Chapitre 13 - Vénus -

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 La journée est passée bien plus vite que je ne le pensais. J'ai été pas mal occupé avec la mise en place du bal en l'honneur de Flowers. Nexus aime tout ce qui attrait à la danse et à la chasse. Je sais qu'il aime tenter de me prendre en chasse, cependant ça n'ira jamais bien loin.

Certes cet homme est beau à en faire pâlir les dieux, mais il est aussi fourbe que les autres. Il a toujours déclaré m'aimer, contrairement à ce qu'il pense, je ne suis pas dupe. Il s'aime bien plus qu'il ne ressent quoi que ce soit pour autrui.

J'enfile ma tenue pour la nuit. C'est un corset à lacets rouge, avec une culotte de la même couleur et des bas. Puis je mets un déshabillé noir afin qu'il ne voit pas ce qui se cache dessous. Je vais tout de même lui laisser une petite surprise.

Le stress commence à monter, j'anticipe un peu ce qui va se dérouler entre nous, mes pas me portent jusqu'à la cheminée allumée. Dans tous les cas, je n'ai pas le choix, tel est mon devoir. Nous n'avons pas mangé ensemble, je me suis tenue à distance afin de ne pas compromettre mes chances pour cette nuit. Il fallait que je le pousse dans ses retranchements et j'ai réussi. Que nous le désirions ou non, nous devons concevoir. Trois coups me sortent de mes pensées. Mon masque d'assurance se pose sur mon visage avant que je n'ouvre la bouche.

— Entre !

La porte s'ouvre, mais je ne me retourne pas. Il est hors de question qu'il puisse voir la moindre faiblesse en moi.

— Bonsoir, ma reine.

Mes yeux se ferment avant que je ne fasse volte-face. Donovan se tient droit comme un « i ». Que vient-il faire ici ?

— Il ne te rejoindra pas ce soir, annonce-t-il.

Un soupir m'échappe. Ce mari commence à me rendre chèvre !

— Et il t'a envoyé pour me transmettre l'information.

— Il était préférable que ce soit moi. Je vous connais, cela peut mal se finir en peu de temps. Je suis certain que vous seriez capables de déclencher une guerre dans votre propre royaume.

Je souris, avec de secouer la tête.

— Je vois. Et donc ?

— Vous allez devoir trouver un terrain d'entente Vénus. Vous gouvernez désormais, cette lutte entre vous ne peut pas continuer.

— C'est plutôt drôle, annoncé-je en ricanant.

— Si tu me disais pourquoi tu le détestes, commence-t-il.

Je me rembrunis, hors de question que j'aborde ce sujet et encore moins avec Donovan. Je ne veux plus jamais parler de ça.

— Vénus, tu ne peux plus garder le silence. Il ne sait même pas pourquoi tu le hais. Lui il te rend ce que tu lui donnes, rien de plus.

— Oui, c'est cela ! Tu crois vraiment que je vais tomber dans le panneau !

Il se rapproche de moi, ses paumes se posent sur mes épaules.

— Même moi, je ne sais pas la raison de ta colère envers lui et Esmia ne le savait pas non plus.

Mon humeur s'assombrit encore lorsqu'il commence à parler de ma chère sœur. Il y a moins d'une semaine qu'elle nous a quitté et je cherche encore comment surmonter le vide qu'elle a laissé en moi. Certes, nous nous entendions difficilement par moment, mais elle était ma jumelle.

— Parle-moi, souffle Donovan. Il est temps que tous ces non-dits soient enfin levé.

— Je te remercie de ta sollicitude. Tu peux dire à ton ami que je ne l'attends plus et qu'il va devoir espérer que je ne tombe pas enceinte d'un autre.

— Vénus...

Ma main se lève afin de lui intimer de se taire. Mes prunelles se ferment, je sens la magie m'entourer et mes vêtements se transformer. Me voilà désormais vêtue d'une robe noir et rouge. Le corset est noir avec des arabesques brodées en rouge. Le bas du corset retombe en vague sur la jupe qui est en voilage rouge. Le décolleté est plongeant.

— Tu caches bien ton jeu, souffle Donovan.

Je lui lance un clin d'œil avant de m'éclipser par les fenêtres. La brise est agréable, je ne vais pas avoir besoin de châle pour ce soir. Je me balade au travers des rues de ma cité, mais aussi des plantes et des arbres. Vothros est l'un des pays les plus riches et les plus beaux de ce que nous avons toujours entendu. La qualité de vie y est bonne, mon peuple est heureux.

Une fête à lieu un peu plus loin, mais je ne me mêle pas à la foule. Ce n'est pas parce que je me sens supérieure ou autre, c'est surtout que je ne veux pas gâcher les festivités. Vu la musique entrainante, c'est sûrement un mariage et hors de question qu'une union d'amour soit gâchée par ma faute.

Je contourne tout ce petit monde pour arriver près du cimetière. Je ne suis pas venue depuis trois jours et j'ai l'impression que c'était il y a une éternité. Mes pas me portent jusqu'à la tombe de ma défunte sœur. Ma main se pose sur la stèle.

— J'aurais préféré que nos rôles soient inversés. Tu aurais été une grande reine et il t'aurait aimé, toi.

Mon âme pleure, je retiens mes larmes afin de ne pas montrer ma peine. Comme le dit si bien ma mère : « une reine ne pleure pas, elle reste digne et se contient ! ». Nous sommes vraiment à l'opposé l'une de l'autre. Par moment, je me demande si elle est bien ma mère, mais vu notre ressemblance, il serait difficile d'en être autrement.

— Tu me manques, Esmia. J'espère que les dieux prennent soin de toi...

Je la revois rire, pleurer, sourire. Je me souviens de nous enfant, la douleur se répand un peu plus, laissant sur son passage seulement de l'amertume. Je donnerai tout pour que nos places soient échangées.

Je ne sais pas combien de temps je reste ainsi, mais visiblement un moment puisque c'est le levé du jour qui me sort de mes souvenirs. Je dépose un baiser sur le bout de mes doigts que j'appose ensuite sur le marbre froid. Lorsque je suis sur le point de partir, mon corps entre en collision avec un autre.

— Alors, c'est ici que tu te cachais, déclare une voix rauque.

Mon visage se redresse pour croiser celui de mon époux.

— Je ne me cachais pas, j'avais besoin d'être seule.

Il m'empêche de reculer en me saisissant le bras.

Qu'est-ce qu'il peut bien me vouloir encore ?

L'initiation d'une reineDonde viven las historias. Descúbrelo ahora