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Alessio


Exactement comme la veille, je repérai Chloé au bar, en train de rire à gorge déployée aux paroles d'un grand échalas trop maigre.

─ Je peux avoir ton numéro ? demandait-il alors que j'arrivais.

─ Oui.

─ Non, dis-je, et je fixai le type dans les yeux. Dégage.

─ C'est ton mec ? fit-il, l'air inquiet.

─ Ex, précisa Chloé dans un haussement de sourcils.

─ Ecoute, je veux pas d'ennuis, me dit le type, rajustant ses lunettes à monture d'écailles. Elle est libre, alors...

─ J'ai dit dégage, répétai-je tout bas. Je ne suis pas de bonne humeur, je ne le dirai pas une troisième fois.

Le mec ouvrit la bouche, déglutit et se détourna de nous, l'air peu rassuré. Chloé me considéra d'un air heureux. Non, pas heureux : comblé.

─ Tu es venu. Je savais que tu m'aimais encore.

─ Je n'ai plus de sentiments pour toi. Je te considère comme une petite sœur, je me sens responsable de toi.

─ Tu viens d'empêcher un mec de prendre mon numéro. Ouvre les yeux, Alessio.

─ Je viens de t'empêcher de te rouler entre les draps avec n'importe qui.

Chloé se détourna de moi et se remit à boire :

─ Je pense que ça ne te regarde pas, avec qui je roule entre les draps, M. Le Jaloux !

Ca ne me regardait effectivement pas mais ça me dérangeait profondément. Je n'étais absolument pas jaloux. Elle faisait tout ça à cause de moi, et je m'en voulais de l'état dans lequel je l'avais jetée. Je me sentais juste désemparé de la voir si triste, si malheureuse à cause de moi.

Tourmenté par ma culpabilité.

─ Qu'est-ce que c'est que cette tenue ? demandai-je, mal à l'aise.

Chloé baissa les yeux sur son top hyper échancré et sa jupe moulante. En deux ans de relation, je ne l'avais jamais vue porter un ensemble aussi suggestif.

─ C'est un peu le style de Dani, non ? Le style « femme qui s'assume et en montre beaucoup trop ». J'ai pensé que ça te plairait, si je me décoinçais un peu de ce côté-là... c'est tes goûts, quoi. Toute façon, tous les hommes sont pareils !

─ Putain, Chloé, mais n'importe quoi.

Comme la veille, je retirai ma veste en jean et la déposai sur ses épaules. Pour être franc, ça m'énervait que les types du bar la matent. Je ne contrôlais pas la situation. Je voulais qu'elle rentre chez elle et qu'elle se calme.

─ Je suis contente que tu sois venu, dit Chloé, se blottissant contre moi, et ses cheveux me chatouillèrent la joue. Partons d'ici.

Parfait. J'allais la ramener chez elle et rentrer dare dare chez moi. J'avais une femme qui, peut-être, m'aimait encore un peu à cette heure-ci pour me pardonner cette énième incartade. Mon portable était silencieux dans ma poche. Dani avait dû rentrer, constater que j'avais disparu et... et quoi ?

─ Allons-y, dis-je à Chloé.

─ Tu es en voiture ?

─ J'ai la moto, Chloé, et tu n'as pas intérêt à te plaindre.

Ca lui cloua le bec.

Je l'installai sur la moto, passai mon casque et nous élançai dans la circulation. Chloé serrait ma taille fort ; elle n'était pas rassurée, elle détestait la moto. Je ralentis.

La Lune de Miel (HB tome 4)Where stories live. Discover now