régler comme y mettre du temps.

Nous avons rassemblé les tables pour en former une grande, qui pourra réunir tous les invités. La petite cloche nous apprend l'arrivée de Jacques. Je retire le gilet d'Ayden, dévoilant une robe simple que j'ai sortie pour l'occasion. Mon patron nous salue, surpris. Nous lui avons demandé de venir au bistrot, sans lui expliquer la raison. Manifestement, il l'avait devinée. Curieux, il effectue le tour de la salle, observant chaque cliché avec intérêt. Ambre pose une main sur mon épaule et regarde son grand-père, un léger sourire aux lèvres. Après des minutes interminables, il revient vers nous, les yeux larmoyants.

— C'est vous qui avez organisé ça ?

— Débrouille-toi avec Rosie ! s'exclame Ambre.

Mon père me sourit, nostalgiquement. Ce vieil homme me fascine. Il retient chacune de ses larmes et préfère m'offrir un sourire. Sa peau ridée s'étire en un rictus flamboyant.

— Merci beaucoup.

Sa voix vibre de sincérité et je ne peux pas m'empêcher de le serrer dans mes bras. Nous fêtons ses quatre-vingt-deux ans aujourd'hui.

— C'est un goûter pour mon anniversaire ? rit-il en faisant référence aux ballons.

— Pour ce détail, je n'y suis pour rien. Ambre a insisté.

— Toi non plus, tu ne peux rien lui refuser ?

Sa petite-fille s'affaire derrière le comptoir. Je suis bien obligée d'abonder dans le sens de Jacques.

— J'ai le droit à mon gâteau au chocolat ? Avec quatre-vingt-deux bougies dessus ?

J'éclate de rire devant sa demande si enfantine. Réjoui face à ma réaction, il semble attendre fermement ma réponse.

— Je ne vais pas te révéler toutes les surprises que nous avons prévues.

— Parce qu'en plus, vous avez des secrets pour moi ?

Certains des invités choisissent ce moment pour entrer. Jacques me lance un regard entendu et se lève pour les accueillir. Pour ma part, je reste en retrait. Ils me connaissent maintenant, mais j'ai toujours du mal à aller instinctivement vers eux. Ils ne sont pas ma famille. Même dans mon cœur je ne les considère pas comme tels. Seul Jacques en fait partie intégrante.

Je me penche légèrement en arrière pour vérifier l'intégrité du gâteau au chocolat tant souhaité par l'homme du jour, placé derrière le comptoir.