Chapitre 57 - Vénus -

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 Nous sommes dans mes appartements, mais cette fois il a tenu à ce que personne n'entende notre conversation. Vu ce qu'il vient d'entreprendre, je ne pense pas qu'il soit venu me parler de ma réforme. Alors de quoi souhaite-t-il converser ? Je m'assois sur la méridienne puis patiente. Wisk est debout près de la cheminée, il observe les flammes danser. Je le détaille une fois de plus, il est vraiment bel homme. Sa mine me paraît sous cet angle assez soucieuse.

— Wisk, qu'est ce qu'il y a ?

— Je connais la cause de la mort de Esmia.

— Et ? demandé-je en me relevant prestement.

Il soupire avant de glisser la main dans ses cheveux. Je commence à craindre le pire.

— Nous avions vu juste, annonce-t-il brutalement.

— C'est un assassinat ?

— Oui, souffle-t-il.

Mon esprit essaie de traiter l'information, mais il semble ne pas vraiment accepter cette possibilité. Qui aurait pu en vouloir autant à ma sœur ? Elle était douce et docile, presque malléable. Alors quel était l'intérêt de la tuer ? Ça n'a aucun sens ! Je me rassois sur la méridienne abasourdie par cette confirmation.

— Comment ? murmuré-je.

— Empoisonnée.

Un empoisonnement, mais comment cela est-il possible ? La nourriture de Esmia était testé à chaque repas, elle ne pouvait rien avaler tant que cela n'était pas goûté. Wisk continue de fixer les flammes et je ne suis pas la seule à me poser ces questions. Il doit chercher ce qu'il a loupé, puisqu'il passait plus de temps avec elle que moi.

— Ce n'est pas possible, murmuré-je.

— Tu arrives aux mêmes conclusions que moi, cela n'est tout bonnement pas envisageable. Pourtant les médecins sont catégoriques, elle a été empoisonnée et sur plusieurs semaines...

C'est pire que ce que j'aurais pu penser ! Pas une seconde, je n'ai envisagé que cela soit une éventualité. Le protocole en ce qui concerne l'alimentation de l'héritière ou de la reine est drastique. Un serviteur goutte tous les jours mes plats, il teste même l'eau sous mes yeux. Je ne peux rien avaler qui n'ait pas été au préalable avalé par un autre. Donc comment une personne a-t-elle pu empoisonner la nourriture de ma sœur sans que quiconque ne s'en rende compte ? Et cela sur plusieurs semaines ?

— J'ai donné de nouveaux ordres, annonce-t-il.

— Comme ?

— Désormais des gardes vont surveiller les cuisines, il faudra un laisser passer pour entrer dans ces dernières. Ta nourriture sera testée deux fois avant de t'être servi.

— D'accord, si tu penses que c'est ce qu'il y a de mieux à entreprendre.

— Je ne te perdrai pas à ton tour, annonce-t-il en posant ses mains sur la cheminée.

La sincérité transparaît dans sa voix, elle me réchauffe l'âme.

— Je vais traquer et tuer celui qui s'en est pris à Esmia.

— Et je t'aiderai.

— Non, crache-t-il en se tournant vers moi. Toi tu vas continuer de changer la face du monde, je vais assurer tes arrières.

Le sérieux dont il fait preuve me coupe le souffle.

— Tu n'es pas contre mes idées ?

Son corps se rapproche du mien, ses mains prennent les miennes. Je sens son souffle sur mon visage, mon coeur pulse dans ma cage thoracique. Lorsque nos iris se croisent, je suis incapable de déchiffrer ce que j'y vois.

— J'ai été conditionné toute ma vie, Vénus. J'ai été élevé pour répondre aux idéaux que l'on m'a inculqués. Pas une seule fois je n'ai eu le choix.

Ce qu'il me révèle m'étonne un peu. J'ai toujours cru qu'il avait choisi d'être avec Esmia, mais je m'étais fourvoyé. Je l'ai jugé trop rapidement, en même temps c'était plus facile pour moi.

— Hier j'ai réagi à cause des convictions des autres. Aujourd'hui, je me suis demandé qui j'étais et qui je voulais être.

— Et ? le questionné-je.

— Je n'en ai aucune idée, mais je sais une chose.

Ses doigts se lèvent et viennent caresser ma joue. Mes iris se ferment, c'est plus fort que moi.

— Je veux être ton mari, je veux être celui sur qui tu te reposes.

— Es-tu sûr ?

— Oui, Vénus. C'est ce que je désire.

— Mais pourquoi ?

Il me sourit avant de me rapprocher davantage de lui. Nos corps se lovent l'un contre l'autre, sa chaleur me réchauffe.

— Vénus, tes visions ont été claires. Nous nous aimerons peut-être dans deux mois, peut-être dans deux ans, mais cela va arriver.

Je suis sur le point de répondre, lorsque son doigt m'en empêche.

— Nous allons trouver le traître qui s'en est pris à Esmia et tu vas devenir ma femme véritablement.

Nous nous observons avec intensité.

— Dans deux jours, il y a un bal.

— Un bal ? demandé-je surprise.

— Je l'ai organisé pour te remercier d'avoir sauvé ma mère. J'ai découvert que tu aimais danser, alors c'était le minimum. Il va aussi te donner la possibilité de sonder les invités afin de découvrir le coupable.

Je hoche la tête. Je suis heureuse qu'il ait pris une telle initiative, mais cela me blesse aussi.

Oui, c'est égoïste ! Je le reconnais.

Cependant, j'aurai aimé que sa surprise n'ait lieu que dans l'unique but de me faire plaisir, et non qu'elle soit l'accessoire afin de démasquer l'assassin de ma soeur... mais bon, je tiens à trouver son meurtrier.

— Vénus regarde moi, ordonne-t-il d'une voix dure.

Je lui obéis sans réfléchir.

— Je n'ai jamais aimé Esmia comme tu le penses. Elle était ma meilleure amie, rien de plus.

Mon visage acquiesce, ça me fait du bien de l'entendre, parce que disons le, je suis de nature jalouse. 

L'initiation d'une reineحيث تعيش القصص. اكتشف الآن