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Daniela


Quand j'arrivai à la maison sur le coup de 20 heures 30, je tombai sur Alessio dans la cuisine qui terminait la bouteille de jus de pomme à même le goulot. 

Il portait un bête t-shirt noir dont il avait retroussé les manches sur ses avant-bras, laissant voir ses bracelets Brésiliens, un jean délavé. Parfait, le mec, c'est peu dire. Il posa la bouteille, me considéra, attrapa un paquet de Chocobons. Il n'avait pas l'air plus inquiet que ça de me voir débarquer seulement maintenant de Dieu sait où. J'aurais aimé qu'il m'appelle pour me demander ce que je foutais au juste.

Alessio se fendit d'un signe de tête – trop aimable ! ─ et se gratta machinalement la barbe, qu'il commençait à avoir pas mal fournie depuis New York, ma foi. Je me surpris à m'imaginer frotter mes seins nus tout contre et un frisson d'excitation parcourut tout mon corps.

─ Salut, dis-je, maintenant le contact visuel.

─ Salut.

On aurait juré deux amis, d'autant qu'Alessio ne fit aucun effort particulier pour lancer la conversation. Je me retins de lui jeter mon verre d'eau à la figure.

─ Tu comptes te raser, un de ces quatre ? demandai-je, posant la première question qui me passa par la tête.

─ Bof, répondit Alessio de sa voix grave. Pourquoi ? Ca te dérange ?

Je fis « non » de la tête. Ce qui me dérangeait, c'est qu'il m'attirait un peu trop. Il était sexy en diable.

─ Quoi de neuf au boulot ? fis-je.

Je voulais lui montrer que j'étais adulte, que le dialogue était ouvert et qu'on pouvait donc parler de ce qui s'était passé, maintenant qu'après un jour ou deux j'avais digéré le plus gros du scandale. Que j'étais au dessus d'un rejet de ce genre.

Ce n'était pas le cas, évidemment, mais bon, je devais faire un effort. Je savais très bien qu'Alessio avait envie de moi, que ce n'était pas grave. J'étais juste susceptible sur la question parce que... je crois qu'en tant que femme, je n'aimais pas me prendre une veste par mon propre mari. Sauf qu'apparemment il était humain. Je n'étais même plus en colère à ce stade, juste blessée. Il me manquait trop.

─ Tout roule, répondit Alessio, et il posa le paquet de bonbons sur le comptoir. J'ai bien peaufiné la maquette, la typo, la mise en page, et Ludo a kiffé. On verra pour la suite. C'est pas inintéressant, en tout cas.

─ Je suis contente pour toi... Querido.

Ca faisait un moment que je ne l'avais pas appelé comme ça. Or c'était toujours mon Querido, même pénible et abstinent...

─ Merci. Et toi ?

Moi qui ? Cette indifférence ! Il pouvait pas dire chérie, bébé, ma puce, peu importe ??

─ Ca avance, ce bal ? ajouta Alessio.

─ Etonnamment, en ce moment, ça va. Veronika s'est un peu calmée. Papa est pas là ?

─ Si, je suis là, ma petite chatte, dit Papa en entrant dans la cuisine à son tour. Besoin de quelque chose ?

─ Non, non.

Je lui fis un bisou sur la joue.

─ T'as vraiment quitté Maud ? me lamentai-je.

Il avait fini par me l'avouer.

Maud était parfaite pour Papa. Douce, patiente, aimante. J'étais dégoûtée. Puisqu'il ne se remettrait jamais avec ma mère, qu'il garde Maud !

─ J'ai pas envie de parler de ça, ma petite chérie. Par contre, écoute ce qui m'est arrivé au bureau...

La Lune de Miel (HB tome 4)Where stories live. Discover now