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Lorsque je me réveille, Ayden ne se trouve plus contre moi. Une fois que mes yeux s'habituent à la clarté, je l'aperçois assis au bord du lit, voûté. Silencieusement, je m'approche de lui, jusqu'à poser ma main sur son dos, le faisant sursauter.

— Désolée...

— Je n'ai pas beaucoup dormi, avoue-t-il, frottant son visage endormi.

— Pourquoi ne pas m'avoir réveillée ?

— Parce que tu es belle lorsque tu dors, affirme-t-il, les yeux brillants.

— Et pas lorsque je suis réveillée ? le taquiné-je.

— Bien sûr que si, soupire-t-il, désorienté.

Il n'a pas l'air d'avoir la tête à rigoler... Caressant doucement son dos, je pose mon menton sur son épaule. Sa légère barbe frotte ma joue.

— Veux-tu déjeuner ? proposé-je.

Il acquiesce. Mes pieds m'amènent jusqu'à la cuisine, sans vérifier qu'il me suive. Décidant de le laisser émerger de son sommeil léger, je plonge les tasses d'hier dans mon évier.

En sentant des mains se poser sur ma taille, je lâche un hoquet de surprise.

— Il faut croire que nous nous effrayons l'un l'autre, murmure-t-il dans mon oreille.

Son souffle chaud sur moi me rend toute chose. Dos à lui, il ne me voit pas sourire.

— Tu restes avec moi aujourd'hui ? s'informe-t-il d'une voix rauque, celle du matin.

Mon grand rictus lui sert de réponse. Pour la première fois depuis qu'il a passé le pas de ma porte, il me sourit à son tour. Un petit rictus, mais je m'en contente.

— Pour une fois, nous pourrions rester sur la terre ferme. Je te montrerai les endroits que je t'ai décrits.

— Cela me semble être une bonne idée.

* * *

— Où m'emmènes-tu Rosie ? s'interroge Ayden tandis que je le guide parmi les ruelles.

— Nulle part, nous n'avons plus le droit de nous promener ?

— Évidemment...

— Alors, profite du paysage !

Ma main calée dans la sienne, nous nous baladons sans but précis depuis près d'une heure.

Un groupe de lycéens est installé autour d'un banc. Ils discutent et rient, se charriant les uns les autres. Certaines filles semblent très amies, d'autres étudiants paraissent clairement en couple. Ils ont l'air si insouciants. S'ils savaient ce qui peut leur tomber dessus à tout moment...

J'étais comme eux, avant, je ne me souciais pas vraiment du lendemain. Puis ma mère est tombée malade. J'avais espoir qu'elle guérisse. Puis tout s'est effondré. Ma jeunesse. Ma liberté. Ma tranquillité. Ma joie. Ma vie.

J'ai envie d'aller vers eux et de les prévenir qu'il faut profiter de chaque instant parce que l'existence ne tient qu'à un fil. Qui nous dit qu'en traversant la rue un chauffard ne va pas tuer l'un d'eux ? Ou bien qu'un accident uniquement dû au hasard, tel qu'un déménagement ne va pas les séparer ? Ou même qu'un membre du groupe a trahi la confiance des autres ?

Tellement d'incertitudes...

— À quoi penses-tu ? Tes poings sont serrés, remarque mon petit ami.

— Oh, désolée, dis-je en desserrant mon emprise sur sa paume.

Les sourcils froncés, il arrête sa marche, se concentrant sur moi.

Avec ou sans sucre ?Where stories live. Discover now