La Lune de Miel (HB tome 4)

24

Après quelques autres emplettes, je ralentis devant la jolie vitrine d'un marchand d'art et entrai, attirée par la devanture. Il y avait déjà deux clients à l'intérieur, qui devisaient entre eux. Le tenancier, un type râblé à la queue de cheval brune, avait le nez dans un livre posé sur le comptoir.

─ Bonjour, lançai-je poliment.

Le type leva les yeux sur moi et haussa les sourcils. Il me fit un beau sourire.

─ Bonjour.

Je commençai d'admirer les œuvres, inspirée. Les articles étaient sympa. Il vendait surtout des toiles et de la poterie.

─ Merci, au revoir, dit le vendeur à ses clients.

Ils passèrent devant moi et la cloche de la porte tinta lorsqu'ils l'ouvrirent pour sortir.

Le type sortit de derrière son comptoir pour s'approcher de moi.

─ Je peux vous aider ?

─ Combien coute ce tableau ?

Il me plaisait bien. Une douce aquarelle qui représentait... un village en bord de mer, au pied d'une chaîne de montagnes. Ce n'était pas l'endroit qu'on avait visité avec Alessio plus tôt dans la journée, mais l'idée était là. J'imaginais la fresque suspendue dans notre future cuisine à Alessio et moi, souvenir de ladite Lune de miel.

─ Deux cent cinquante euros, annonça le vendeur.

En vrai, peu importait. Ca aurait pu être cinq cent. J'avais décidé que je voulais cette peinture.

─ Je la prends, annonçai-je avec un sourire.

Le vendeur me rendit mon sourire.

─ Très bien, je vous l'emballe.

Il sortit un grand rouleau de papier craft d'un tiroir sous sa caisse et commença d'empaqueter la petite toile, avec les gestes précis de celui qui a l'habitude. Ce faisant, il me glissait de fréquents coups d'œil.

─ Vous êtes en vacances pour longtemps ? me demanda-t-il.

─ Quelques jours.

─ Vous avez déjà bien visité ? Si vous voulez, je peux vous dire ce qu'il est intéressant d'explorer, ici...

Avec amusement, je repensai à Alessio et moi se perdant lamentablement dans les rues, plus tôt dans la semaine.

─ Merci à vous, mais explorer, c'est plus drôle, répondis-je au type.

─ Vous êtes très très jolie.

─ Merci, répétai-je.

Son intérêt me laissait complètement indifférente. Même s'il était jeune et plutôt mignon. De beaux bras musclés, un sourire plein de charme. Tout ce que je voulais, tout ce qui m'intéressait, c'était que mon propre mari soit fou de désir et me saute dessus... égoïstement, trouver le moyen qu'il me préfère à son super pote. Entre autres. Me prenne avec passion dans la douche au lieu de s'inquiéter de l'heure.

─ Vous venez d'où ? poursuivit le mec, l'air intéressé, ce qui me tira de mes sombres pensées d'enfant gâtée.

─ De Rio.

─ Ahhh, Rio. Je n'aime pas du tout.

─ Pourquoi ? m'offusquai-je, à la fois amusée et indignée. Vous en avez, du culot.

Il éclata de rire.

─ Trop de monde, j'imagine. Mais maintenant que je sais que vous y habitez, peut-être que j'y passerai plus souvent.