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Je sortis à 17 heures, fatiguée mais plutôt satisfaite de ce premier jour. Je me dépêchai de prendre le métro pour rentrer. Je ne rêvais que d'une douche brûlante et des bras d'Alessio Clément.

Dans la rame, il ne restait qu'une place assise dans le carré. Je me faufilai entre un type qui sentait très fort la transpiration et un autre si bedonnant qu'il me fut presque impossible de passer, enjambai le vanity case d'un troisième et me laissai tomber sur le siège près de la vitre, laquelle me renvoya mon reflet.

J'avais l'air un poil défait, ce qui m'exaspéra.

VERONIKA DE GUITRY AVAIT UNE DENT CONTRE MOI.

Exactement comme Sophie Clément.

Ben tiens ! QUEL HASARD !

Les femmes de cette tranche d'âge ne pouvaient véritablement pas me blairer ? Etais-je si... insupportable ?? Elles se croyaient mieux, ou bien ??

Il faisait toujours résolument froid dehors, certainement en dessous de 0, et j'accélérai le pas à la sortie du métro pour rentrer à la maison. J'ouvris la porte et posai mon sac sur la console de l'entrée. Je fus accueillie par des cris et des rires. Je me dirigeai vers le salon, appréciant le moelleux de la moquette sous mes pieds.

Alessio et Papa étaient sur le canapé, en train de se chamailler, la console allumée devant eux. Ils jouaient à un jeu de foot. Mon regard resta figé sur Alessio. Il portait un t-shirt noir un peu moulant, un short en molleton anthracite et était pieds nus. Il était parfait, ses cheveux bouclés un peu trop longs, ses lunettes de vue sur le bout de son nez droit, son torse mince et musclé qu'on devinait sous le tissu du t-shirt, les bracelets Brésiliens emmêlés à son poignet. Il était évident qu'il n'avait pas quitté la maison. Quant à mon père, il était encore en tenue de travail. Il avait bazardé sa cravate et déboutonné sa chemise, mais portait encore son pantalon à pinces et ses chaussures vernies.

─ Daniii, ma petite chatte ! brailla-t-il à tue-tête. Dis à ton chéri d'arrêter de tricher.

Alessio me fit un clin d'œil derrière ses verres.

─ Ton père est de mauvaise foi, ma douce. Je ne triche pas du tout.

─ Voyez-vous ça ! commentai-je en m'étirant. Y'en a pas un pour rattraper l'autre. Et bonsoir à vous aussi, les mecs.

Je me penchai sur Alessio et l'embrassai rapidement sur les lèvres, puis je fis un bisou à Papa.

─ Alors, ma fille, ce premier jour ? Tu leur as montré, hein ?

─ Ma foi, Papa.

─ Ca, c'est ma fille !

Papa était tout fier sans avoir besoin d'entendre le détail de ma journée. Attendrie, je l'embrassai de nouveau, sur la même joue.

Alors que je m'éloignais vers l'escalier, je sentis comme un picotement entre mes omoplates. Me retournant, je vis qu'Alessio avait le regard vissé sur moi – ou plutôt mes fesses - et les papillons s'agitèrent follement dans mon ventre.

On se sourit exactement en même temps tandis que Papa vociférait après l'écran de la télé.

Je montai dans notre chambre. Penchée sur ma coiffeuse, je retirai les épingles qui retenaient mon chignon et passai plusieurs fois les doigts dans mes boucles, que je laissai pendre sur mes épaules. Ca allait beaucoup mieux ! Je ressemblais de nouveau à une fille normale et non plus à une hôtesse de l'air coincée.

Je me déshabillai et suspendis ma robe dans l'armoire, avant d'en sortir un leggins gris et un t-shirt cropped bleu ciel, tout simple. Ouvrant le tiroir, j'en tirai une paire de grosses chaussettes moelleuses en laine que maman m'avait achetées l'hiver dernier. Très chaudes. Une fois changée, je vaporisai un peu de parfum dans mon cou, attrapai le livre posé sur ma table de nuit et redescendis.

La Lune de Miel (HB tome 4)Kde žijí příběhy. Začni objevovat