Deuxième Partie

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Daniela


Malgré la musique forte, les cris et les rires, j'entendis parfaitement la voix grave d'Alessio.

─ Danielaaa ! Gare à toi !

Je gloussai comme une gamine et continuai de glisser à reculons tout en évitant les autres patineurs présents sur la glace.

Alessio arrivait à toute allure vers moi, slalomant entre les gens, le nez et les joues rougies par le froid, les yeux brillants et le sourire aux lèvres, et je n'en croyais pas ma chance, je n'en croyais pas ma chance.

Même si Alessio était triste.

C'était le troisième après-midi, et après avoir admiré la vue depuis le SUMMIT One Vanderbilt et visité la superbe galerie d'art, Alessio et moi étions partis nous balader sur la Cinquième Avenue tout illuminée, bravant le froid ardent tombé sur New-York en début de semaine. Les devantures des boutiques brillaient d'un éclat glorieux sous le ciel gris perle de novembre. L'arrêt à la patinoire du Rockfeller Center, surmonté par son immense sapin de Noël, avait été une évidence.

Lorsqu'Alessio me rentra dedans, je m'agrippai à sa veste en velours et l'entraînai dans une chute somme toute calculée. Une jeune fille en doudoune prune fit une brusque embardée sur ses patins pour éviter de s'étaler elle aussi sur la glace.

─ Salut, fis-je, malicieuse.

Alessio déposa un baiser sur le bout de mon nez.

─ Coquine, asséna-t-il d'un ton tranquille, ses yeux bleu de Chine fondus dans les miens.

Alessio se releva prudemment et me tira sur mes pieds.

Aussitôt, je nouai les bras derrière sa nuque et capturai ses lèvres tandis que la foule des autres patineurs, touristes et New-Yorkais mêlés nous contournait machinalement. Elles étaient froides mais douces, et sa langue, délicieusement chaude, caressa brièvement la mienne. Une nouvelle musique au rythme entraînant résonna dans les haut-parleurs. Mon cœur battait fort dans ma poitrine. Trois semaines de mariage, presque un mois, et à chaque fois que j'embrassais Alessio, le monde était sens dessus dessous dans un tourbillon de sensations.

Je rompis le baiser et posai ma main gantée sur sa joue, ombrée par une barbe de plusieurs jours.

─ Allez, dis-je tendrement. Ca fait trois heures qu'on est là. On va prendre un chocolat chaud, avant de se transformer en glaçons !

─ Bonne idée, Dani-jolie.

On entra dans un café bondé non loin ; l'immense et décadent sapin du Rockfeller Center était parfaitement visible à travers les vitres rutilantes. La température semblait trop forte après le froid qui sévissait à l'extérieur, de délicieuses effluves de café embaumaient l'air. Tout le monde parlait en même temps. On récupéra la table d'un couple qui partait juste comme on arrivait.

Je retirai mon manteau, mon bonnet et mes gants tandis qu'Alessio parcourait le menu.

─Je reviens tout de suite, dis-je. Tu peux me commander un muffin à la myrtille en plus ?

─ Ca dépend, tu comptes prendre beaucoup de poids maintenant qu'on est ensemble pour de bon ? répliqua Alessio sans lever les yeux du menu.

─ Oh, mon Dieu, Alessio, tu es insupportable, quand tu veux.

Il me décocha un sourire canaille, fossettes au clair.

─ Et toi, tu es beaucoup trop jolie, ça éblouit. Tu sais quoi ? Je devrais ressortir mes lunettes de soleil de mes valises.

La Lune de Miel (HB tome 4)Where stories live. Discover now