Chapitre 1 - Maïa

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Treize heures avant d'arriver dans ma nouvelle vie. Si l'on m'avait dit, il y a encore deux jours, que je me retrouverais à bord d'un avion en direction de Los Angeles en train de quitter ma terre natale qu'est la Russie, jamais je n'aurais pu l'envisager. Et en plus, pour aller vivre chez un parfait étranger ? Impossible. Pourtant, me voilà en route vers l'inconnu, à la recherche d'un abri où me cacher des ennemis de mon père.

Être la fille du Parrain de la Bratva n'a jamais été facile. Attention, je ne dis pas que j'ai été malheureuse. En tout cas, pas trop. Je suis née avec une cuillère en argent dans la bouche et je n'ai jamais manqué de rien. Sauf de parents présents. Ma mère est morte en couches pendant ma naissance, je suis fille unique. Mon père ayant beaucoup de responsabilités a été aux abonnés absents la majeure partie de ma vie. J'ai été élevé par une nuée de nourrices prêtes à tous pour plaire à mon père en oubliant un point important : moi.

J'ai passé une bonne partie de mon enfance entourée d'adultes plus effrayant les uns que les autres pour une petite fille haute comme trois pommes. J'ai appris à me faire discrète, plaisante et polie quand j'avais le droit d'être présente pendant certains repas d'affaires. La petite poupée parfaite à exhiber si besoin. C'était rare, donc je faisais tout pour que mon père soit fier de moi. Une mauvaise habitude que j'ai gardée au fil des années.

Quand mon père m'a fait escorter chez lui, hier soir, pour m'annoncer qu'une organisation, qui essaie de le faire tomber depuis plusieurs mois, avait envoyé des menaces de mort à mon encontre depuis plusieurs semaines et avait essayé de me kidnapper la veille — merci aux hommes de main de la Bratva qui me surveillent — j'ai été surprise. Il avait pris une décision radicale, mais pour mon bien : m'envoyer en Californie chez un partenaire d'affaires en qui il avait une confiance absolue pour veiller à ma sécurité. En gros, il m'envoie vivre chez un parfait inconnu qui trempe sûrement dans les mêmes trucs louches que lui. Sûrement un vieux libidineux qui pourrait peut-être profiter de la situation. Mais les mauvaises habitudes, on prit le dessus. J'ai donc souri, acquiescer, et me voilà plusieurs heures plus tard dans un avion.

Annoncer à mes deux colocataires et meilleurs amis, Danna et Max, que je devais les quitter pour une durée indéterminée fut l'un des temps forts de ma nuit. Nous nous connaissons depuis l'époque des couches et inséparables depuis. Nous ne nous sommes jamais quittés, que ce soit pour les vacances ou à l'école, faisant en sorte d'être toujours placés tous les trois dans les mêmes classes. Le fait que leurs pères soient les conseillers du mien est un plus non négligeable : ne pas leur mentir sur les raisons de ma fuite en Californie.

Danna, fidèle à elle-même, en a fait des caisses comme une drama queen. Allant du « je ne te reverrais plus jamais » à « je viens avec toi au cas où tu as besoin de moi » elle est mon rayon de soleil pendant un jour de pluie. C'est une petite boule d'énergie toujours souriante et un mot pour rire. C'est une amie fidèle qui sera là pour vous quoi qu'il arrive. Une bombe latine d'un mètre soixante-dix avec des courbes qui font tourner les têtes, hommes comme femmes. Un visage rond de poupon avec de grands yeux noirs expressif bordé de cils et une bouche pulpeuse. De longs cheveux noirs qui lui balayent le dos à chaque balancement de son fessier rebondi.

Danna a aussi été élevée par des nourrices par la faute de mon père qui envoie le sien partout à travers la Russie pour la Bratva depuis des années. Elle n'en a cependant jamais souffert, ayant eu une mère présente assez souvent, du moins quand celle-ci n'avait pas besoin d'une cure de désintox.

Max, quant à lui, est le sage de notre trio. Toujours dans la mesure et la réflexion. Jamais un mot plus haut que l'autre. Son tempérament ressemble plus au mien que celui de notre meilleure amie. Son orientation sexuelle étant très mal vue dans notre « famille », il a dû apprendre à faire profil bas depuis plusieurs années. Aussi grand qu'un basketteur avec la peau mate, Max est ce que l'on peut qualifier de dieu grec. La carrure d'une armoire à glace, cheveux rasés et tatouage sur la moitié du corps, il incarne parfaitement le style « bad-boy briseur de cœurs ». Son regard vert émeraude est sans aucun doute ce qui lui permet de toujours finir avec un bel homme en fin de soirée.

Dark weddingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant