Chapitre 3 - Wisk -

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 Ma main se pose sur la stèle. Ma meilleure amie est enterrée et la douleur dans mon âme grandit. Je n'ai jamais avancé sans elle ! Voilà près de quinze ans que nous partagions la vie l'un de l'autre, depuis que nos famille nous ont annoncé nos fiançailles en fait. Nos mères sont meilleures amies depuis petites donc elles avaient prévu tout cela dès notre naissance. Ma mère est la marraine d'Esmia et elle est fusionnelle avec Vénus.

Je me souviendrai toute ma vie lorsque mes parents m'ont appris que j'étais fiancé. C'est comme si un coup de massue m'était tombé dessus. Ce n'est pas ce que j'avais prévu. Je savais que je devrai épouser une jeune femme, mais je pensais naîvement que je pourrai la choisir. Quelle erreur !

Par chance, c'est Esmia qui m'était destinée et non Vénus. Cela aurait été un vrai supplice. Cette nana est une pimbêche ! Quand Esmia m'a annoncé que sa jumelle prenait son rôle de prêtresse à cœur, j'en ai été soulagé. Au moins, je n'aurai plus à la voir tous les jours et à la subir. Sauf que la vie a parfois de drôles de tours dans sa manche.

Ma meilleure amie n'est plus de ce monde et la personne que je déteste le plus sur terre va devenir ma femme. Le visage d'Esmia me revient ainsi que ces paroles : Elle est ma sœur, fait un effort, ne me demande pas de me déchirer.

Elle avait raison, je n'étais pas en droit de lui imposer un tel choix, c'est pour cela que j'essayais d'arrondir les angles avec la prêtresse, mais elle n'a rien voulu entendre.

— Eh bien alors dois-je prévenir la garde que le futur marié s'est enfui ? questionne Donovan en riant.

Je secoue la tête, un sourire naît sur mes lèvres. Il a toujours eu le don de me remonter le moral, ce n'est pas pour rien qu'il est mon meilleur ami. Sa main se pose sur mon épaule.

— Tu dois la laisser partir, mon ami.

— Je sais, soufflé-je, mais ce n'est pas si facile.

— Parce que tu l'aimais.

J'aimais Esmia, néanmoins pas de la façon dont tout le monde le pensait. Elle était ma confidente, mais rien de plus. Tout comme elle ne ressentait pas d'amour envers moi. Elle a été extrêmement claire, pour elle notre amitié nous permettait de fonder un mariage solide. Cependant aucun amour à l'horizon entre nous.

— Allez, ton altesse, tu dois y retourner.

— Oui, je dois épouser un être que je hais et qui me le rend bien.

— Ce n'est pas non plus la fin du monde, ricane-t-il. Vénus porte bien son nom. Elle est belle, extrêmement belle, devrais-je dire.

Ça je le sais, mais je ne l'avouerai pas à voix-haute, elle serait capable de l'entendre et de fanfaronner sous mes yeux.

— Mouais.

— Dis ce que tu veux mon ami, mais Vénus a toujours été la plus belle des deux. Et cela se voyait comme le nez en plein milieu du visage.

Je lève les yeux au ciel. Esmia et Vénus étant jumelles, elles se ressemblaient comme deux gouttes d'eau, la seule chose qui les différenciait était leur couleur d'iris. Esmia les avait rouges et Vénus les a bleus. Je ne parle pas d'un bleu commun, mais d'un bleu cyan, celui qui vous transperce lorsqu'il se pose sur vous.

Mon attention se reporte sur la stèle.

— Au revoir, mon amie, déclaré-je dans mon esprit.

Puis je suis Donovan à regret. Nous marchons dans les jardins, puis nous nous séparons lorsque je dois me rendre dans les appartements royaux et lui retourne dans la grande salle. Mes pas me portent par habitude, un scintillement attire mon regard sur la gauche. Mon corps se fige net, le vent pousse les portes en verre. Vénus se prépare, elle ne m'a pas vu, alors je me cache derrière un arbre comme un ado pris en flagrant délit. Ma tête se décale, elle se regarde dans le miroir, elle est magnifique. Donovan a raison, elle est de loin la plus belle femme du royaume de Vothos. Cependant, cela n'efface en rien la haine que nous nous vouons.

Je reprends donc rapidement mon chemin vers ma chambre. Heureusement, je suis prêt, je prends juste mon épée avant de filer jusqu'à la salle du trône. Je suis vêtu d'une tenue traditionnel noir et bordeaux cousu de fil d'or. J'ai un protège-bras à chacun d'entre eux avec l'emblème de la terre dessus. Une ceinture autour de ma taille tient ma tenue serrer contre mon corps, le mettant en valeur. Une cape bordeau est accrochée sur le haut de ma poitrine et descend dans mon dos. Je glisse mon épée autour de ma taille sur le chemin. Les portes s'ouvrent à mon arrivée, toutes les personnes présentes s'abaissent. Je ne m'en occupe point, je vais directement rejoindre mon père et mon beau-père près de l'autel.

— Nous avons failli attendre, souffle mon paternel.

— Désolé, j'étais parti me recueillir.

Le regard de l'archiduc Weston se voile un instant.

— Veuillez me pardonner.

— Non, c'est bon mon grand. J'ai encore du mal à me faire à la situation. Tu as bien agi, ne te tracasse pas.

Ses lèvres s'étirent faiblement, je n'ajoute rien. Je ne veux pas amplifier son désarroi.

De tout façon, je n'ai pas le temps, la musique se lance et tous s'abaissent à son entrée. Mon être se tourne et une nouvelle fois je suis saisi par sa beauté. Le diadème sur sa tête lui donne une prestance que je ne lui connaissais pas. La robe est près de son corps la mettant en valeur, son maquillage est léger. Elle est digne de la fonction qu'elle va prendre.

Comment ai-je fait pour oublier à quel point elle est belle ? 

L'initiation d'une reineWhere stories live. Discover now