Chapitre 46 - Wisk -

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 La soirée fut mouvementée, je suis exténué. Je n'ai qu'une hâte, me glisser sous la couette et prendre ma femme dans mes bras. Le trajet est court jusqu'au Palais. Je salue mon ami avant de rentrer dans mes appartements. J'ouvre ma chemise, vire ma veste avant de me rapprocher de ma chambre. Ce qui est étrange, c'est la lumière que je vois filtrer sous la porte. Lorsque je pousse le battant ce n'est pas ma femme qui est assise sur le lit, mais Alea.

— Que fabriques-tu ici ? demandé-je en m'accoudant au chambranle de la porte.

Les bras croisés sur ma poitrine, je la toise en attendant sa réponse.

— La reine, commence-t-elle mal à l'aise.

— Je suis toute ouïe.

Elle se redresse, dévoilant ainsi son corps. Elle est belle, une femme bien en chair et magnifique, mais elle n'est pas celle que je veux.

— Vénus m'a demandé de devenir ta maîtresse, Wisk.

Les bras m'en tombent à son annonce. Alors celle-là, je ne l'avais pas vu venir. J'erre dans les méandres de mes pensées, le chaos c'est comme emparé de moi. Mon esprit est en proie à une tempête intérieure qui remet tout en cause. Mon cœur se serre d'une manière inédite. Je pensais que nous nous rapprochions, que notre lien se consolidait dans l'éclat de cette nuit magique. Cependant la réalité crue s'abat sur moi comme une pluie glacée. Voir Alea dans mon lit me retourne l'estomac. Le contraste entre notre moment échangé tout à l'heure avec mon épouse et l'arrivée de cette jeune femme dans cette pièce crée une dualité qui déchire mon âme. Je sens la trahison, une fissure invisible s'ouvre dans le fragile édifice de confiance que je pensais que nous avions construit. Je me perds dans une mer d'incertitude, cherchant à comprendre les motifs qui ont conduit mon épouse à une telle décision. Exit les rires de cette soirée, les soupirs de notre échange, tout est étouffé par le bruit assourdissant de mes pensées tumultueuses. Le désarroi s'installe, mêlant une pointe d'incompréhension. Je me demande si les moments partagés étaient bien réels, si la proximité que je ressentais n'était pas qu'une illusion. La douleur de la trahison se mêle à la confusion, créant une tempête émotionnelle qui menace de submerger mon calme apparent.

Sur mon visage, mon expression oscille entre l'incompréhension, la déception et la peine. Si autrefois j'avais espéré un changement, aujourd'hui la douleur est de nouveau présente, comme si une étoile s'était éteinte au plus profond de moi.

Pourtant, malgré cette tourmente, une part de moi reste épris d'elle. J'ai besoin de comprendre, de trouver une réponse à tout ceci.

— Elle te l'a simplement demandé ? questionné-je en fixant le mur en face de moi.

Alea se rapproche de moi, elle est à moitié nue, mais je ne la vois pas réellement. En fait je ne perçois plus rien, seule la décision de Vénus a de l'importance pour moi.

— Vénus m'a demandé si nous étions amis.

Je reporte mon attention sur son beau visage. J'y lis une grande inquiétude.

— Continue, l'enjoins-je.

— Je lui ai répondu que nous sommes amis, elle m'a simplement dit « Alors, devient sa maîtresse ! »

— Et toi tu as accepté ? m'emporté-je. Tu pensais que j'allais être d'accord, sans avoir mon mot à dire.

J'explose littéralement en faisant de grands gestes avec mes mains. Je suis furieux, j'ai envie de tout détruire une nouvelle fois.

— Non, grince-t-elle en me prenant le bras. Je me suis simplement dit que tu m'écouterais !

Je m'arrête net, puis je me retourne afin de la fixer avec attention.

— Par tous les dieux, Wisk, coucher avec toi ne me viendrait même pas à l'idée. Nous flirtons, mais je ne t'ai jamais vu comme un amant potentiel.

— Alors qu'est-ce que tu fais ici ?

— Elle pleurait quand je l'ai rejoint. Je voulais lui parler, apprendre à la connaître. Lorsque j'ai vu ses larmes, je voulais qu'elle se confie, qu'elle sache qu'elle peut compter sur moi. Je suis peut-être de nature frivole, mais je sais quand c'est vraiment important.

Elle s'assoit sur la chaise qu'il y a dans un coin, puis elle commence à natter ses cheveux.

— Son cri m'a déchiré le cœur, Wisk.

— Quel cri ?

— Elle hurlait quand je suis arrivée. Je ne pense pas qu'elle en ait eu conscience.

Une prémonition sûrement.

— Elle semblait au bord du gouffre, ses iris étaient remplis de terreur, de douleur et de désespoir. Je n'ai pas osé discuter avec elle. Je me suis dit que t'en parler serait le plus judicieux.

— Et pourquoi es-tu à moitié nue ?

— Parce qu'elle m'a ordonné de retirer ma robe et que je ne me voyais pas refuser. Je ne la connais pas assez, j'avais peur de commettre un impair.

Elle soupire. Je sais que Alea peut se montrer inconsciente, mais là je n'ai aucun mal à la croire. Je m'empare de la couverture sur le lit et la lui tend. Elle l'a saisi et la passe autour de son corps.

Qu'est-ce qui a terrorisé ma femme ? Est-ce bien une vision qui l'a poussé à mettre Alea dans mon lit ? Est-ce un prétexte pour qu'il ne se déroule rien entre nous et qu'elle se lie à Hadès ?

Autant de questions auxquelles je n'ai pas les réponses. Je dois avoir une discussion avec elle et vite. Je ne peux pas laisser les choses en l'état. Il est temps que nous crevions l'abcès qui semble pourrir entre nous.

— Où est-elle ?

— Je n'en sais rien. Elle a fermé la porte puis elle est partie.

L'initiation d'une reineDonde viven las historias. Descúbrelo ahora