─ J'y comprends rien, s'agaça Camille. J'arriverai jamais à retenir tout ça. Je me lave, je mets du déo et du parfum quand je suis d'humeur, fin de l'histoire.

─ C'est suffisant, hein.

─ Sans parler du maquillage. Je sais pas vraiment me maquiller, je veux dire, à part dégainer du rouge à lèvres...

─ Tu es ravissante sans, dis-je, observant sa peau sans défaut et ses jolis yeux noisette. Enfin, je trouve que le maquillage est plus fun quand on s'en sert pour s'exprimer plutôt que pour se cacher, c'est comme ça que je le vois. Ca donne bonne mine, aussi. T'es pas obligée de te maquiller. J'en porte peu et ça va très bien pour moi.

─ C'est rassurant.

Elle semblait perdue dans des affres de réflexion.

─ Je t'aiderai, si tu veux..., lui dis-je. Viens ici régulièrement le midi et je t'expliquerai le but de chaque produit vendu là-dehors.

─ Franchement, ce serait super sympa. J'ai pas osé demander à mes colocs, tu sais, Patricia et compagnie... elles sont moqueuses.

Je n'aimais pas Patricia, et pas seulement parce qu'elle tournait autour d'Alessio l'été dernier à la Terrasse. Elle ne lui PARLAIT pas lorsqu'elle s'adressait à lui, il fallait la voir, elle MINAUDAIT, argh ! je l'aurais volontiers giflée.

─ Mon père m'a élevé tout seul, avoua Camille. Ma mère s'est tirée avec un Philippin friqué quand j'avais neuf ans. Je l'ai revue que deux fois depuis... pas sûre d'avoir envie de la revoir une troisième fois, tu vois.

─ Aïe. C'est affreux, Camille. Je suis désolée.

Je lui frottai doucement le bras. Camille soupira et entortilla l'extrémité de sa queue de cheval autour de son poignet.

─ Papa a fait un super boulot mais bon, on ne peut pas dire qu'il soit très calé niveau trucs de filles...

─ C'est pas grave, Camille. Tu peux apprendre. Et même, je te trouve très bien comme ça, déjà. Chacun son style. Qu'est-ce qui t'arrive, tout à coup ?

─ C'est cette promotion, s'anima-t-elle soudain. Tout à coup, je me retrouve à parler à plein de clients importants et je ne me sens pas à l'aise. Pas crédible. Je suis mécano comme mon père, les mains dans le cambouis j'adore, ça me connaît, je suis à l'aise avec mes collègues mais là... tous ces gens coincés... et même, je suis entourée de femmes brusquement, et j'ai du mal. J'ai l'impression de faire tâche.

─ On s'en fout, non ? fis-je, dubitative. Qui se soucie de ce que pensent les gens ?!

─ OK, pour être franche, c'est un peu une excuse, se ravisa Camille, et je croisai les bras sur ma poitrine, l'observant attentivement.

─ Bon Dieu, crache le morceau, Cam, le suspense est insoutenable.

─ En vrai, un mec me tourne autour, et je sais que je lui plais comme ça, mais... j'ai envie de le surprendre. Tu vois, ça fait un moment que je n'ai plus envie d'être le garçon manqué de service ! Je vais avoir 30 ans, ça devient lassant, ce délire d'adolescente qui se cherche. C'est tellement cliché, merde.

─ On dirait le scénario d'un mauvais livre, reconnus-je tendrement.

Ca la fit rire.

─ C'est plus ou moins ce que m'a dit Côme, dit Camille avec un sourire entendu.

Ah. Côme.

─ Comment il va, celui-là ? demandai-je, me calant plus confortablement sur ma marche d'escalier.

─ Bien, comme d'hab. Il drague tout ce qui bouge...

─ Comme c'est original, fis-je, le ton plein de sarcasmes. Bonjour la maturité ! Il a quinze ans ?

La Lune de Miel (HB tome 4)Where stories live. Discover now