-22-

13.5K 1.1K 76
                                    

Depuis trois jours, je ne fais rien si ce n'est rester allongée dans le lit ou sur le canapé. Ayden me laisse seule le plus souvent même s'il vient me voir plusieurs fois par jour. Malgré moi, je pleure pour la mort de Jacques. La douleur me rappelle la perte de ma mère, cela devient insoutenable.

Ambre n'a pas répondu à mon message, mais elle l'a lu, c'est le principal.

J'entends la porte s'ouvrir derrière moi : mon petit ami entre.

— Tu veux manger quelque chose ?

— Non, murmuré-je.

Il soupire en s'asseyant sur le lit. À l'instant où sa main se pose sur mon épaule, je sens mon corps se détendre.

— Rosie, tu n'as quasiment rien avalé depuis trop longtemps. Viens prendre l'air, il fait bon. Ça te fera tu bien, affirme-t-il.

Je n'ai pas envie de sortir. Je suis très bien ici, en position fœtale sans rien ni personne d'autre qu'Ayden.

— Rosalie, je ne rigole pas. Il faut que tu te nourrisses, insiste-t-il, plus doucement.

Souhaitant qu'il me laisse tranquille, je demeure dans la même position. Seulement, il ne partage pas mon avis. Prudemment, il me tire de l'autre côté du matelas et me force à m'asseoir. Je n'ose même pas imaginer à quoi je ressemble.

— Va sur le pont, je t'amène de quoi manger. Et ce n'est même pas la peine de négocier.

— Je peux prendre une douche avant ? m'entends-je demander d'une voix faible.

— Voilà une très bonne idée, si tu veux mon avis.

Il reste assis sur le lit tandis que je me lève maladroitement. Je ne sais pas trop quoi faire. Je veux dire, j'aimerais me laver, mais j'ai perdu tous mes repères et je me sens complètement déboussolée.

— Tu peux aller dans la salle de bain, je t'apporte ce qu'il te faut, me suggère-t-il sentant mon désarroi.

— D'accord.

Une fois dans la salle de bain, je me déshabille lentement. Lorsqu'il me reste mes sous-vêtements, Ayden entre. Il pose une serviette et des vêtements propres lui appartenant sur l'évier.

— Si tu as besoin d'autre chose, tu sais où me trouver.

Il ressort, me laissant l'intimité dont j'ai besoin. Pendant que j'entre dans la cabine, je sursaute face à cette sensation de chaleur, contrastant avec la froideur de mon cœur. Je frotte énergiquement ma peau, comme pour sortir de cette torpeur incessante. Après avoir coupé l'eau, je demeure un long moment, debout et immobile. Que vais-je devenir ?

Mécaniquement, j'enfile des vêtements avant de rejoindre la cuisine. Dès qu'Ayden m'aperçoit, il tente un petit sourire, qui reste sans réponse de ma part.

— J'ai fini, tu viens dehors ?

Je ne l'aurais pas imaginé capable d'une telle tendresse à mon égard. Surprise, mais pour le moins contente par ce comportement, j'accepte et m'installe sur une chaise, à l'abri du soleil. Ce bol d'air frais emplit mes poumons, insufflant une dose d'espoir, de mieux.

Mon compagnon a dû sortir le salon d'été pendant que j'étais cloîtrée dedans. Silencieusement, il nous sert une salade de riz accompagnée par de la charcuterie. Il fait exprès de ne pas m'en mettre beaucoup même s'il me précise que je peux me resservir sans problème.

Je mange lentement, sans entrain ni appétit. Pourtant, je ne peux pas nier : le retour des saveurs sur mon palais réveille l'envie chez moi.

— Tu ne dois pas retourner au travail ? finis-je par demander.

Avec ou sans sucre ?Where stories live. Discover now