Chapitre 6 - Wisk -

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 Je reste stupéfait, elle ne vient pas de me dire une telle chose ! Mon visage se tourne vers ma déesse protectrice, elle me fait un clin d'oeil.

Eh bien si, elle l'a vraiment énoncé !

Je ne pensais pas que nous prendrions ce chemin si tôt. Je sais que c'est l'un des devoirs des jeunes épousés, mais je ne suis pas prêt pour cela.

— Roi Wisk, pouvons-nous nous entretenir avec vous ? demande Gaia.

Je hoche la tête, ma main s'empare de mon verre que je vide d'une traite avant de me lever et de leur emboîter le pas.

Nous prenons la direction des jardins. La fête bat son plein, il y a des représentations un peu partout dans le palais. Nous longeons une allée afin d'arriver près d'une alcove.

— Soyez discret, murmure Venus.

J'obéis une nouvelle fois. Un peu plus loin un couple est en pleine discussion et je reconnais immediatement la voix de le femme.

— Alors tu pars ?

— Oui, ma reine. Te voir avec lui, je ne le peux pas. Je t'en prie, Vénus ne me demande pas de rester et...

— Pars, souffle-t-elle.

Elle pose sa main sur son avant bras afin de le retenir.

— Mais promets-moi de trouver le bonheur.

Il caresse son visage avec une douceur incroyable. L'homme est un grand brun, les iris vert et le signe de l'eau de graver sur son poignet.

— Tu m'as condamné à l'enfer sur terre, belle Vénus.

— Pitie, jure-moi de vivre et de trouver l'amour.

Leurs fronts se rencontrent et mon âme se brise pour eux.

— C'est moi qui aurait dû devenir ton époux, c'est moi qui aurait dû m'éveille chaque matin à tes côtés, c'est moi qui aurait dû être le seul a te vénérer...

— Riley, murmure-t-elle. Je t'en prie, ne dis plus un mot.

— Je te fais le serment de ne jamais t'oublier et de trouver le bonheur, mais pour que celui-ci soit valable, je vais te demander une dernière faveur.

Je me tends, je ne suis pas idiot, il peut parfaitement lui demader de se donner une derniere fois a lui. Mon corps se retourne afin de ne pas voir ce qui va suivre, j'ai même envie de déguerpir en vitesse.

— Tout ce que tu désires, déclare-t-elle.

Mes yeux se ferment à cette annonce. Il faut que je parte de là. Notre vie a pris bien plus de choses que je ne le pensais à Vénus.

— Ouvre tes oreilles, murmure la déesse de l'air.

Je m'exécute, j'ouvre grand mes oreilles afin de percevoir ce que je dois entendre.

— Chante une dernière fois pour moi.

— D'accord.

Lorsqu'elle ouvre la bouche, je me retourne brutalement. Sa voix est superbe, je n'ai jamais rien entendu de pareil.

— Parfaite, murmure Venus.

Elle lui chante une chanson que je n'avais jamais entendue ailleurs que dans les contes pour enfants. Venus lui parle de l'amour, de celui qui brûle de l'intérieur, qui consume jusque dans l'âme. Je sens le déchirement dans sa voix, toute la douleur qu'elle ressent transparaît et je ne peux pas l'éviter. La musique se termine par un amour éternel qui perdure à travers les âges.

« Je te libère » sont les derniers mots qu'elle prononce avant qu'ils ne s'embrassent et qu'il parte en courant.

Aucun de nous trois ne bouge. Pour la première fois depuis que je la connais, j'ai envie d'aller apaiser son âme.

— Tu lui en demande trop, murmure Gaia.

— Elle est forte, souffle Venus.

Cependant je vois bien qu'elle a un léger doute. Je suis sur le point d'aller la rejoindre, lorsque je suis arrêté par Gaïa.

— Mon grand, il est temps que je te donne un conseil.

— Je vous écoute.

Mon regard se porte malgré moi sur la reine qui se retient à un arbre tout en contenant ses larmes.

— La Vénus que tu crois connaître n'existe pas. Oublie tout tes préjugés et découvre qui elle est vraiment.

Mon attention se reporte sur ma protectrice, je m'attends à ce qu'elle me fasse une farce, mais absolument pas, elle est sérieuse. Elle me scrute avec une telle intensité que la seule chose que je peux répondre est un signe positif de la tête.

Elle me sourit avant de poser sa main sur mon bras et de disparaître me laissant seul avec la seconde déesse. Nos regards se croisent et j'y lis de la résignation.

— Prends soin de la reine.

Puis elle s'évapore à son tour. Cette fois, je suis vraiment tout seul. Venus se redresse tant bien que mal, je me dirige vers elle afin de la soutenir, mais a peine ai-je tente de la toucher qu'elle me repousse.

— Je vais m'en sortir, gronde-t-elle.

— Laisse-moi te ramener.

— Va donc t'amuser encore un peu, nous nous retrouverons plus tard.

Une de ses servantes nous rejoint en courant. Elle prend la main de sa maîtresse avant de l'escorter jusqu'à ses quartiers.

Quant à moi, je retourne boire un verre, je crois qu'une petite réflexion s'impose. 

L'initiation d'une reineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant