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La bouteille d'Alessio à la main, j'explorai la villa.

Je commençai par la véranda. Quelle pièce agréable ça devait être lorsque le jour la traversait... Je dénombrai plus d'une dizaine de plantes en pot, certaines suspendues au plafond. Une petite table ronde pourvue de deux chaises était placée au centre. Le sol de tommettes rouges était agréablement frais sous mes pieds nus. Une autre porte dans le fond donnait sur un garage, qui abritait un petit coupé noir dont la vision me réjouit.

Revenant dans la cuisine, je gagnai le salon et sortis par l'arche à l'opposé.

Il y avait deux chambres dans la maison, qui était plus vaste qu'elle n'y paraissait de l'extérieur. La première jouxtait la pièce principale et avait été aménagée en bureau. Il y avait une table et une chaise noirs, des rayonnages chargés de livres contre un mur, de la moquette crème au sol et un fauteuil rouge dans un coin. Dans le couloir, on passait devant une petite salle d'eau pourvue d'une douche à l'italienne, puis on accédait à la suite principale. La baie vitrée du fond bénéficiait d'une porte fenêtre qui donnait directement sur la plage éclairée par la lune. La lumière douce de la chambre tombait dans le sable, et, plus loin, la mer était d'un calme plat. Dans l'éclairage tamisé, les murs clairs allaient de pair avec le linge de lit blanc de l'immense lit, mais contrastaient joliment avec les oreillers jaune pâle disposés dessus. Ils étaient assortis à la peinture suspendue au mur, au-dessus du lit, qui représentait des dunes désertiques balayées par le vent. La salle de bains attenante, divisée en deux pièces, mêlait le bois miel et le grès brun et était presque aussi grande que la chambre. La première partie comportait un immense miroir mural suspendu au-dessus de deux vasques. L'autre pièce comportait une large baignoire en marbre blanc, carrée et encastrée dans le sol, à laquelle on accédait par trois marches. Faisant tout le tour de la baignoire, la dernière faisant aussi office de banc.

─ Wahou, murmurai-je, impressionnée.

En revenant dans l'autre pièce, je surpris mon reflet dans le grand miroir et me souris. J'avais les joues roses ; mes cheveux bruns, bien qu'éclaircis par le soleil de Rio, contrastaient violemment avec le blanc cassé de ma robe. La coupe était simple ; fines bretelles, décolleté en V, longue jupe de taffetas, traîne d'une longueur raisonnable. J'ôtai ma petite couronne de fleurs d'oranger en poursuivant mon examen. Je trouvais mon maquillage plutôt réussi. Il était peu chargé comme je l'appréciais. Pour les lèvres, j'avais quand même opté pour un rouge mat, histoire de marquer le coup. Les mèches romantiques qui ondulaient autour de mon visage ajoutaient de la douceur à l'ensemble.

La petite marque sur ma gorge attira mon attention. Je la fixai non sans une certaine satisfaction. Ca faisait si longtemps qu'Alessio ne m'avait pas « marquée »... je me lavai les mains et me rafraîchis en passant un peu d'eau froide dans mon cou, le long de mes bras.

Ce matin, outre une manucure et une pédicure, j'avais eu droit à une épilation à la cire, un gommage, une exfoliation, un bain de vapeur, et, pour finir, j'avais été hydratée des pieds à la tête dans un institut de beauté réputé de Rio. J'avais pris une douche tard dans l'après-midi, juste avant de passer ma robe, peu de temps avant de rejoindre Alessio avec mes parents à Praia Leblon pour la cérémonie. Malgré la chaleur, je me sentais encore fraîche. On trouvait encore sur ma peau des paillettes provenant de la brume scintillante parfumée dont je m'étais vaporisée avant de sortir.

Je retournai dans le salon pour récupérer mon sac, qui contenait mes produits de beauté, l'ouvris, en sortis mon parfum. Je m'en appliquai un peu sur le cou et le décolleté. La vue était la même que dans la chambre ; la baie vitrée donnait aussi sur la plage. A distance, je vis Alessio, chargé de toutes nos affaires, en train de remonter le sentier vers la villa.

