Chapitre 37 - Maïa

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Depuis mon kidnapping, je ne me suis plus aventuré hors de la villa sans personne pour m'accompagner. J'avais toujours quelqu'un. Que ce soit Andréa, Alex ou même Evan sénior. Je ne me sens plus en sécurité, je regarde toujours derrière moi si je ne suis pas suivie, j'ai tendance à faire des détours en voiture « juste au cas où ». Quand Evan était encore là, je me sentais beaucoup plus sereine. Je savais que je ne risquais rien, que je pouvais compter sur lui pour me protéger en cas d'attaque. Même avec ses ennemis à nos portes.

Mais il n'est plus là.

Alors, plutôt que de vivre dans une peur constante, j'ai décidé de prendre le taureau par les cornes. S'il n'y a plus d'ennemi, il n'y a plus de danger. Et je pourrais vivre ma vie comme je l'entends. Mais surtout, je pourrais mettre à l'abri les personnes que j'aime.

À l'hôpital, j'ai dit à Evan que j'avais un plan. Et je compte le respecter et aller jusqu'au bout, quoi qu'il arrive.

Quand je me gare dans le cul-de-sac du petit chemin de terre, dix minutes avant le rendez-vous, aucune autre voiture n'est encore là.

Je suis donc la première arrivée. Mais je ne fais plus confiance à personne. Alors je décide d'avancer au travers des bois, comme si une embuscade allait me tomber dessus d'une minute à l'autre. La nuit est tombée et j'avance avec pour seul éclairage, ma lampe torche que j'ai sortie de mon sac à dos.

Les bruits qui m'entourent me donnent la chair de poule. Le bruissement des arbres, le friselis des feuilles, le craquement des brindilles sous les pattes des animaux tapis dans le noir. Et ma respiration saccadée qui les accompagne. J'essaie de rester forte, mais je suis terrifiée.

Entre la route et la cabane, il n'y a que cinq minutes de marche. Ce n'est rien en journée, mais une éternité dans la nuit. Quand j'arrive à la lisière de la forêt, je ralentis au moment où j'aperçois une douce lumière à travers les carreaux sale et délabrer de la cabane.

Je devais être la première arrivée.

Mon palpitant accélère, l'adrénaline fuse dans mes veines, mon cerveau carbure à cent à l'heure, mes mains sont moites. Je prie pour qu'il soit seul. Qu'il ne soit pas venu accompagner.

Sinon, mon plan tombe à l'eau.

Quand j'approche du porche, je suis à deux doigts de vomir. Je suis en jogging et basket, je peux encore opérer un demi-tour et fuir. Mais je n'ai pas le temps de me décider, que la porte s'ouvre à la voler devant mon enfer personnifier.

— Moya doch * ! Quel plaisir de te revoir !

Le son de sa voix, son sourire faux, ses yeux tombant et menaçant, ses bras ouverts comme s'il attendait que je lui saute dessus de bonheur. Il me révulse. Ce visage pour qui j'aurais tout fait autrefois, juste pour une marque d'affection. Sa carrure fine et haute que je trouvais rassurante, mais qui me terrifiait de plus en plus au fil des années de souffrance. Ses cheveux bruns coupés court, que j'aimais, car ils étaient de la même couleur que les miens. Je ne supporte plus de savoir que mes gênes viennent en partie des siens. Heureusement pour moi, il paraît que je suis le portrait craché de ma mère.

— Papa, je réponds d'une voix sèche.

Il n'aura rien de plus de moi. Il m'a humilié, battu, séquestrer et afficher comme une putain à son bras, des milliers de fois. J'ai mis des années à sortir la tête de l'eau, à reprendre confiance en moi, à m'accepter et me considérer à ma juste valeur. Je ne tomberais plus entre ses griffes. Je préfère mourir.

C'est sûrement ce qu'il va m'arriver d'ailleurs.

Il se décale pour me laisser entrer, son sourire toujours scotcher à son visage et referme la porte derrière moi. J'ai l'impression de rentrer dans l'antre du dragon, prête à me faire bouffer. Je serre mon sac à dos contre ma poitrine, gardant précieusement ce qu'il contient contre moi. Il s'assoit sur l'une des deux chaises qui se trouvent autour de la table à manger et me désigne de la main la deuxième pour que je m'y installe.

Dark weddingWhere stories live. Discover now