Dark wedding

Chapitre 36 - Maïa

Une semaine plus tard.

Si vous saviez ce qui allait se produire, que votre cœur vous serez arraché, perdu à jamais, feriez-vous les mêmes choix ?

Moi, oui. Sans hésiter.

Je recommencerai tout.

Juste pour pouvoir revivre les quelques mois de bonheur que nous avions pu avoir ensemble.

Le froid fouette mes mollets nus sous ma robe noire. Je suis assise sur une chaise pliante, au milieu de verdure et de pierre. Des personnes que je ne connais pas me regardent comme une bête de foire. Et celles que je connais, avec compassion. Je détourne les yeux, et pars à la recherche de celui qui a déjà cinq minutes de retard.

Qui arrive en retard un jour pareil ?

Je me demande encore pourquoi je suis venu. Pourquoi je ne suis pas restée chez moi. J'aurais dû simuler une grosse grippe. On ne m'en aurait pas tenu rigueur. Enfin pas trop. On m'aurait même comprise, dans un sens. Je balaye une nouvelle fois l'assemblé, à la recherche de sa carrure familière, quand je le vois enfin arriver, je lâche le souffle que je retenais. À peine assis, que je l'engueule :

­— Non, mais tu as cinq minutes de retard ! qui arrive en retard à l'enterrement de son meilleur ami, Alex ?! Ma voix se brise sur ces derniers mots qui m'arrachent la bouche et le cœur.

Je retiens mes larmes autant que possible, mais c'est peine perdue. Depuis maintenant une semaine, je pleure de tous mon soul. On pourrait penser qu'au bout de tout ce temps, je n'ai plus une goutte à sortir de mes voix lacrymales ? Et pourtant...

Il y a une semaine, à la même heure, j'étais une jeune mariée qui remontait l'allée avec, à ses côtés, l'amour de sa vie. Nous avions la vie devant nous. Pleins de projets en tête. Nous devions visiter le monde, fonder notre famille. Puis, en quelques secondes, c'était terminé. Une balle en plein cœur. Un sourire encore coller à ses lèvres charnues, son beau regard fixé dans le mien, et il n'était plus. Il ne s'est pas vu mourir, paraît-il. C'est une maigre consolation si vous voulez mon avis. Mes pensées me font pleurer de plus belle. Les sanglots que j'essaie de retenir m'arrachent la gorge.

— Je suis désolé ma puce, je devais régler deux trois trucs, me chuchote Alex les yeux légèrement écarquiller pour me faire comprendre de quoi il s'agit.

Je hoche la tête imperceptiblement pour lui faire comprendre que j'ai compris le message. Effectivement, nous avions plusieurs impératifs qui ne peuvent pas attendre. Mais c'était sans compter sur Danna et sa grande gueule légendaire.

— Tu choisis le bon jour pour te faire remarquer évidemment !

­— Quelle joie de te revoir belle latina ! Tu m'as manqué, mi corazòn !

Ma meilleure amie renifle de dédain, ses yeux plisser dans sa direction, comme si elle pesait le pour et le contre pour savoir si c'était une bonne idée de l'égorger ici et maintenant.

Il va falloir faire diversion si je ne veux pas assister à un autre enterrement ce mois-ci.

— Ne commencez pas tous les deux ! Vous n'avez aucun respect, ma parole ! C'est trop vous demander de vous supporter deux heures d'affiler pour enterrer mon mari ? Je me mets à crier.

Tous les regards compatissants des invités sont tournés vers moi. Je vois déjà dans leurs yeux toutes leurs fausses commisérations à mon égard.

« La pauvre, elle est bouleversée »