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Je ne saurais expliquer pourquoi, mais j'ai un bon pressentiment concernant ma soirée avec Ayden. Ma garde-robe étalée sur le lit, j'ai essayé tous mes vêtements, les combinant avec d'autres, pour finalement porter mon choix sur une jupe haute noire et un pull gris. Cela s'avère complètement stupide, puisqu'il m'a clairement dit qu'il ne me voyait qu'en amie. Je me le suis répété tout l'après-midi, en vain.

Au dernier moment, je troque ma jupe contre un jean. Mes cheveux relevés en un chignon désordonné, j'enfile mon blouson puis sors. Rapidement, mes pas me mènent sur le pont de son bateau. Presque instantanément, il apparaît.

— Salut, entre.

Une fois à l'intérieur, j'apprécie la chaleur, contrastant avec le froid de l'hiver. Immédiatement, je retrouve le bien-être qui m'avait endormie sur le canapé. Cet endroit dégage quelque chose de reposant. À moins que ça ne soit son propriétaire.

Une bonne odeur règne ici. Prudemment, j'avance dans la pièce de vie, ne souhaitant pas déranger. La table a été mise élégamment. Tout est symétrique, les serviettes sont pliées dans les assiettes. La pulpe de mes doigts frôle le bois de la table.

— Tu as le droit de t'asseoir.

— Tu as l'air de t'être appliqué alors, j'ai peur de faire bouger quelque chose.

Il se dirige vers la table et pivote une fourchette.

— Voilà, maintenant, tu peux t'installer sans problème.

— Très drôle, marmonné-je.

Pendant que je m'attable, il ramène une bouteille de vin blanc. Depuis ma période compliquée avec ces substances nocives, je m'en tiens éloignée. Seulement, aujourd'hui, je sais me contrôler. Par conséquent, j'accepte le verre qu'il me tend, me promettant de ne pas en abuser.

— À ce dîner qui doit me prouver tes talents de cuisinier.

Un rictus confiant étire ses traits. Son arrogance n'est pas agaçante, elle le rend même attachant. Il n'a pas l'air de se rendre compte de ce qu'il dégage.

— Tu es architecte, si je ne m'abuse.

— Perspicace, remarque-t-il, un sourcil haussé.

— Disons que tu as des dessins sur ton bureau.

— Tu as fouillé ? s'enquiert-il en s'approchant de moi, toute trace de sourire disparue.

— Je ne me le serais jamais permis ! Pourquoi ? Tu caches quelque chose ?

Il s'enfonce à nouveau dans sa chaise, le regard fuyant. Cette faculté à passer d'un état d'esprit à un autre me surprend.

— Il faut que j'aille vérifier ma cuisson.

Il s'échappe, clairement. Mais de quoi ? Ou peut-être, de qui ? La cuisine ouverte me permet de l'apercevoir.

— Si tu ne veux pas en parler, tu n'en es pas obligé, annoncé-je, ne souhaitant pas perdre ce début de complicité entre nous.

Un air soulagé trouve sa place sur son visage. Ses épaules s'affaissent et il semble se détendre.

— Nous ne nous devons rien que je sache.

Il apporte un plat fumant : des pommes de terre avec de la viande. Cette bonne odeur provenait donc de là. Mon assiette se retrouve remplie, m'ouvrant l'appétit.

— Et si tu me parlais un peu de toi, Rosalie ? s'informe-t-il, plus légèrement.

— Rosalie Moreau.

Avec ou sans sucre ?Where stories live. Discover now