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Daniela

On marchait en silence dans les rues glacées de Paris.

Alessio caressait le dos de ma main avec son pouce. Malgré mon manteau, je grelottais. M'asseoir dans le siège froid de la voiture n'arrangea rien et me fit même claquer des dents.

Alessio mit le contact et alluma aussitôt le chauffage, qu'il poussa à fond. Je posai mes mains devant avec empressement.

─ Ca va vite aller mieux, ma chérie, murmura-t-il en attachant sa ceinture.

Je ne saurais dire s'il parlait du fait que j'avais froid ou de nous deux, mais c'était un bon début.

─ Dani, dit Alessio en s'engageant dans la rue peu fréquentée après avoir fait ses vérifications. Je veux qu'on déménage le plus vite possible de chez ton père.

Mon cœur rata un battement, et je tournai la tête vers lui.

─ Tu as changé d'avis ? Tu veux bien que je paie un loyer, finalement ?

Alessio poussa un grognement qui me fit sourire.

─ Moi vivant, tu ne paieras pas de loyer. Je paierai. C'est juste que... j'ai parlé à ton père, et il veut bien se porter garant. Du coup, je vais pouvoir payer avec les économies qu'on a -enfin les miennes -et monter notre dossier en utilisant mon contrat de travail. Ca devrait suffire.

Alors qu'il ralentissait pour laisser passer un piéton, je tournai son visage vers le mien et posai un baiser bruyant sur ses lèvres.

─ A l'origine, je voulais utiliser mon salaire pour éviter de taper dans nos économies, mais ce n'est pas si grave. J'ai très peu dépensé ces dernières semaines puisqu'on était chez ton père. Mon premier salaire tombera bientôt, ce qui couvrira les frais liés à l'emménagement si on trouvait quelque chose. Et puis, on s'en fout. Dani, tout ce qui m'importe, c'est que tu sois heureuse. Je suis désolé. J'avais compris que tu n'étais pas ravie qu'on aille chez ton père, mais je n'avais pas remarqué à quel point ça t'affectait. Moi, je suis bien chez ton père, mais toi...

─ Tu es si bien que ça ? fis-je sur un ton de reproche.

─ Je préfèrerais être seul avec toi, reconnut Alessio.

Enfin, il l'avait dit.

J'attendais ça, tellement.

Je me détendis enfin et réalisai à quel point j'avais été tendue ces dernières semaines. Je lui étais reconnaissante de faire passer mon bien être avant des histoires d'argent.

─ Et, ajouta Alessio en redémarrant, le ton hésitant. Bonne nouvelle. Avec trois fois le montant du loyer à avancer, il ne va pas me rester des mille et des cents. Alors tu vas pouvoir dépenser pour une fois pour, je sais pas moi, meubler. Si tu veux.

─ Bien sur que je veux ! m'exclamai-je.

─ C'est ce que je me disais. Mais, sérieusement, Dani, si ça pose problème, moi ça me va de rester chez ton père quelques semaines de plus pour économiser...

─ Alors que tu avais gagné tant de points avec ton petit discours, grommelai-je. C'était trop beau pour être vrai !

Ca le fit rire. Il lâcha le levier de vitesses pour attraper ma main, et la garda posée sur mes cuisses.

J'avais le doux sentiment de retrouver mon mari bien-aimé après des journées de distance.

─ Je suis désolé. Je ne veux pas du tout te contrôler...

─ Je sais.

─ Pour être clair... j'adore comment tu t'habilles, j'aime tellement ton corps. C'est pas du tout que je te fais pas confiance. C'est que j'ai pas confiance dans les gens, dehors. Ca me rend malade qu'ils puissent se rincer l'œil...

─ Ca peut arriver dans un bête pull et un jean, tu sais.

Alessio se rembrunit.

─ Je sais, bien sûr. Je ne dis pas que c'est rationnel, c'est juste comme ça pour moi.

─ Je ne m'habille pas pour qu'on me regarde, dis-je doucement.

─ Pourquoi, alors ?

Je posai la tête sur son épaule et entourai son bras des miens.

─ Pour moi. Pour toi, aussi. Mais surtout pour moi. Et honnêtement, je pense que la plupart des mecs ne font pas attention à moi ou à mes vêtements. Tu te montes la tête.

─ Dani, grogna Alessio, rien que ce soir avec Côme...

─ Côme c'est un peu le mauvais exemple. Tu sais, il n'y a que toi... que toi qui comptes pour moi.

J'étais timide subitement, comme chaque fois que je me mettais vraiment à nu devant lui. Je voulais qu'il m'aime et n'ait d'yeux que pour moi. Je voulais lui plaire, qu'il me regarde. Mais je gardai ça pour moi.

Alessio pressa ma main dans la sienne.

Lorsqu'on arriva à la maison, le salon était allumé, bien qu'il fut très tard. Papa nous attendait sur le canapé... sauf qu'il s'était endormi. Cette vision m'attendrit. Il avait dû s'inquiéter. J'allai chercher un plaid dans le placard du couloir et l'étendis sur lui.

Dire qu'on partait enfin...

Je retrouvai Alessio dans la chambre et lui sautai au cou. Il me souleva et, naturellement, mes jambes ceignirent sa taille. Je déglutis tandis qu'il glissait les doigts dans mes cheveux en me regardant droit dans les yeux. Un long frisson fila le long de mon dos.

Au lieu de me déshabiller pour me prendre dans le lit, il se mit à m'embrasser dans le cou, grognant d'impatience. Comme s'il ne pouvait pas attendre. C'était tout ce que j'avais toujours souhaité et mon cœur était gonflé de joie. Brusquement, il me colla au mur et s'enfonça en moi. La sensation me coupa le souffle. Je m'agrippai à son cou tandis qu'il allait et venait dans mon ventre en me maintenant. Je fermai les yeux, haletant, entraînée dans une myriade de sensations.

─ Moins vite, Querido, doucement... Oh, oui !

Je retins un gémissement en me mordant très fort la lèvre. Il ralentit, prenant son temps comme je lui avais demandé, me faisant frissonner des pieds à la tête. Sa bouche chercha la mienne, la trouva, sa langue se mêla à ma langue. Il déposa des baisers affamés aux coins de mes lèvres, le long de ma mâchoire, avant de revenir dans mon cou, qu'il suçota et mordilla.

Je gémis un peu plus fort lorsqu'il s'enfonça plus loin dans mon ventre. Il était si tendre et si sensuel, son mouvement était idéal, d'une grande douceur.

─ Je t'aime, murmura tendrement Alessio, sa frange bouclant sur son front humide de sueur.

Il pressa ses lèvres contre les miennes, avalant mes soupirs. Il allait si doucement, si tendrement, caressant mon clitoris au même rythme, c'était merveilleux. Un orgasme délicieux me fit vibrer entre ses bras, suivi d'un second qui déclencha le sien.

Je pris son visage entre mes mains.

─ Aime-moi quand même, souffla-t-il, l'air éperdu. Même quand je déconne.

Mon ventre se contracta avant de faire un saut périlleux.

─ C'est pour toujours, rappelai-je doucement. Je t'aime depuis toujours, pour toujours.

Je l'embrassai pour sceller ma promesse.

La Lune de Miel (HB tome 4)On viuen les histories. Descobreix ara