J'allai lui ouvrir la porte. En arrivant, il déposa les valises dans l'entrée et me sourit.

─ Salut.

─ Salut.

─ Ca m'a donné chaud, tout ça, punaise.

Amusée, je lui tendis sa propre bouteille de Coca.

─ Tiens, ça va te rafraîchir.

─ Merci.

Il s'adossa à la console blanche derrière lui et but une gorgée tout en me contemplant de ses yeux bleus.

Je me collai à lui, pressant ma poitrine contre son bras, et battis des cils à son intention, lui faisant le grand jeu. Alessio avala bruyamment sa gorgée, troublé, et je faillis rire.

─ Tu n'as pas dit que tu voulais m'enlever cette robe toi-même ? susurrai-je, caressant son bras du bout des doigts.

Il avait relevé les manches de sa chemise et je sentis ses muscles se contracter sous ma main.

─ Effectivement, dit-il, me souriant.

─ Attrape-moi, alors...

Je sortis de la pièce, le regardant coquettement par dessus mon épaule.

J'entendis Alessio rire.

Son pas me parvint du couloir alors que j'entrais dans la chambre. Je me réfugiai dans la salle de bains, refermant la porte. En trois pas, il m'avait rattrapée : il empêcha le panneau de coulisser entièrement en le retenant de la main.

Je lui tournai le dos, joueuse, et nos regards se fracassèrent l'un à l'autre dans le grand miroir mural. Il m'attrapa d'un bras par la taille et m'attira tout contre lui, me plaquant contre son torse.

─ Je t'ai eue, on dirait.

─ Oui. Enfin...

On resta là à se dévorer des yeux une minute, tandis qu'il me berçait doucement.

─ Je n'ai jamais vu une femme aussi belle que toi, dit-il d'une voix rauque à mon reflet.

Je sentis son nez sur ma nuque et fermai les yeux tandis qu'il inhalait mon parfum.

Alors qu'Alessio commençait à retirer les peignes ornés de diamants qui retenaient mes cheveux, les posant un à un sur la tablette immaculée du lavabo, je réalisai à quel point tout était bien. C'était le bon moment. Maintenant. Pas trois ans auparavant à Tokyo. Pas l'an prochain. Maintenant.

Il retira le dernier peigne. Je secouai la tête, et mes boucles retombèrent en cascadant sur mes épaules et dans mon dos. Alessio enroula une boucle autour de son doigt, l'expression émerveillée de son visage reflétée par le miroir.

─ J'adore tes cheveux. Ils sont réellement superbes.

Il les repoussa sur mon épaule droite, avant de caresser ma nuque du bout du doigt, jusqu'à atteindre l'étoffe de ma robe.

─ J'adore ta peau.

Il se pencha, collant son nez sur ma nuque. Je l'entendis inhaler profondément.

─ J'adore ton parfum.

Tandis qu'il déboutonnait le premier bouton de ma robe, sa bouche chaude se posa sous mon oreille, dans mon cou, puis au creux de mon épaule. Je retins mon souffle tandis qu'il s'attaquait au second, au troisième. Il prenait son temps ; ses gestes étaient lents ; une bien douce torture. Chaque fois qu'un bouton rendait les armes, je sentais ses lèvres qui parsemaient des baisers légers sur ma peau nue. C'était doux et je frissonnais, alors même que j'avais chaud. Alessio descendit l'une de mes bretelles sur mon épaule, me mordilla tendrement. Puis il s'en prit à l'autre.

─ C'est Noël et mon anniversaire en même temps, commenta-t-il en faisant glisser la robe de mes bras.

C'est vrai que j'avais l'impression qu'il déballait un cadeau longtemps convoité, ce qui me filait des frissons d'anticipation partout.

Ma robe tomba en froufroutant à mes pieds, révélant mes dessous.

J'eus l'immense plaisir de l'entendre retenir brusquement son souffle.

La Lune de Miel (HB tome 4)On viuen les histories. Descobreix ara