Chapitre 10 - Maïa

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Je pourrais lui dire non et ne pas me laisser influencer par mon père qui est à des milliers de kilomètres d'ici. Je pourrais me montrer confiante et faire valoir ma voix, mes envies. Après tous, je suis directement concerné par cette mascarade. Certes, elle ne durera qu'une soirée, mais, les photos et articles qui circuleront sur la toile et dans les tabloïdes, eux vont circuler un moment.

Et si les personnes qui me traquent finissent par tomber sur les photos ? Et s'ils venaient me chercher jusqu'ici ? Et si...

seul l'avenir nous le dira. Mon père m'a certifié que je serai en sécurité. Que personne ne pourra retrouver ma trace tant que je resterai auprès du Parrain de la mafia de l'ouest. Son réseau est grand et sa protection tout autant.

Maintenant que j'ai accepté et que je me trouve devant les dizaines de photographes à me faire mitrailler au bras du célèbre Evan Moore, je ne vois pas comment ce serait possible de faire machine arrière.

Les flashs viennent de toute part et m'aveugle brièvement d'une lumière blanche avec des « monsieur Moore par ici » ou encore des « est-ce votre dernière conquête à votre bras ? », de quoi mettre à l'aise pour débuter une soirée qui ne m'enchantait pas à la base.

Une fois dans le hall de l'hôtel, le tumulte de l'extérieur se calme et mon rythme cardiaque avec. Mon bras croché à celui de mon cavalier, ma nervosité se manifeste avec mes doigts qui pianotent inconsciemment sur son avant-bras.

— Tout va bien se passer, me rassure-t-il, je ne te lâcherai pas tout au long de la soirée, si c'est ce que tu veux, me souffle-t-il dans le creux de l'oreille, ce qui me déclenche un long frisson.

Surprise de sa proximité, je tourne le visage vers lui et me retrouve très — trop — près de ses lèvres. Je déglutis difficilement et une soudaine chaleur se répand dans mes veines et m'enflamme les joues et le cou. Du bout des lèvres, je lui souffle un merci à peine audible et me reconcentre sur la direction que nous prenons.

L'hôtel est magnifique. Des plafonds hauts avec des moulures, dont les arabesques, donnent l'illusion de bouger quand nous marchons. Une décoration qui montre le luxe du lieu. Entre les énormes lustres en cristal et le mobilier tout en finesse, une chambre, même basique, doit coûter un rein au minimum.

Le personnel est tiré à quatre épingles dans des uniformes noirs où la seule touche de couleurs est leurs chemises blanches. Hommes comme femmes, aucune distinction, tout le monde en pantalon.

Plus nous avançons vers la salle de réception et plus nous entendons le murmure des conversations. Des bruits de verres qui s'entrechoquent, des talons qui claquent contre le sol et des rires gras ou cristallins. Je n'ose plus regarder mon cavalier, mon trouble étant toujours visible sur ma peau.

Quand nous franchissons enfin les portes, tous les regards se tournent vers nous. Mon malaise s'amplifie, mais, les années m'ayant endurcie, j'expire doucement, redresse les épaules et affiche un sourire bienveillant et chaleureux aux personnes qui nous entoure, chassant de mon visage toutes traces d'agitations.

Je sens la bouche de mon cavalier frôler le lobe de mon oreille :

— Métamorphose, impressionnante mademoiselle Sergeev, me murmure-t-il, un sourire dans la voix.

— S'il y a bien une chose que mon père m'a apprise, c'est de toujours faire bonne impression. C'est important, paraît-il.

Avant qu'il puisse répliquer, une belle jeune femme s'approche de nous dans un déhanché, un sourire aguicheur aux lèvres. Une robe noire moule comme une deuxième peau son corps svelte. Ses longues jambes élancées sont agrémentées d'escarpins à la semelle rouge. Son carré platine et son maquillage, légèrement accentué sur ses yeux verts, lui confère une allure de top model — ce qu'elle est sûrement d'ailleurs.

Dark weddingWhere stories live. Discover now