Chapitre 25 - Vénus -

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 Hadès a raison. Ma haine m'aurait conduit à lui faire du mal et ce n'est pas du tout ce que je souhaite.

Le regard que me lance Wisk est clair, je ne serai jamais plus que la soeur de la femme qu'il aimait.

Mais pourquoi je me soucie de sa façon de me voir !

— Alors, dois-je te rafraîchir la mémoire, Vénus ? demande Hadès.

— Non, mais j'accepte ton offre.

Wisk me scrute avec une attention particulière.

— Es-tu sûre que c'est ce que tu souhaites ? me questionne-t-il de nouveau.

Mon attention sur mon époux s'accentue. Je retire son bras, puis je lâche mon arme afin de faire amende honorable. Hadès desserre sa prise sur moi, je me retourne tout en restant au creux de ses bras. Mes visions n'ont pas changé, c'est donc pour tout le monde la meilleure chose que je puisse entreprendre. Mes iris croisent les noirs d'Hadès et je m'y perds.

Veux-tu que je lui ouvre les yeux sur qu'elle femme tu es ? murmure le dieu dans mon esprit.

Cela ne sert à rien, il ne me verra jamais comme une partenaire...

Sa main glisse sur ma joue.

Cet homme est un idiot, souffle-t-il, je vais le lui montrer si tu l'acceptes.

Je soulève les épaules, peu importe. Je ne ressens que le désespoir et la douleur, je sais que Hadès la ressent. Il se penche vers moi, lorsque ses lèvres rencontrent les miennes, je m'abandonne à lui. Mes doigts s'accrochent à ses épaules, puis glissent jusque dans sa nuque afin d'approfondir notre étreinte. Je sens que toutes mes émotions les plus noires commencent à sortir et à être aspirées par mon « amant potentiel ». Il n'a pas la même saveur que Wisk, mais il est tout aussi intense.

— Comment te sens-tu ? me questionne Hadès.

— Mieux, merci.

— Ne laisse plus la noirceur t'envahir, belle reine.

Puis il se tourne vers Wisk.

— Je viendrai prendre ce qui m'est dû dans deux lunes, annonce-t-il. C'est le temps qu'il te reste pour que ta femme porte ton héritier.

Le dieu soulève mon menton et m'embrasse une dernière fois avec passion avant de s'en aller comme il est arrivé. La culpabilité devrait se faire sentir en moi, mais non. Je me sens en paix avec tout cela. Il m'a soulagée, alors que je ne lui avais rien demandé.

— En fait, n'importe quel homme ferait l'affaire, crache Wisk.

— Ça se n'est pas une nouvelle, rétorqué-je froidement. Je te l'ai dit, tu fais partie du lot, mais je ne t'aurai pas choisi. Tout comme tu ne m'aurais pas prise.

Mes genoux se plient, je récupère mon arme, puis la range de nouveau autour de ma cuisse. Lorsque je me redresse, je le sens dans mon dos. Mon épiderme se hérisse, mon cœur tambourine. Je suis sur le point d'avancer, mais ses doigts agrippent mon bras. Il les serre avec fureur, mes yeux se ferment.

— Je ne te laisserai pas me faire passer pour un incapable. À partir de ce soir, je dors avec toi. Aucun homme n'entrera dans ton lit tant que j'y serai !

Je fais volte face avec l'intention de le pousser à bout une nouvelle fois, sauf que ses iris ne sont plus violets, mais noirs. Inconsciemment, ma paume se pose sur sa joue.

Il est jaloux, déclare Hadès dans mon esprit. Je crois que tu as ta réponse, Vénus.

Je tais mes pensées, le dieu n'a besoin d'aucune réponse de ma part, puisqu'il sait.

Le visage de Wisk ne s'adoucit pas, la haine le submerge et nous pourrions nous entre-tuer dans ces moments-là.

— Tu es à moi ! grince-t-il.

— Et depuis quand ? Parce que si je me souviens bien, tu n'étais pas dans ma vie ces quinze dernières années.

— Mais je suis ton mari !

Peut-être n'a-t-il finalement pas compris, soupire Hadès dans mon esprit.

— Et alors ! crié-je. Cela ne te donne pas un droit de propriété bestial sur moi !

La tournure de notre conversation dérape encore, néanmoins ma phrase semble le secouer. Ses prunelles reprennent leur teinte d'origine.

— Je suis un être humain libre et je ne laisserai pas une convention me retirer ce que j'ai depuis la naissance : ma liberté de choix et de vivre comme je l'entends !

Sa paume me relâche, je me masse le bras avant de le bousculer et de le planter là. Je me moque qu'il me suive ou non. Je récupère mon cheval avant de partir en direction des Terres Eskines, la terre commune à toutes les créatures magiques. Il est plus fréquent de rencontrer des centaures, des cerbères, des ondines ou des elfes dans ce royaume que dans les autres. En tant que grande prêtresse, je me devais de connaître tous les grands chefs de ces différentes espèces. Les dieux les ont créés au même titre que nous. Ils sont bien plus pacifiques que ne le racontent les légendes et surtout bien plus que ne l'est l'espèce humaine !

Mon cheval galope, mon regard se porte vers l'arrière et je suis seule. Alors j'en profite, je défais mes cheveux, j'ouvre ma capeline afin de ressembler à la prêtresse que je suis réellement. J'insuffle de ma magie à ma monture afin de lui donner toute l'énergie dont elle a besoin pour me faire arriver à bon port et passer les grandes portes d'Eskines. Elles sont les plus connues de tous les royaumes, puisque ce sont de gigantesques gargouilles qui gardent la cité. Les dieux ont tenu à protéger toutes les créatures qu'ils ont inventées. J'arrive devant les deux immenses porte et je ralentis.

— Qui va là ? demande le minotaure de pierres.

— Vénus de Vothros, reine de Vothros, princesse de Castezin, prêtresse de Vénus, Gaïa, Zeus, Poséidon, Athéna, Arès et Hadès ! annoncé-je haut et fort.

— Bienvenus, votre majesté, déclare-t-il en pointant l'ouverture.

Le mur s'ouvre pour me laisser pénétrer dans la cité que je connais bien.

L'initiation d'une reineजहाँ कहानियाँ रहती हैं। अभी खोजें